Cela fait maintenant quelques mois que Jean-Christophe David a rejoint l’équipe Ultimate Fishing et nous pensons qu’il est grand temps de vous le présenter de façon un petit peu plus formelle et de lui laisser la parole ici. On vous propose donc cette petite introduction sous forme d’interview avant de le laisser prendre, seul, son envol sur le blog.
Q1 – Souvent les personnes qui parlent de toi t’associent à des lieux ou des régions différentes. Parfois tu es le gars de l’île de Groix, d’autres fois celui du Sud-Ouest et souvent le petit frenchie expatrié chez tonton Sam. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur ta vie, ton parcours et sur ton rapport à ces différents lieux auxquels on t’identifie ?
Salut à tous ! Merci de me donner l’opportunité de me présenter.
J’ai trente-neuf ans, je suis né à Lorient et suis originaire de l’ile de Groix par ma mère. Une bonne partie de ma famille vit sur l’île et mes parents y possèdent la maison qui appartenait à mes arrières grands parents.
Du coup, mes premiers rapports avec la pêche c’est quand j’allais mettre des casiers et des filets avec mon arrière-grand-père, et que j’attrapais des maquereaux et des bars à la mitraillette.
J’ai grandi entre Vannes et Groix et j’ai commencé par pêcher des poissons de mer. Mais très rapidement, vers l’âge de sept, huit ans, mes lectures m’ont données envie de découvrir l’eau douce.
Lorsque j’allais en vacances à Annecy, chez ma tante et mon oncle, celui-ci m’amenait souvent pêcher sur le lac. Ferras, truites lacustres, ombles chevaliers, brochets, ne faisaient que renforcer ma passion pour la pêche de manière générale.
Au bout d’un moment je me suis de plus en plus tourné vers la pêche aux leurres, et j’ai naturellement eu envie de découvrir ce qu’était le black bass.
A la fin des années quatre-vingt-dix, j’ai commencé à sillonner le sud-ouest pour découvrir davantage la pêche du bass et essayer d’intégrer les bases techniques.
En parallèle de mes études, je travaillais dans un magasin de pêche de la région Vannetaise et cela m’a permis de rencontrer pas mal de monde. Certains sont des amis à qui je dois une partie de mon parcours « halieutique ». Ils m’ont fait progresser et découvrir un peu plus la région Bordelaise et l’univers du bass. C’était vraiment très enrichissant.
Au milieu des années deux mille, je suis devenu enseignant et je suis parti m’installer en région Parisienne. Douloureux quand on est habitué à vivre au bord de la mer, mais ce fut une bonne manière de m’ouvrir l’esprit.
Après six ans en Seine Saint Denis, j’ai été muté en Gironde pour une année, avant de partir enseigner cinq ans aux Etats-Unis, dans l’état de Louisiane. Je me suis imprégné de la culture bass, et cela a été une magnifique manière de découvrir le pays et sa population.
Je suis rentré en Juin 2018, mais je m’apprête à nouveau à partir en Louisiane pour plusieurs années.
Simple à suivre non ?!
Q2 – Si tu devais te résumer en tant que pêcheur, comment est-ce que tu te présenterais ? Qu’est ce qui te fait aller à la pêche ? Y-a-t-il une espèce, un milieu ou une technique que tu apprécies encore plus que les autres ?
Ce n’est pas une question à laquelle on peut répondre simplement, et ça mériterait presque une dissertation. Je vais essayer d’être bref.
Comme je l’ai dit plus haut, j’ai pêché très tôt, et ma curiosité m’a amenée à essayer toutes sortes de techniques et à cibler toutes sortes de poissons. Je lisais, j’avais envie de comprendre comment on attrapait des poissons, et je passais mon temps au bord de la mer, au bord d’un étang ou d’une rivière. A partir de huit, neuf ans, mes amis et moi passions des journées entières sur la berge pendant les vacances à tenter d’attraper ce que l’on pouvait. C’était loin d’être toujours productif !
Au fil des années, en pêchant de nombreuses espèces de manières diverses et variées, j’ai développé ma compréhension du milieu et ai aiguisé mon sens de l’eau. La truite au toc, ou la pêche du brochet « à roder », sont des techniques qui m’ont énormément profitées.
J’ai rapidement pêché aux leurres, mais c’est vers dix-sept, dix-huit ans, que j’ai fait le choix d’y pêcher exclusivement, à l’exception de la truite que je prends plaisir à traquer au toc lorsque j’en ai l’occasion.
J’ai toujours adoré pêcher le bar, mais le poisson qui me rend dingue et qui a orienté ma vie c’est le black bass. En Louisiane je l’ai pêché pendant cinq ans entre deux cents et deux cent cinquante jours par an de manière exclusive. Plus je progresse et comprends ses mouvements au fil des saisons, plus j’intériorise les différentes techniques qui composent l’univers bass, et plus je me rends compte de mes lacunes. J’ai hâte d’y retourner pour reprendre mon apprentissage !
J’aime beaucoup de techniques. La pêche au topwater a cependant ma préférence, car, en termes d’excitation et de décharge d’adrénaline, on atteint les sommets.
J’aime particulièrement ce moment où l’on est capable de prédire la touche. L’instant durant lequel on se dit que le leurre évolue au bon endroit, au bon moment, à la bonne cadence, que tout semble bon, et que l’instant d’après le ferrage s’enclenche…
A mon sens c’est tout de même important de rester humble vis à vis de l’envie de vouloir toujours tout comprendre. Car en réalité, en allant à la pêche, on analyse les choses en fonction de ce que l’on pense comprendre du contexte du moment. La marge d’erreur est donc énorme.
Tu attrapes dix poissons, tu es content, mais peut-être que si tu avais réellement compris ce qui se passait dans l’eau à ce moment-là, tu en aurais attrapé cinquante.
J’essaie d’avoir ça à l’esprit pour ne pas m’endormir et toujours essayer de me remettre en question.
Concernant ce qui me fait aller à la pêche, c’est l’association de ce que je viens de citer, avec le plaisir que je prends à observer le milieu et les poissons. J’adore voyager et découvrir de nouveaux spots, de nouveaux paysages. J’aime rencontrer des gens avec qui je discute cinq minutes ou bien avec qui je crée des liens d’amitiés. Les Etats Unis ça a été vraiment fabuleux de ce point vue-là.
Pour conclure, je dirais que même si l’on pêche mieux seul, j’adore partager des moments au bord de l’eau avec les gens que j’aime. J’éprouve aussi beaucoup de plaisir à transmettre aux plus jeunes ce que j’ai appris depuis des années.
Q3 – Peux-tu nous parler de ton rôle un petit peu particulier auprès d’Ultimate Fishing et des missions que tu vas être amené à remplir ?
Au-delà de représenter Ultimate Fishing et Megabass lors de mes futures compétitions aux US sur les différents circuits black bass, Yannick Cordier m’a confié la mission d’aider Ultimate Fishing à développer Xorüs sur le marché Américain via son distributeur A Band of Anglers.
Mon job sera de faire le lien entre UF et ABOA et de développer des marchés locaux et régionaux avec tout ce que cela implique. Je travaillerai également au développement de leurres et au recrutement de guides et d’ambassadeurs Américains.
Pour 2020 nous avons déjà recruté deux précieux éléments.
Le premier se nomme Gerald Spohrer, un pêcheur de black bass pro qui évolue sur le circuit Major League Fishing. Gerald est également guide en mer sur le Golfe du Mexique et particulièrement sur le Delta du Mississippi.
Le second, Darold Gleason, est guide sur Toledo Bend, le plus grand lac US créé par l’homme. En 2019, il s’est qualifié pour le circuit FLW TOUR et également pour le BASSMASTER CLASSIC qui se déroulera en Mars en Alabama.
Ils vont tous les deux être des points d’appuis solides pour nos projets.
Q4 – Je sais que la « culture pêche » (au sens large) est quelque chose d’important pour toi, j’entends par là l’histoire des différentes techniques et familles de leurres mais également la documentation disponible pour mieux appréhender les techniques et le matériel. Penses-tu que cette approche théorique fait parfois défaut en France ?
Si l’on ne parle que des carnassiers, j’ai un avis très tranché sur la question et je vais te répondre oui sans hésiter, et ce pour deux raisons majeures selon moi. Je m’explique.
La pêche aux leurres a explosé une première fois à la fin des années quatre-vingt-dix, puis au milieu des années deux mille. Depuis, on voit énormément de pêcheurs, jeunes ou moins jeunes, débuter la pêche aux leurres. C’est une très bonne chose, c’est ce qu’on voulait tous il y a plus de vingt ans. On voulait que ça se « démocratise », que les choses progressent dans le bon sens…
De ce fait, beaucoup se sont mis à pêcher aux leurres directement, sans avoir de « back ground », de culture halieutique, de compréhension globale du milieu ou des biotopes, sans compréhension des chaines alimentaires et des mouvements saisonniers des poissons.
C’est forcément problématique pour un pêcheur de carnassiers que de n’avoir jamais pêché un gardon à l’asticot, et de ne pas comprendre le comportement du poisson fourrage…
La pêche aux leurres, au-delà de l’exécution du geste, ça n’est que de la réflexion et de l’adaptation. Or, sans sens de l’eau, sans culture ou philosophie de la pêche, il est très compliqué de comprendre ce que l’on fait…
La deuxième raison, est en réalité inhérente à la première. Mon long séjour Américain m’a permis de mettre les choses en perspective.
En France on conceptualise la recherche du poisson en fonction du leurre que l’on utilise.
Si ça ne mord pas, on plonge le nez dans sa boite de leurre, et on cherche « une vibration », « une couleur », jusqu’à ce que l’on prenne un éventuel poisson.
Or, même si l’on n’attrape pas un brochet avec un hameçon de vingt, il faut bien avoir à l’esprit qu’un leurre s’adapte avant tout au milieu que l’on pêche, puis ensuite au poisson que l’on traque.
Un carnassier aura un comportement changeant et marqué au fil de l’année, en fonction des températures de l’eau et de sa période de fraie. Il s’alimentera de manière spécifique en corrélation avec le milieu dans lequel il évolue.
Sans avoir connaissance de ces paramètres, il est impossible d’adapter sa pêche en conséquence, et l’on risque de ne pas prendre beaucoup de plaisir sur ou au bord de l’eau.
Aux US, sur le bass par exemple, il existe un « text book », ou encyclopédie des différentes techniques à employer en fonction de la période et des milieux que vous pêchez. Alors évidemment, il ne faut jamais mettre de côté son instinct, mais connaître les règles et techniques de base en fonction des saisons est essentiel. Cela permet vraiment de devenir un meilleur pêcheur.
Aujourd’hui Internet offre un accès à toutes ces informations depuis son salon. C’est formidable, mais il faut savoir faire le tri et ne pas avaler sans réflexion les inepties que l’on peut lire ou entendre sur les réseaux sociaux ou sur les chaines youtube de précepteurs auto-proclamés.
J’ai tout de même le sentiment que depuis peu, il y a une bonne prise de conscience de tout ça. Certains par leurs actions ont enclenchés une nouvelle tendance visant à poser le débat technique et halieutique au centre, afin de permettre à tout le monde de puiser les informations nécessaires à leurs pratiques, et à la progression de notre passion. C’est important qu’un socle de références soit établi afin que chacun puisse progresser selon ses besoins et ses envies, et que surtout chacun puisse prendre du plaisir à pêcher.
Merci de m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer. Au plaisir de discuter avec vous sur les réseaux sociaux ou lors des différents salons à venir.
Jean-Christophe DAVID aka JC
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