Les pieds nus, le soleil qui tombe dans la mer, les vagues qui ne cessent de venir frapper la plage, le bruit de la canne qui fouette, le leurre qui tombe juste derrière la vague 60m plus loin, le bruit du moulinet et de la tresse dans les anneaux lorsque je ramène énergiquement mon popper, un remous, suivi d’une explosion et puis pendu, le moulinet pourtant serré à bloc qui se vide bruyamment… ça, c’est l’idée que je me faisais, un moment idéal que j’imaginais vivre lors de cette première expérience exotique en mer.
Et bien comme à chaque fois que l’on découvre une autre pêche, un autre lieu, un monde totalement inconnu, les vidéos visionnées, les articles, laissent place et l’imagination fait le reste !
Mais il faut être bien naïf pour croire que tout va se passer ainsi, du moins simplement. Ainsi, en débarquant pour la première fois sur une plage de la côte Caraïbes, je sais pertinemment que tout est à apprendre, et que je risque de passer un certain temps avant de réussir à vivre des moments de réussite, et un veritable « un viol de moulinet » !
Déroulement et organisation du voyage
Le trip
Avant de vous parler de pêche, voici un petit chapitre sur l’organisation et le déroulement de notre voyage : Tout d’abord, je ne peux que remercier François Michon, car c’est lui qui nous a soufflé les principales idées qui ont fait de ce voyage une réussite : Lui qui avait guidé au Panama, il avait visité ce beau pays et nous a conseillé de l’imiter sur le mode de voyage : un van aménagé !
Et effectivement ce fut une idée merveilleuse, pas adaptée à tout le monde certes, mais très adaptée à nous !
Le matériel
Pour ce voyage, j’ai pris trois cannes, deux ensembles lights pour les pêches de plages, qui devraient nous permettre de traquer les petits pélagiques les petites carangues, et, je l’espère, les snooks ; et un ensemble de 60 lbs, pour pouvoir traquer les petits des gros poissons, carrangues, tarpons, pargos, carpes rouge, et qui sait, les fameux poissons coqs !
Cannes « légères » :
- Tenryu Supershoot travel, 2.05m et 20-45g de puissance
- Tenryu injection SP 73M travel, 2.21m, 5-28g pour la puissance
Tresse GSOUL X8 UPGRADE 30 lbs (#1.5)
Canne « forte » :
- Tenryu Diablo Travel 70 lbs tresse Ultra CASTMAN de 50 lbs (#3)
Concernant l’organisation, nous avons passé une semaine sur la côte caraïbes, et deux semaines sur la côte pacifique.
La côte caraïbe
De près et de loin, cette région du monde représente parfaitement l’idée que l’on se fait du paradis : des plages on ne peut plus magnifiques baignées par une eau turquoise à plus de 30°C, des cocotiers, une ambiance reggae, une faune et une flore incroyablement riches et diversifiées, ou l’on côtoie quotidiennement les paresseux, singes, et autres oiseaux sublimes, et ça, c’est uniquement en dehors de l’eau. Car dès que l’on chausse le masque et les palmes, un autre monde fabuleux s’offre à nous : le monde subaquatique des récifs de mers chaudes ! Poisson-perroquet, chirurgien, poisson coffre, murène, raie etc… je pourrais m’étendre des heures sur ces plongées fabuleuses en compagnie de ma chérie, qui n’a vraiment pas eu peur de me suivre au milieu de ces récifs, somptueux lieux de vie.
Côté touristique abordé, venons-en à la partie qui vous intéresse le plus, la pêche !
Habitué d’un certain confort matériel, je me retrouve ici sans bateau ni float tube, avec pour seule possibilité de pêcher du bord, ou alors de me faire embarquer par des locaux, gratuitement, ou pas. Pour commencer, nous avons d’abord cherché les plages agitées par les vagues, avec des zones brassées. C’est logiquement au casting jig que nous commençons, afin de battre rapidement du terrain. C’est Sabine qui ouvre les hostilités dès les premiers lancés : une petite sierra, suivie de deux petites carangues !
Je tente bien de faire monter quelques prédateurs en surface avec ma grosse canne, en vain. Régulièrement, nous prenons de petits poissons, c’est assez facile :
Les petites carangues à gros yeux se tiennent en banc important dans les vagues près des plages.
Dès qu’il s’agit d’augmenter les tailles de captures, c’est une autre histoire. Lors d’une plongée, dans une zone de récif, j’ai enfin trouvé ce que je cherchais : des « pargo rojo » similaires aux carpes rouges. Dès le lendemain, c’est avec ma diablo travel équipée d’un gros roosta popper, que je pars à l’aube poncer cette fameuse zone. Je sais que c’est risqué, si je pique un poisson, je dois le brider instantanément si je ne veux pas voir ma tresse de 50 lbs se faire couper par les coraux. A peine 10 min de « pop » et je vis ma première grande émotion de ce voyage : une attaque phénoménale en surface, je n’ai pas eu le temps de réagir que ma canne me tirait déjà en avant ! J’essaie un semblant de ferrage mais peu efficace, tente de reprendre le contrôle mais c’est trop tard le poisson se décroche… Manque d’expérience pur et simple ! J’ai eu le temps de l’apercevoir à l’attaque, ce poisson de l’espèce recherchée n’était pas un monstre, environ 60 cm, je ne sais pas ce que ça peut donner en poids, mais je suis frustré de ne pas avoir réussi à concrétiser cette attaque, d’autant plus que je n’en déclencherais pas d’autres du séjour… La frustration est une émotion du pêcheur, il faut savoir l’accepter pour savourer les moments de réussite !
Lors de mes deux premières aubes à popper sur les plages, j’observais des départs de pêcheurs de la plage d’à côté. Le troisième matin, je m’y présente à 5h30 afin d’avoir une chance d’intercepter des pêcheurs pour avoir l’éventuelle possibilité d’embarquer sur l’une de ces « pangas ». Premier contact, je tombe sur une bande de potes venus passer la nuit pour pouvoir partir pêcher tôt le matin. Ils sont en train de déjeuner et m’annoncent leur départ imminent, je leur demande donc si ils peuvent m’embarquer. Un peu dubitatifs, ils m’invitent à pêcher de la plage sans me donner de réponse. Je m’exécute en me disant que je vais essayer de profiter du coup du matin, et 10 min après ils m’appellent en m’invitant à embarquer. Chouette ! Ils ont une cargaison de « sardinas » qui ne sont pas des sardines mais des poissons fourrages y ressemblant, tout bien vivant dans une partie du bateau transformée en vivier.
Eux vont donc pêcher au vif, à la ligne à main, moi, j’ai mes deux cannes, la diablo armée d’un gros popper et la 73m équipée d’un jig. Leur technique consiste à s’ancrer sur des points connus et repérés sur la côte, d’y pêcher en laissant dériver leurs lignes, jusqu’à ce que les touches s’arrêtent. Nous prenons une cinquantaine de poissons dans le matin, majoritairement des petites carangues, des petits snappers, des orphies etc…
C’est marrant mais je suis vite intéressé par un autre manège, des chasses qui éclatent sporadiquement. C’est bien évidemment des bonites, et dès qu’elles passent à portée de tir, mon press bait se fait intercepter et me permet de réaliser une belle série !
Mes trois compagnons sont ravis, car pour eux, cette pêche dominicale leur permet de ramener un peu de poisson pour la semaine, et ils sont impressionnés par l’efficacité de mes petits bouts de métal ! La partie de pêche est malheureusement écourtée par un orage, je les remercie chaleureusement en leur donnant quelques « metal X waving rider », une belle rencontre grâce à la pêche !
Dernière destination de l’est costaricien, l’ultime village côtier avant le Panama : El pueblo de Gandoca. Nous avons décidé de nous rendre en ce lieu uniquement pour la pêche, il s’y trouve une grande rivière alimentant une lagune qui débouche sur la mer. Pour des pêcheurs du bord, c’est forcément un endroit clef ! Un coup du soir et un coup du matin, derniers coups de lignes avant de traverser le pays pour rejoindre le pacifique.
Le premier coup du soir est sacrément écourté, et pour cause, nous avons ensablé le van sur le pseudo parking de la plage. 1h30 après, c’est en courant que je fais les 1200m de plage qui nous séparent de l’embouchure. Elle est magnifique, c’est le seul endroit où les vagues sont un peu moins fortes, il y a donc un peu plus de profondeur qu’ ailleurs… 30min de pêche avant la nuit sur ce spot prometteur, y compris un coup de top water dans la lagune juste derrière, pas vu la queue d’un poisson…
Mais le lendemain, retour à l’aube, déterminé ! Retour gagnant, 10 min à lancer mon jig et me voici pendu à un poisson qui tire!
Après un bon rush de 1min, (quand on est pêcheur d’eau douce, c’est plutôt rare) je reprends enfin le contrôle et ne tarde pas à échouer ma première carangue hippos !
Sur un ensemble light c’est parfaitement adapté pour s’amuser!
Suivant le plan, nous attaquons maintenant la lagune juste derrière. Au premier lancé, première touche, cette fois ça saute dans tous les sens, j’espère connaitre le client : oui, un snook, mon premier !
Environ 45 cm, taille normale pour un « fat snook », du nom scientifique « Centropomus parallelus ».
Je donne ma canne à Sabine pour qu’elle fasse le sien, mais le combat du premier a du alerter ses éventuels congénères. En attendant, je chausse un one up sur la supershoot et lance derrière une racine, laisse couler, je prends un toc de sandre, et c’est un deuxième snook que j’échoue !
Deux nouvelles espèces, que dis-je trois, avec cette « Sierra Mackerel » qui est venue goûter mon jig, d’après mes recherches, c’est un petit Thazard.
Dernier poisson des caraïbes, ça valait vraiment le coup de faire 40 km de chemin, de s’ensabler, de marcher pour découvrir ce havre de paix!
Maintenant, c’est l’heure, du changement de côté, nous partons vers un océan que nous n’avons encore jamais rencontré…
hasta prunto
Charlie