Comme beaucoup de pêcheurs, j’ai commencé à pêcher le black bass avec les mêmes leurres que j’utilise sur les autres espèces et bien que cela fut parfois couronné de succès, je me rendais bien compte que les montages que j’utilisais habituellement n’étaient pas toujours très adaptés aux biotopes rencontrés et aux zones de tenu des bass. Avec maintenant plusieurs saisons de recul, je pense pouvoir dire sans me tromper qu’il existe quand même certains classiques que tout pêcheur aspirant à bien cerner le black bass doit connaître. Je parle notamment des différentes subtilités des montages texans, des différentes façons d’utiliser un spinerbait, du wacky, de la pêche à la frog et enfin de la pêche au rubber jig, corde que je viens de rajouter à mon arc cette année et dont il sera question dans cet article.
Je m’excuse d’avance pour ceux qui connaissent ce type de leurre mais je vais quand même faire une rapide description de ce qu’est ce fameux « rubber jig ».
Pour faire simple, il s’agit d’une tête plombée qui peut prendre différentes formes, qui est munie d’une brosse limitant les accrochages et protégeant l’hameçon de l’agglutinement d’algues sur sa hampe, et dont la base du plomb est garnie d’une jupe en silicone permettant de donner un peu de « vie » et de volume au leurre.
Et comme une tête plombée ne va pas sans un leurre souple, on enfile sur l’hameçon ce qui est nommé « un trailer ».
Maintenant, en prenant différents modèles de jig en main vous vous demanderez surement, pourquoi différentes jupes, pourquoi différentes formes de tête plombée et pourquoi la brosse anti-herbe n’a telle pas toujours une densité similaire ? Et c’est là que toute la subtilité de cette façon de pêcher se dévoile, la pêche au rubber jig est une technique à part entière car il y a bien des façons de se servir de ces leurres à jupes … Je vais ici parler de trois types de pêche qui permettent de couvrir quasiment toutes les situations : la pêche au micro-jig, en swimming jig et en heavy cover.
HEAVY COVER :
Cette technique permet de pêcher au coeur des obstacles, pour cela, on utilise des jig lourds pour plusieurs raisons :
1- Si l’on pêche des tapis de végétation en tout genre, le poids du leurre va nous permettre de percer la couche de surface et ainsi de présenter ce dernier aux bass embusqués dessous. Chose qu’il est impossible de faire autrement ! Démonstration ci-dessous :
2- Lorsque l’on pêche des amas de branches, le frottement de la ligne sur celles-ci va freiner le leurre, ainsi, si l’on veut continuer à sentir et animer notre leurre correctement, il nous faut du poids !
3- Les bass embusqués dans ces différentes caches sont souvent moins méfiants, peut-être se sentent-ils plus en sécurité, dur à savoir en tout cas ils sont bien plus réceptifs, et donc pas besoin de finasser. Un leurre dont la descente est rapide et agressive ne saura que mieux les provoquer.
Pour cette technique, j’utilise deux modèles :
le Survival Jig de Megabass :
et le Core head de Gan Craft :
En effet, ils existent en plombée importante (14-21g) et sont munis d’une brosse anti-herbe conséquente :
De plus, ils possèdent un hameçon plus que costaud, ce qui fera pencher le combat en votre faveur lorsqu’il faudra sortir un gros bass de sa cachette !
SWIMMING JIG:
Le nom de la technique parle de lui même, « swimming jig » pourrait être traduit par « jig nageant », c’est donc un leurre que l’on va « crancker ». Autrement dit, ce coup-ci le but n’est pas de gratter le fond, ni d’animer, ici le jig va être simplement ramené au moulinet comme on le ferait avec une cuillère … Ainsi notre leurre va avoir une trajectoire rectiligne, il suffira de trouver la bonne combinaison trailer-grammage pour faire passer notre jig à la bonne profondeur. Vous me direz, mais pourquoi ne pas prendre une tête plombée à ce compte là ? Tout d’abord parce que cela va vous permettre de ramener votre leurre dans un secteur où la végétation aquatique est abondante sans ramener un tas de cette dernière à chaque fois. Mais cela va aussi vous permettre de faire passer votre leurre au dessus d’un tas de branches sans vous accrocher au moindre contact !
Ainsi, il est efficace de laisser son leurre couler devant un obstacle à l’atterrissage puis d’entamer votre récupération, cela vous permet d’aller provoquer les bass devant leurs tanières puis de simuler une fuite rapide … Généralement première descente où quelques coups de manivelles plus tard c’est pendu ! Avec cette technique, vous allez pouvoir battre beaucoup de terrain, ce qui est pratique quand on cherche à déterminer la zone la plus productive lors de la découverte d’un lac 😉
Un « swimming jig » est généralement pourvu d’une plombée de forme ovale favorisant le rolling (balancement alternatif des flancs du leurre) et d’une brosse anti-accro peu dense puisque le but ici n’est pas d’aller se risquer au coeur des obstacles.Un swimming jig idéal, le drunk fly de Megabass :
MICRO-JIG:
Comme précédemment, tout est dans le titre, un micro-jig est simplement un « petit jig », peu plombé donc très léger, on le destine à des pêches lentes et précises. Parfait pour la saison automnale quand la température commence à chuter, il vous permettra d’aller travailler lentement devant les bass le long d’une cassure, sur un tas de roches, une plage, autour d’un arbre immergé etc … Vous l’aurez compris, on se sert de ce type de jig quand les bass sont boudeurs à toutes animations trop franches et trop brutales. Il va donc falloir oublier le fameux « tirer-relacher » dont nous avons souvent le réflexe suite à des années de conditionnement de pêche du sandre. De légers tremblotements de votre sillon, des pauses, des petits sauts, constitueront votre animation. Vous allez ainsi pouvoir jouer sur une des faiblesses du bass : Ils craquent pour les choses qui grattent le fond, remuent un peu de sédiments et émettent un peu de bruit lors des contacts avec les roches, le sable ou le bois.
Difficile de sentir correctement les touches dans ces conditions, ne vous attendez pas à un « toc » de sandre, car bien que cela puisse arriver, la touche se manifeste plus généralement par un décalage de votre ligne, c’est donc une touche plus « visuelle ».
Deux micros-jig parfaitement adaptés :
Véritable petit 4X4, il passe partout et sa jupe composée de brins raides et de plus souples lui donnent vraiment vie sur toutes les phases de l’animation…
Un micro-jig un peu à part qui vous permettra de gratter comme expliqué précédemment mais aussi d’aller peigner les trouées dans la végétation. En effet, démuni de brosse il est pourvu d’une hameçon texan qui vous permettra d’aller grattouiller dans la végétation en se faufilant entre les tiges … En résumé, un gros volume et peu de poids pour une descente des plus planantes !
LES CANNES ET LE BAS DE LIGNE :
En terme de canne, préférez une canne relativement puissante (H), une plage d’utilisation d’environ 15g-55g est particulièrement bien adaptée pour le heavy cover et le swimming jig. Il est nécessaire d’avoir une canne puissante car il va falloir brider les poissons pour les extraire du cover et cela, frein bloqué …
Pour les micro-jig, une canne plus light est nécessaire type 5-20g, le critère le plus important pour cette canne sera une capacité à jeter et animer convenablement des leurres légers tout en ayant une réserve de puissance importante.
La pointe en fluorocarbone a ici toute son importance, en effet, bien plus résistant à l’abrasion que le tresse, il devra être le seul à être en contact avec la végétation et les branches sinon le risque de casse est trop important. Personnellement je pêche en 37% ce qui, je trouve, est un bon compromis entre solidité de la ligne et liberté du leurre.
Je pense avoir fait le tour en ce qui concerne ce que je sais sur les différentes pêches au jig, n’oubliez pas que c’est en laissant libre cours à votre imagination que vous trouverez les combinaisons jig-trailer les plus adaptées à la situation rencontrée ! Ces pêches peuvent parfois être longues et usantes mais soyez créatifs et assidus, à force de promener vos leurres dans des zones encombrées il y a fort à parier que vous dérangerez un beau spécimen rarement sollicité … Préparez vous à ferrer et gare à sa réaction ! 😉
Good luck !
Tom.