En deux mille vingt-trois, si le nom “Patchinko” n’évoque rien pour vous, c’est très certainement que vous débutez et que l’univers de la pêche du bar demeure encore flou à vos yeux. Ce leurre de surface à la forme très singulière, est adulé en mer depuis bientôt deux décennies, mais étrangement sa popularité se cantonne aux eaux salées. Après une présentation détaillée du Patchinko, je vous dirai pourquoi ses caractéristiques en font un outil absolument incontournable sur nos carnassiers d’eau douce.
Le Patchinko est un leurre de surface faisant partie de la catégorie des “pencils popper” (leurre crayon). Par définition, son profil est donc effilé et fin, et la partie concave de la bouche est beaucoup plus subtile, moins prononcée, que celle d’un popper plus traditionnel. Sa forme et son équilibrage permettent au Patchinko d’être lancé à très grande distance, même face au vent, mais également de respecter une trajectoire rectiligne, autorisant des lancers très précis lors de pêches depuis des berges ou sur des structures. Il supporte très bien les animations rapides, produit de petites gerbes d’eau tout en émettant un son unique. Le son généré par les billes, mais principalement par le contact de l’eau avec la partie buccale du leurre, est très singulier et appelle les poissons comme nul autre topwater.
Là où le Patchinko se démarque nettement de ses concurrents, c’est dans sa capacité à être animé à faible vitesse. En effet, lorsque l’on imprime un walking the dog avec une tension minimale sur la bannière, le leurre s’anime presque sur place et décrit un cent quatre-vingts-degrés. Quel intérêt me direz-vous ? Cette animation va permettre d’imprimer énormément d’action au leurre, sans le faire beaucoup avancer. Le Patchinko reste ainsi très longtemps dans la potentielle zone de tenue des poissons. Cette action peut être agressive ou plus douce. Elle est vraiment redoutable et pourtant sous utilisée. J’anime le Patchinko de cette manière lorsque je pêche sur une berge, ou un spot très marqué.
Au-delà de cette animation très spécifique, ce que j’aime avant tout chez le Patchinko c’est le fait que l’on profite de tous les intérêts d’un leurre de surface (grande zone de rayonnement, réaction des poissons par opposition à des poissons qui s’alimentent, diversité des animations, etc…), mais son aspect demeure très « finesse » (je parle ici des tailles 85mm, 100mm et 125mm). Dans bien des cas, lorsqu’il s’agit d’imiter du poisson fourrage ou bien de générer un signal relativement doux, le Patchinko est inégalé.
Il y a trois ans, mon partenaire de compétition ici en Louisiane, Shane, s’était qualifié pour la finale d’un gros circuit black bass regroupant plus de cinq cents bateaux. L’événement avait lieu sur le lac de Texoma, à la frontière du Texas et de l’Oklahoma. Vous imaginez parfaitement que même si un lac est étendu, l’ensemble du plan d’eau n’est pas propice à la capture de poissons. Le fait de mettre autant de bateaux sur un lac implique inévitablement le fait que les zones « pêchables » seront partagées par beaucoup. Pas d’autres choix donc que de pêcher derrière d’autres compétiteurs et de faire face à des poissons méfiants. Lors du practice, Shane avait comme toujours un Patchinko 100 sur le pont du bateau. Après plusieurs attaques et quelques belles captures sur des zones similaires, il décida de pêcher délibérément derrière d’autres compétiteurs pour voir s’il était en mesure de générer des touches. Rapidement il put confirmer le fait que le Patchinko faisait réagir les poissons même en passant après des compétiteurs qui ratissaient la zone au crankbait, au jig, ou en Carolina. Il m’appela le soir même pour tout m’expliquer et me demander de lui expédier quelques Patchinko avant le début de la compétition. « Jean, I’m gonna win this thing ! This is insane ! » me dit-il. (Jean, je vais gagner ce truc ! C’est dingue !)
Malheureusement la pluie s’abattit sur le lac durant trois jours, changeant complètement la dynamique du plan d’eau et le comportement des poissons.
Lorsque l’on pêche au topwater, la notion de cadence d’animation est centrale. En effet, la température de l’eau, la saison, la quantité de poisson fourrage présente, ainsi que le comportement des poissons vont dicter notre vitesse de récupération et l’intensité des mouvements que l’on applique au leurre. Je vais m’attarder quelques peu sur la période automnale, puisque c’est celle qui nous intéresse actuellement, et que celle-ci est particulièrement propice à la traque de la perche, de l’aspe et du black bass au topwater. En octobre et novembre l’eau se refroidit petit à petit, les couches d’eau finissent de se mélanger, le poisson fourrage est extrêmement abondant et l’activité des carnassiers est à son sommet avant la période hivernale. Je sais que beaucoup pensent déjà au sandre en verticale, et d’autres vont me dire que l’eau est trop froide et qu’ils ne voient pas l’intérêt d’un topwater à cette époque par rapport à des leurres évoluant plus proche du fond. Naïvement, on pourrait définitivement mettre le topwater de côté et céder à la tentation de l’appel des profondeurs, mais il faut garder plusieurs points essentiels à l’esprit. Avant de les énumérer il convient de rappeler que certains paramètres peuvent varier selon que l’on pêche sur un lac, un étang, un fleuve ou une rivière.
Le premier c’est sans aucun doute que désormais, depuis plusieurs années, l’été se prolonge et les températures sont toujours élevées en septembre et octobre. En fonction des années, les masses d’eau mettent plus de temps à se refroidir. Il m’est arrivé à maintes reprises de prendre des poissons en surface sur le Lot ou en Bretagne sud au début du mois de décembre alors que la majorité des pêcheurs était déjà en train de rechercher le sandre proche du fond.
Le deuxième, c’est qu’à cette époque de l’année, plus que jamais, le positionnement des carnassiers, et en particulier des perches, est directement conditionné par l’activité et la localisation du poisson fourrage. Ce dernier est concentré en « boules », mais celles-ci peuvent être reparties sur le plan d’eau de manière très disparate. En effet, le fourrage étant en constante recherche de plancton, ses déplacements seront toujours opportunistes. Sur la berge, proche de structures, ou off shore, il se trouve partout, mais toujours relativement proche de la surface, ce qui poussera aisément les perches, les bass ou les aspes à réagir aux différentes animations d’un topwater, et cela, même si l’eau est descendue sous la barre des treize degrés.
Le troisième, et si vous ne deviez en retenir qu’un ce serait celui-ci. C’est le fait qu’au sortir de l’été le métabolisme des carnassiers soit haut. En quoi est-ce primordial ? A cette saison, les poissons s’alimentent sans arrêt afin de s’engraisser et de préparer au mieux l’hiver qui arrive à grands pas. Poncifs ou évidence candide diront certains, mais deux choses nous intéressent ici. En premier lieu, le fait que le carnassier soit en mesure de se déplacer de très loin et très haut dans la colonne d’eau pour s’alimenter des millions d’alevins de l’année est central. Ce facteur décuple la période d’activité alimentaire et la prolonge très longtemps dans la journée, offrant au pêcheur beaucoup plus d’opportunités de captures. Enfin, l’idée majeure selon moi, c’est le fait que les poissons ne soient pas affectés de la même manière par la chute des températures à cette époque lorsque leur métabolisme est élevé. En effet, les eaux froides du début de saison empêchent très souvent les carnassiers de crever la surface alors que la température de l’air au printemps dépasse parfois allègrement les vingt degrés. Ici c’est tout à fait l’inverse. Il est important d’avoir à l’idée que même si les températures extérieures chutent, cela prend beaucoup de temps pour qu’un plan d’eau se refroidisse de manière considérable. Le haut métabolisme de nos carnassiers leur permet de faire face à une chute progressive de la température de l’eau et de rester concentrés sur la destruction massive des bancs de blancs. Utiliser un Patchinko dans une eau a douze degrés ne m’effraie absolument pas si le poisson fourrage est suspendu relativement proche de la surface.
Le quatrième et dernier point, c’est le fait que le pencil popper soit le leurre de prospection par excellence, et qu’au-delà d’envoyer une palette de signaux attrayants, il imite parfaitement la fuite d’un alevin, ou la chasse d’un carnassier. Cela nous permet de couvrir de grandes zones, de pêcher vite en étant efficace, tout en prolongeant le fun de la pêche de surface. Le leurre de surface est un leurre a gros poisson, et supplante des leurres plus conventionnels dans sa capacité d’appel.
Avant de conclure il est essentiel de rappeler que le Patchinko 85 et 100 imitent parfaitement le profil d’un alevin et que l’éventail de couleurs disponibles au catalogue est absolument somptueux. J’aime particulièrement le Patchinko 100, car selon moi c’est le parfait compromis en termes de profil vs distance de lancer vs bruit généré vs finesse. C’est celui que j’utilise le plus ici sur le black bass et sur la perche lorsque je rentre en France. Les tailles 125 et 140 sont également très intéressantes lorsque je dois atteindre de grandes distances et générer des signaux très marqués.
Vous l’aurez compris le Patchinko fait partie de ces leurres «passerelles» par excellence, qui sont à l’aise partout. Après plusieurs années d’utilisation du Patchinko en eau douce, j’en suis un adepte inconditionnel et ne saurais que vous inciter à ajouter ce magnifique outil à votre boite. Octobre et novembre sont extraordinaires pour la perche et le topwater. Il serait dommage de ne pas en profiter pleinement. Comme toujours, si vous vous posez des questions spécifiques, n’hésitez surtout pas à nous solliciter sur les réseaux Ultimate Fishing afin que l’on puisse vous répondre de la meilleure des manières.
Keep on fishing !
JC