Malgré la raréfaction de l’espèce bar sur nos côtes, et surtout celle de gros spécimens, voici quelques modestes conseils pour avoir la chance de réussir ce dont beaucoup de pêcheurs de bars rêvent tout bas : la prise d’un gros bar en surface.
En premier lieu qu’appelle-t-on un gros bar ? De par mon expérience, la prise d’un individu de 4 kg (70 cm environ) par les mauvais temps qui courent, peut être considérée comme un début, 5kg (80cm) comme une véritable réussite ! 6kg et plus comme la prise d’une vie pour un pêcheur de surface comme moi…
Soyez en sûr, la prise d’un de ces spécimens n’arrive malheureusement pas tous les jours. Mais ils existent encore. Pour cela, mise à part la chance, car elle existe aussi, il vous faudra savoir quelques trucs simples mais essentiels à la réussite d’une belle prise.
Ce que je vais vous dire va peut-être vous surprendre, mais que de déconvenues si votre matériel n’est pas au top ! La bête est devenue si rare, qu’il serait dommage de voir votre graal vous échapper à cause d’une mauvaise préparation de votre matériel. Tout d’abord, la canne. Perso j’utilise une canne de 2.5 mètres, d’une puissance de 30 lb avec action de pointe type Tenryu 82 H. Cette canne doit être capable de propulser des leurres allant de 30 à 60 gr à très grande distance, et également de pouvoir combattre un joli poisson.
Le moulinet : J’utilise à titre perso un Stella 5000 garni de tresse en pe 1.2 high-tech type ygk Gsoul x8. Un produit exceptionnel par sa glisse à l’intérieur des anneaux et par sa résistance, car dans cette pêche c’est aussi et surtout l’accumulation de petits plus qui fera, à la fin, une différence significative, si si…
Bas de ligne : jamais en dessous de 35 centièmes ce qui me paraît être un minimum… 45 me semble être un bon compromis. Les gros bars quand ils sont piqués, ont une faculté à vous couper net avec leurs opercules qui coupent comme des rasoirs les bas de lignes les plus costauds. A titre perso, je ne suis pas adepte du tout du fluorocarbone à tout prix. Rappelons que nous somme en surface. La discrétion de votre bas de ligne a une influence toute relative sur vos résultats. De plus, un nylon amortira mieux les chocs de tête d’un gros bar, et ainsi réduira les risques de décrochages de votre prise. Longueur : 1,2 mètres.
Savoir ligaturer votre bas de ligne avec un nœud type FG knot, est un grand plus. Celui d’abord de passer remarquablement bien dans les anneaux, même si il vous faut l’éviter au maximum, mais également d’assurer parfaitement et sans faiblesse les deux types de matériaux (tresse, nylon). Voir Tuto sur la chaîne YouTube Ultimate.
Et enfin la terminaison finale par un nœud de liaison, mais sur ce point je vous laisse le libre choix entre l’agrafe 40lb mini type egg snap de chez decoy et le raccord direct au leurre. Chacun ayant ses avantages. Celui de l’agrafe vous permettra de changer de leurre à votre grès. Mais vous prendrez le risque non négligeable de vous voir perdre votre leurre ou pire la prise d’une vie si par malheur le poisson a eu la bonne idée d’avoir l’agrafe juste à la commissure de ses lèvres et ainsi de vous l’ouvrir sans trop de difficultés, expérience vécue !!! A quelques reprises …
Par contre si vous optez pour le nœud, faites obligatoirement une boucle ce qui permettra à votre leurre de nager en toute liberté… « détail ayant son importance ».
Maintenant que le matériel est prêt, voyons pour les leurres…
Comme le dit l’adage : « Gros leurre gros poisson ! » Pour le bar pas d’exception, même si prendre un poisson trophée peut également arriver avec un petit top water. D’une façon générale, l’utilisation d’un gros leurre vous apportera sûrement moins de prises, mais augmentera la chance de toucher un big ! Les petits si ils sont sur zone hésiteront d’avantage avant de se jeter sur une grosse proie.
Pour le choix et sans hésitation l’Asturie 150, le zclaw magnum, ainsi que le britt 145 ont ma préférence. Même si il existe sur le marché d’autre prétendants type miss carna…
Pour les couleurs plusieurs choix s’imposent. N’oublions pas que nous recherchons le gros et de surcroît en surface. A l’époque où nous avons les chances de toucher un spécimen, l’alimentation de début de saison change, c’est à la fin du mois d’août jusqu’en novembre que nos pépères quittent leur refuge pour se gaver avant l’hiver. Maquereaux, grosses sardines, mulets et chinchards ont atteint une taille respectable. C’est pourquoi le coloris des leurres ayant une ressemblance proche des proies qu’ils traquent ont leur importance. Sauf que ! Il y a toujours une exception…
Le blanc ! Les gros bars aiment le blanc. Donc n’oubliez pas, mon plus gros spécimen a été pris sur un z claw magnum blanc…
Autre détail qui a son importance et non des moindres. Changez vos anneaux brisés et vos triples (sauf pour le britt tackle house qui est équipé sérieusement « de série »). Optez pour des hameçons en numéro 2/0 fort de fer type decoy… plus anneaux brisés en 50 lb mini. Sans rire, j’ai vu, de mes yeux vu, mon cher et regretté grand ami Hubert Calvar, se faire ouvrir triples et anneaux brisés en série un matin d’automne. L’ami était dans tous ses états n’en croyant pas ses yeux…
Pour le choix de la couleur, optez d’une manière générale pour du clair quand le temps est sombre et du foncé quand le temps est clair. Mais pourquoi pas l’inverse…
À ce petit jeux on peut gagner comme on perd, mais quelques coloris ont quand même la côte. Mulet, sardine, ayu, et blanc tiennent quand même la corde même si le jaune et blanc a quelques adeptes. Le principal est d’y croire et surtout dans la façon que vous aurez à gérer le maniement de votre leurre.
Ça y est le matériel est prêt, reste à savoir maintenant quand et comment mettre tout cela en pratique
Ce que nous cherchons c’est le spécimen. S’ils sont gros c’est qu’ils ont dû en voir passer des leurres et autres engins de pêche de toute sorte. C’est pourquoi quelques principes fondamentaux doivent être respectés, tout d’abord la saison.
Il est bien évident que penser prendre l’un de ces spécimen au printemps ou en hiver est presque illusoire. Il faut pour cela deux critères essentiels
La température de l’eau. Mini 16 degrés. Meilleure période mi-juillet à fin novembre. Plus elle est chaude, mieux cela vaudra. Je vous rappelle que nous sommes en surface…
Mais la plus importante, même au-delà des coefficients ou de la marée : l’heure !!! Les lèves tard et les couches tôt, cette pêche n’est pas pour vous.
Pour avoir une chance de réussir, j’ai l’habitude de dire rentrez quand les autres partent, et partez quand les autres rentrent…
En effet c’est aux extrémités de la journée que vos chances de toucher un gros poisson seront les plus importantes. C’est au lever du jour et à la tombée de la nuit entre chien et loup que nos pépères se montrent les plus actifs. C’est pourquoi il est primordial d’être sur place juste avant le lever du jour, prêt ! La nuit, le poison n’aura pas été dérangé par d’autres bateaux et autres pêcheurs. C’est quand le jour se lève aux premières lueurs que vous aurez la chance maximum de toucher le graal ! Une heure voir une demi-heure après il sera trop tard. Pareil pour le soir. C’est à la tombée de la nuit jusqu’à la dernière lueur du jour quand se confond l’horizon et la surface de l’eau (putain c’est beau) que les chances seront les plus importantes.
Que ce soit en bateau ou à pied même combat! Pour réussir il faut se lever tôt et rentrer tard ! C’est l’un, voir le secret de la réussite.
Autre conseil pour les pêcheurs en bateau (puisque c’est cette pêche que je pratique).
La discrétion de votre approche. Hors de question d’arriver pleine balle à 100 ou 50 mètre du poste avant de couper votre moteur. A votre arrivée, coupez votre moteur à 300 mètre de l’endroit. Attendre patiemment que les premières lueurs du jour arrivent avant de démarrer votre approche. Ne passez pas même en dérive sur le poste de nuit. Cela pourrait alerter un gros spécimen de votre présence. Rappelez-vous si ils sont gros c’est qu’ils sont plus malins !
L’idéal est d’anticiper votre dérive 100 mètre avant l’endroit choisi. Ainsi, vous vous assurerez d’un maximum de discrétion, donc d’un maximum de réussite. Soyez vigilant à ça …
Pour le soir idem au niveau de votre approche.
Ce n’est pas nécessairement à votre première dérive que l’attaque se déclenchera, c’est pourquoi il vous faudra repasser sur le poste une fois ou deux. Pour se faire, dépassez largement la zone de 100 mètres environ. Démarrez votre moteur et contournez la au ralenti sans accélération. Les poissons n’aiment pas les changements de fréquences brutaux. Et recommencez.
Si il n’y a personne, tant pis vous verrez demain… Car le jour sera déjà présent ou la nuit tombée donc mise à part la chance il vous faudra réessayer une autre fois.
Autre choix possible la météo : personnellement je préfère les cieux bas et gris. Quand la mer est un peu clapoteuse comme l’on dit, le clapotis de la mer couvre votre présence. Ou alors les temps lourds et orageux. Ils ont la particularité de rendre les poissons plus actifs. Ceci est un avis personnel. Mais le plus important c’est d’être sur l’eau.
Suivant les zones, mais cela est surtout valable pour la pêche en bateau, préférez les coefficients de 60 à 90. Evitez les mortes eaux. Pour la pêche du bord c’est un peu différent : de gros coefficients peuvent les amener à la côte surtout en fin de saison… de sacrées surprises.
Les postes : qu’ils soient du bord ou en bateau vous aurez compris qu’ils ne peuvent pas être les mêmes.
En bateau j’affectionne particulièrement les bases isolées du large. Celles qui ne sont visitées que rarement à ces heures là. Jusqu’à 10 à 12 mètres sous la surface, le poisson peut être là entre deux eaux, voir même assez près de la surface.
Autre poste redoutable, le devant des roches avec un tombant important 8 à 15 mètres là où le courant vient se projeter. Ce type de poste abrite parfois de gros spécimens souvent solitaires.
Ne faites surtout pas l’erreur de penser que la pêche en surface s’arrête à 2 mètres de profondeur ! J’ai réalisé mes plus belles prises entre 10 et 15 mètres de fond.
Mais beaucoup d’endroits parfois tout petits peuvent abriter des beaux sujets. Mais là, seule une prospection intelligente vous permettra d’acquérir l’expérience des lieux.
Pour la pêche du bord, n’étant pas un grand spécialiste, je me garderai de vous donner des conseils sauf celui d’observer et d’essayer.
L’action de pêche : avec le temps, j’ai pu faire quelques constats sur la manière de bien manier un top water dans l’objectif de capturer un beau sujet.
Premièrement l’observation de votre dérive par rapport à votre poste.
Vous aurez compris que suivant le vent et le courant la manière de placer son bateau pourra changer du tout au tout. Mais malheureusement seule l’expérience et la connaissance feront que à coup presque sûr vous serez en mesure de positionner votre bateau à tous les coups. Mais aujourd’hui il existe le GPS traceur qui vous permettront de corriger le placement de votre bateau par rapport à votre trace sur l’écran de votre appareil. Vous pourrez ainsi ajustez votre placement sans changer l’axe de dérive de votre bateau ce qui est très important.
Pour moi le meilleur compromis est quand le vent est contre le courant. Le courant ne tire pas sur la ligne, votre leurre nage et réagi beaucoup plus naturellement à vos animations. Si ce n’est pas le cas, changez l’angle de tir de vos lancers en direction de l’avant de votre bateau pour éviter de lancer contre le vent ce qui permettra à votre leurre de moins subir l’action contraire du courant, puisque celui-ci accompagnera votre embarcation. Ca y est, vous êtes maintenant prêt à effectuer votre lancer !
Moteur coupé et sondeur éteint. Eteindre son sondeur n’est pas une priorité, mais au vue du bruit engendré par une sonde de 50/200 hertz, cela fait partie des petit plus accumulés dont je vous parlais plus haut.
Pour l’animation du leurre je procède le plus souvent de la manière suivante. N’oubliez pas que nous recherchons un gros, et par nature un gros poisson est plus méfiant voir plus fainéant aussi qu’un spécimen plus petit. Il ne dépensera son énergie que s’il est à peu près sûr que le jeu en vaut la chandelle. C’est pourquoi une animation plus lente et plus erratique, me semble plus appropriée. C’est pourquoi à la tombée du leurre dans l’eau, j’observe toujours une pause plus ou moins longue avant de démarrer mon animation, entre 5 et 10 secondes. Suivie d’une récupération canne haute assez rapide sur une dizaine de mètres, ce qui aura pour effet si le poisson est présent, de le mettre en alerte ! Puis un nouveau stop de 5 secondes environ, lui permettant d’effectuer la distance nécessaire pour se rapprocher de sa proie potentielle. Je démarre ensuite mon Walking the dog, de manière assez lente, surtout avec le z claw magnum. Puis un nouvel arrêt environ tous les 5 à 10 mètres jusqu’au bateau. J’insiste bien sur le fait qu’il faut faire durer votre récupération jusqu’à la fin. Un poisson peut être juste la sous la surface sans que vous n’ayez détecté sa présence. Voyant sa proie potentielle s’échapper à la vue du bateau il profitera peut-être de cet instant pour porter son attaque. Soyez donc vigilant jusqu’au bout de votre action.
S’il ne se passe rien, renouvelez votre lancer en changent votre angle de tir afin de prospecter une zone nouvelle. Il se peut également que des lancers répétés fassent monter les poissons au bout de plusieurs passages. C’est d’ailleurs ce qui ce passe assez souvent. N’oublions pas que nous cherchons le gros donc le plus méfiant!
De plus ce type de poisson est souvent peu nombreux sur un poste donc la compétition alimentaire engendrée par la présence de plusieurs individus ne prévaut pas dans ce cas de figure. Il sera donc plus difficile de faire attaquer un solitaire qu’une meute de loups en chasse.
Tous les cas de figures sont possibles bien évidement, mais d’une manière générale, un gros spécimen trahira sa présence par un remous derrière votre leurre. C’est à ce moment-là qu’il ne faut pas perdre ses nerfs. Deux attitudes peuvent être adoptées. Soit stopper votre animation en espérant voir votre leurre disparaître, soit continuer votre récupération lentement pour déclencher soit une nouvelle attaque avec succès, soit une attaque à nouveau avortée. Dans ce cas un stop and go avec l’expérience me semblera le plus à même de déclencher la touche attendue.
Autre cas de figure qui se produit assez souvent : le poisson viendra attaquer violemment votre leurre sans que vous n’ayez rien ressenti au niveau de votre ligne ! C’est qu’il vient de vous gratifier d’un magnifique coup de queue visant à désorienter sa proie avant de l’attaquer. Si c’est le cas je stoppe immédiatement mon animation ! Le poisson est là et observe. C’est en général quand vous redémarrerez celle-ci que l’attaque se produira.
Mais comme vous l’aurez compris tout ceci n’est que théorie. Bien d’autres cas de figure peuvent arriver. Une attaque directe, une beaucoup plus discrète voir même très discrète, un suivi sans suite (dans ce cas si cela se répète, n’hésitez pas à changer de couleur)… Mais une composante importante reste de mise, garder son calme et maîtriser ses nerf sont deux facteurs majeurs de réussite surtout quand doit intervenir le ferrage. Car ce type d’individu ça ce ferre. N’oublions pas que nous avons changé nos triples, ceux-ci sont plus fort de fer, il est donc nécessaire d’appuyer votre ferrage. Ni trop top ni trop tard. C’est un peu là aussi qu’intervient l’expérience. Soit vous ressentez la touche et là pas d’hésitation il faut y aller, soit le poisson sur l’inertie de son attaque vous à coffré sans que vous ressentiez le moindre mouvement de ligne c’est là qu’il faut rester calme, attendre 1 à 2 seconde avant de déclencher votre ferrage me paraît le plus efficace. Dans tous les cas l’importance d’un bon ferrage type géorgien est de mise et plutôt deux fois qu’une. La gueule d’un gros bar est beaucoup moins tendre que celle d’un petit.
Une fois le poisson pendu, à vous de jouer. Canne haute, il ne vous restera plus qu’à espérer que c’est bien le spécimen que vous attendiez qui est au bout de votre ligne.
Autre conseil. Ce n’est pas forcément les plus gros poissons qui tirent les plus fort, surtout en début de combat. C’est parfois à seulement une dizaine de mètres de votre embarcation, que le combat s’engagera vraiment. Restez donc vigilant.
Voilà donc quelques modestes conseils non exhaustifs, qui vous permettront, je l’espère, de réaliser votre rêve, celui d’attraper le poisson de votre vie et en surface bien sûr !
Si cela vous arrive, pensez que votre adversaire est devenu une chose rare de nos jours, voire très rare, alors n’hésitez pas à prendre quelques jolies photos, puis rendez lui sa liberté, cela vous procurera j’en suis sûr, une immense joie bien plus intense que celle de le voir finir au fond d’une poissonnière en général toujours trop petite…