Cela faisait un petit moment que je n’avais pas pris la plume. Je voulais donc partager ce petit récit de ma dernière session dédiée au brochet : une de ces fameuses sorties qui vous laisse rêveur… Avec des images qui restent gravées comme celles des tous premiers poissons de votre enfance, que vous vous repassez en boucle encore et encore tant le plaisir était au rendez-vous !
Me voilà parti, direction la Seine-et-Marne (77) pour prospecter le Loing sur un spot que je commence tout juste à sonder et qui s’avère très prometteur. Sur le trajet beaucoup d’interrogations me tourmentent suite à mes dernières sorties qui furent plus que compliquées en raison des conditions climatiques exceptionnelles.
Arrivé sur les lieux, premier sentiment « pouh…. Que je suis bien là » !!! Puis vient l’étape de la préparation soigneuse de mon matériel. Quoi de plus rageant que de ferrer dans le vide avec un moulinet mal réglé ou de perdre un poisson sur un matériel ou un nœud défectueux, cette étape est primordiale à mon sens.
Le moment de l’observation… Ce moment-là n’est pas du temps de pêche perdu ! Il me permet de m’imprégner du milieu afin de collecter des informations précieuses qui vont définir la stratégie de départ. Premier constat, le secteur est exceptionnel : des eaux limpides, des macrophytes aquatiques des plus propices, arbre immergé, des racines immergées surplombées par d’épais feuillages, qui jonchent les bordures. Etant données les conditions du moment, je me dis que ces racines immergées sont des postes de premier choix, elles font office de caches pour les poissons, mais aussi sont de vraies sources alimentaires importantes : de nombreux insectes y ayant trouvé refuge peuvent tomber dans l’eau et servir de nourriture aux poissons. En effet, un des premiers maillons dans la chaîne alimentaire des rivières est constitué par les feuilles dont se nourrissent les larves d’insectes aquatiques et dont nos amis à nageoires raffolent ! D’autre part, les arbres situés sur les bordures offrent un ombrage qui assure la fraîcheur de l’eau et son taux en oxygène.
Tous les ingrédients sont là ! Bien que l’on pense que tous ces avantages jouent en notre faveur, il faudra procéder avec tact, avec une approche des plus discrète étant donnée la clarté de l’eau, et adopter des montages et un mode de pêche un peu plus techniques pour se frayer un chemin au milieu de cette jungle aquatique.
Mon plan de pêche est clair : pêche de prospection rapide avec un minimum de matériel ; peigner toutes les bordures et taper au plus près des bords dans ces racines et arbres immergés en prenant soin de rester à une distance suffisante pour ne pas être repéré.
J’apporte une petite précision sur mon schéma de pêche de cette journée : à contrario des règles habituelles selon lesquelles j’aurais commencé à peigner les couches d’eau de la surface vers le fond, là, je vais directement taper dedans. Je suis en float tube, il y a un peu de courant, et je ne pourrai pas prospecter les postes comme avec la barque qui me permet éventuellement de revenir dessus pour affiner ma pêche en passant différents leurres. Aujourd’hui il n’y a qu’un passage possible, donc l’objectif est que le poisson réagisse de suite et pour ce faire, il faut aller le chercher directement dedans, et utiliser des leurres qui, à l’impact de l’eau, se mettent tout de suite en action.
Il est vrai que sur ce type de secteur l’utilisation de matériel fort serait indiquée mais paradoxalement j’utilise un matériel destiné à une pêche plus fine. Prenons le temps de trois quatre lignes pour décrire le matériel et apportons quelques précisions dans le choix de celui-ci.
J’utilise principalement deux cannes de puissance similaire correspondant à ma sélection de leurres du jour : une en casting pour une question de confort sur des lancers qui demandent une grande précision, avec laquelle j’utilise des leurres tels que les spinnerbaits, V Flat Power Bomb, V9 v-Keel, Killers Bait Over et chatterbait Wild Header.
- Canne TENRYU INJECTION BC 68 M
- Moulinet Megabass FX 68 Rosso
- Tresse YGK WX8 Real Sports G Soul PE: 1.5/Résist 25lb
- Fluorocarbanne YGK Nitlon DFC diamètre 0,378mmRésist 20lb
Pour la deuxième j’opte pour une canne spinning sur des secteurs plus accessibles à des pêches au leurre souple, principalement des One up Shad 5 pouces montés sur des hameçons texans Texas Blade en 7grs.
- Canne Megabass F5 70XS French Limited 2
- Moulinet Megabass Racing Condition Idaten 256
- Tresse YGK WX8 Real Sports G Soul PE: 1.2/Résist 20lb
- Fluorocarbanne YGK Nitlon DFC diamètre 0,346mmRésist 16lb
Le choix du fluorocarbone de faible diamètre est à mon sens essentiel, d’abord pour une question de discrétion (eau claire, secteur fréquenté) et ensuite, un fluorocarbone de fort diamètre pourrait modifier le comportement de mon leurre (leurre bridé donc nage moins naturelle). Je suis d’autant plus conforté dans ce choix, qu’en terme de coupe, j’assure 99% de mes poissons. En effet, il faut bien prendre en compte que le fait de pêcher en linéaire est une action de ramener vers soi, alors que l’attaque du brochet consiste à aspirer sa proie, ainsi avec cette action de ramener, il n’a pas le temps d’aspirer le leurre profondément et se piquera en bord de gueule, ce qui limite fortement la possibilité de coupe.
Me voilà parti pour une dérive de 7 km. Le début du parcours m’offre quelques secteurs dégagés sur lesquels j’entreprends une série de lancer ramener au One Up shad 5 coloris blanc (27), couleur adaptée au temps couvert. Les cartouches ne se font pas attendre, sans pour autant que je concrétise aucune de ces touches bien marquées. A cet instant, je décide de changer le coloris de mon leurre, en vain. Premier bilan : toutes ces attaques se produisent à quelques centimètres de la bordure voire à l’impact de mon leurre sur l’eau et sur le coloris blanc (coloris 27).
Je reprends donc la même approche qu’au départ, taper au raz des bordures et dans ces amas de racines/souches mais au spinnerbait, avec une pointe de nuance et opte donc pour un V Flat Power Bomb coloris Pink Killer sans trailer. Et ce qui devait arriver arriva, ce fût un festival : je me suis fait littéralement agresser violement tout au long du parcours. Que d’émotions, les brochets étaient vraiment réactifs sur ce type de leurre, à tel point qu’ils n’hésitaient pas à remonter sur le spinnerbait qu’ils avaient manqué au passage précédent. Une journée mémorable.
Si je devais faire une conclusion rapide et au vu de la session que j’avais faite quelques jours auparavant sur ce secteur qui s’était finalisée par un zéro pointé, ce n’est pas que les poissons n’étaient pas actifs mais bel et bien que je m’étais totalement planté dans l’approche. Une remise en question, une approche totalement différente et un peu de persévérance ont contribué à me forger de sacrés souvenirs !