Aborder une session en kayak par là haut s’apparente parfois à une vrai investigation, ainsi qu’à un peu de chance. En effet, les capacités d’un kayak pour la mise à l’eau et la tenue sur la mer sont bien moindres que celles d’un bateau. c’est comme ça et il faut s’y plier pour notre sécurité. Alors quand les éléments de vagues, houle, marée et météo sont réunis, c’est toujours une joie de se mettre à l’eau pour rejoindre nos compagnons de jeu.
C’est ainsi qu’après quelques jours de surveillance de ces éléments, nous tombons régulièrement sur de belles journées. pas trop de vague et de la houle raisonnable. Sur des coefficients moyens, les bars seront là et il faudra juste s’adapter. Tous ces éléments seront à prendre en compte lors de vos sorties, et les décisions se prendront en fonction de vos niveaux d’expérience respectifs.
Je vous propose de vous raconter deux journées de ce début d’été, comment je vois les choses sur l’eau et comment je les appréhende. Bien sûr j’ai de l’expérience sur mes spots, mais certaines règles ne dérogent pas. Embarquez !
Première journée, temps nuageux, coef 50.
La première heure de début de journée est, je le sais, souvent propice aux pêches de surface. Mais les dernières sorties du bord et le très peu de détection de poisson ou de nourriture à l’échosondeur me donnent l’envie d’aller les chercher ailleurs. En kayak, les choix que l’on fait sont primordiaux, prospecter une zone à l’aveuglette ou sans certitude donne parfois de bons résultats si l’on connait ses secteurs mais peuvent aussi nous faire passer à côté du moment… »Tester » 10 min un spot amène à parfois naviguer plus qu’à ne pêcher ! J’ai quelques points un peu éloignés qui tiennent de jolis poissons et je sais que ces derniers sont souvent actifs sur ces premières heures du matin. C’est décider, je pars au large.
J’arrive sur mes premiers points, ce sont des terminaisons de pointes rocheuses entrecoupées par des bandes plus ou moins sableuses. Riches en algues et concentrant de la vie, ces roches tiennent souvent de jolis poissons et des crustacés. je dérive à 1/2 kn, c’est peu et rien ne se démarque du fond. Je pêche entre 10 et 12m d’eau. Dans ces conditions, j’aime passer très prêt des roches avec un leurre qui reste très naturel même avec très peu d’animation. Une vraie présentation en verticale ! A ce jeu, j’utilise le SAWAMURA One up slug, véritable arme sur ces techniques. Sur des cailloux et des algues sombres et par expérience, je passe le coloris gripan shad ( 58 ) en 5″. Je sais que ce numéro passe plus que bien chez nous ( et ailleurs aussi ! ) que ce soit sur les finesses ou les shads. Le résultat est probant, je ferais 2-3 bars sympas sur des touches subtiles, pimentés de 2 doguettes de 50+, ça fait toujours plaisir !
La dérive m’emmène sur d’autres profils de fond, et le courant s’accélère … Il va falloir passer à autre chose de plus tonique !
Lorsque l’on n’a pas fait de session depuis quelques temps, il faut savoir revenir sur des bases sûres pour commencer à lire la pêche. le courant s’est un peu installé, je dérive à 1 kn. C’est pas la folie et je n’aurais pas mieux aujourd’hui. J’opte naturellement pour un MEGABASS x-layer 4″5 ayu. Toujours une question d’efficacité, une fois la dérive faite, il faut la remonter, autant ne pas prendre de risque et ce modèle dans ce coloris est une constante sur nos bars. Animé à la volée en 10grs sur une DECOY SV67 dans les 2 derniers mètre près du fond, sur une colonne d’eau de 10-11m. J’enregistre de bonnes touches assez vite mais ils ne prennent que lorsque le leurre rase les roches sur des tirées très courtes. ça ne monte pas à la poursuite du layer. Je décide de pêcher plus précis, monte en 15grs et réduit la fréquence du sondeur. Je vais pêcher plus en dessous du kayak et faire juste claquer les billes sur 30cm autour des cassures du fond. C’est la bonne décision, une dizaine de poissons sont mis au sec de cet façon.
Le courant se calme, quand tout semble finit, il y a toujours quelque chose à faire ! les poissons nageurs ne servent pas à faire joli dans les boites !
Sur la zone où je navigue, la renverse a lieu, à la louche, sur les milieux de montante et descendante. Le courant montant englobe la fin de marée montante et le début de la marée descendante. A l’opposé le courant descendant prend la fin de marée descendante et le début de la marée montante. C’est une vrai gymnastique mais il est important de le comprendre. Je viens juste de profiter du courant montant ( la marée en est du coup à sa moitié de marée descendante ), il n’y a plus de jus. Mais j’ai quand même dans l’idée que les poissons présents autour des têtes de roches n’ont pas bouger et ces mêmes roches se trouvent maintenant accessibles pour pêcher au raz avec le DUO hacker. Je n’avais jamais eu l’occasion d’essayer ce modèle, c’est pourtant en toute confiance que je l’accroche au bout de ma ligne. j’ai en tête un petit plateau avec un cassant où je prends très souvent des poissons collés à l’aplomb et j’ai dans l’idée de me positionné au dessus du plat pour faire remonter mon longbill juste devant leur nez. Je suis agréablement surpris : il ne tire pas trop fort dans le scion. Après avoir fait tourner 2-3 coloris, c’est le dark iwashi qui me transmet le premier arrêt brutal et ce seront quelques poissons de plus qui augmenteront le score. Le seul regret et de ne pas avoir embarqué ma bourriche flottante car les relâches sur zone calment le jeu assez vite.
Le temps tourne et il est temps de rentrer, la session a été pleine. Des poissons du début à la fin, sur trois approches différentes. C’est la tête pensive que je retourne à la voiture : quand est ce que sera la prochaine session ?
Seconde journée, grand soleil, coef 60.
C’est accompagné de Johann que j’attaque cette seconde mise à l’eau. Adepte de la pêche du sandre, je compte bien lui faire prendre ses premiers bars sur nos côtes en m’aidant des techniques de pêche qu’il maitrise déjà. C’est plein d’entrain et confiant que je l’emmène sur les zones de pêche qui m’ont réussi à la session précédente. Une marée basse une heure plus tôt et un coef plus fort optimise un peu plus la réussite de cette sortie. Par contre c’est mise à l’eau lever de soleil !
Début de courant vers 6h00, 11m d’eau, nous dérivons à 1 kn. nous sommes en place sur les boules de roches entourés de sable qui m’ont déjà réussi auparavant. J’opte pour une pêche légère au MEGABASS x-layer 4″5 sur DECOY SV 67 en 10grs mais sur le nouveau coloris secret ayu que je viens juste de me procurer. Ses deux teintes vertes sombres à très sombres parsemées de micro paillettes bleues devraient ravirent les copains en bas, car le fond foncé est mal pourvu en luminosité malgré le soleil montant. Ceci est dû à une eau chargée de particules en suspension. Johann me demande si pêcher au MEGABASS Hazedong 4.2 ayu aurait du sens : complètement ! Avoir 2 techniques en complémentarité augmentent les chances de trouver la pêche et son choix est très cohérent et ce qui suit est très intéressant.
L’histoire raconte que nous prenons des poissons tous les deux. Mais ce qui ressort pendant notre dérive est les touches ne surviennent pas au même instant. De mon coté, je m’applique à travailler autour et sur les roches chargées d’algues en animant à la volée très raz du fond. Ce qui ressemble de près à ma session précédente ( toujours cette idée d’efficacité, on file au plus sûr en kayak ) Je prends des touches franches sans être brutales et des leurres très bien rangés. Johann de son côté prend les poissons en grattant les bancs de sable, entrecoupés de longues tirées douces. Les poissons sont actifs sur l’ensemble des deux terrains mais alterner technique/profil de fond ne donne pas de résultat. C’est vraiment sympa quand les choses ne sont pas monotones. Encore une preuve que nos compagnons de jeu s’adapte et qu’il faut avoir plus d’une carte dans son jeu pour gagner la partie.
Puis le courant s’accélère et nous prenons des poissons à mi hauteur d’eau, surtout Johann en ramenant son Hazedong au kayak. Encore une fois la variation de vitesse de courant nous amène à changer notre approche.
L’emploi de canne longue pour pêcher en traction, qui se prêterai bien à l’instant n’est pas facile en kayak et il faut compenser. nous dérivons à 2 kn et les dernières prises montrent clairement la tendance, il faut pêcher avec des souples qui claquent. Pour ma part, dans ces moments, J’utilise une Tenryu Supershoot, de gabarit idéal pour mon confort de pêche, avec un moulinet en 4000 avec un ration assez haut. l’idée est d’effectuer une animation ample et haute accompagnée d’un ou deux tour de moulinet. c’est moins propre qu’avec le matériel destiné à la traction pure mais cela reste assez efficace. En parallèle, j’utilise le SAYORI SHAD EVO 2 sur une tête XORUS Rolling mat en 20grs. Cette 2e génération du Sayori, en taille 120, a une caudale massive formée dans un gomme moins tonique que la version d’origine. Ce choix me permet d’avoir un leurre qui vibre plus vite, sur des plombées moins lourdes et même sur une canne moins rapide ( on reste sur du fast quand même, bien sûr ). C’est sur ce montage que je prendrais les plus gros sujets. Un article complet sur ce leurre est en cours, et son efficacité est à mon sens sous – côté que ce soit en mer ou en eau douce.
Mon acolyte, de son côté, est équipé d’une canne de puissance médium, aussi je lui propose de passer sur un Megabass Superspindle en 5″, toujours en ayu, armé en 15grs. Mais ici pas de traction, on lance le leurre, on l’accompagne au fond. J’insiste sur l’accompagnement car les bars sont très bons au jeu de l’interception… Puis on mouline scion haut jusqu’au kayak ! Le Superspindle, même si sa gomme est bien plus tendre, adopte un wobbling très puissant quand il est associé à des têtes plus lourdes, ça claque bien et c’est l’effet recherché. Johann prendra quelques jolies touches grâce à cette technique et les poissons montaient à plusieurs parfois jusqu’au bateau.
Le courant se calme, et nos techniques ne sont plus aussi prenantes, j’emmène mon binôme sur mes plateaux rocheux dans l’espoir de lui faire prendre un ou deux poissons au leurre dur. Nous arrivons sur zone avec un courant de moins d’un nœud . Et c’est encore le DUO hacker qui aura la main sur cette zone, de très jolies touches sur des poissons modestes mais qui complèteront bien le score de la journée. Sur ce coup, mes hackers sont réarmés avec des hameçons simples DECOY Single 27 en taille 2/0, avec succès et j’essaierai en 3/0 sur la prochaine session. C’est un point sur lequel j’insiste pour les pêcheurs en kayaks et/ou float-tube. Je n’ai raté aucun poisson, et tous sont piqués proprement. L’utilisation d’hameçon simple permet d’éviter les désagréments de blessures ou de crevaison. Le bar est un animal énergique, et que dire des maquereaux ou des aiguillettes que vous pourriez prendre à votre ligne et qui se débattront sans manquer un fois le début de la manipulation, si ce n’est avant.
Au final, 2 jolies sessions sur la côte d’opale, avec pas mal de poissons si l’on considère l’influence des relâches sur zone et l’inconvénient de ne pas pouvoir forcément reprendre les dérives productives. La pêche en kayak se démocratise de plus en plus, mais penser s’aligner techniquement sur ce qui se fait en bateau n’est pas possible. C’est une chose à part entière, il y a de jolie pêche à faire ! C’est une approche bien particulière car il faut s’adapter et bien préparer sa session pour ne pas « s’éparpiller ». Même moins confortable, elle saura vous donner beaucoup de sensations, et vous amènera là où les semi-rigide et autres coques ne vont pas, près d’une nature qui parfois saura se montrer bien curieuse, à l’image par exemple d’une tête de phoque à quelques mètres seulement du bout du kayak… Même si cela calme le jeu ! Mais après tout, c’est aussi cela que l’on aime à la pêche !
Merci de m’avoir lu, et à bientôt au bord de l’eau !