Très connue pour la pêche du sandre et des énormes perches, la Hollande est aussi une destination de choix pour le brochet. Si la pêche en bateau sur les grands lacs est souvent synonyme de gros poissons, la pêche du bord dans de petits canaux peut elle aussi procurer bien du plaisir. Voici une destination proche et dépaysante pour les pêcheurs belges, mais aussi pour ceux habitant la moitié nord de la France. Que ce soit pour une journée, un week-end ou une semaine, n’hésitez plus, tentez l’aventure !
La situation:
Les Pays-Bas devant faire face à la montée des eaux depuis de nombreuses années, l’état y a donc constitué un vaste réseau de «polders» (17% de la superficie du pays).
Si tout le pays est silloné par ces petits canaux, la zone autour des villes de Gouda et Rotterdam reste la plus convoitée par les pêcheurs. Il existe cependant des polders partout en Hollande.
Ces derniers ont une forte population de brochets, introduits à la base pour réduire les populations d’espèces invasives. Si la faible profondeur et l’acidité de l’eau semblent ralentir la croissance du poisson, il est courant de toucher des brochets de 80 à 90 cm, la moyenne étant plutôt entre 60 et 70 cm. Plus que la recherche de poissons trophées, l’intérêt est ici de toucher du poisson en nombre. Les polders disposent en effet d’un biotope très propice à la reproduction.
La règlementation :
Le permis hollandais se prend directement en ligne. Vous devrez vous affilier à une société de pêche suivant la zone où vous pensez pêcher. Ainsi, la zone Gouda/Rotterdam réclame le permis « Groot Rotterdam » par exemple.
Les polders sillonant le paysage, la Fédération sportive de pêche Hollandaise a mis en place une application des plus pratiques. Il vous suffira en effet d’y rentrer votre numéro de permis ainsi que la ville pêchée pour savoir si la pêche est autorisée et si il existe des règles particulières. Il est aussi possible d’utiliser cette application en vous géolocalisant. Attention, il est fréquent de pouvoir pêcher sur 2 km, de connaître une interdiction sur 200 m et que l’autorisation reprenne pour 1 km. En cas de contrôle, il peut vous être demandé de prouver que vous êtes dans votre droit. Avoir l’appli Visplanner sur son téléphone est donc conseillé.
Le mieux avant votre départ reste de préparer votre sortie en repérant des spots à l’avance via cette application et Google street view.
La pêche du brochet en polders se fait en NO KILL total depuis le dernier samedi de mai jusqu’au dernier week-end de février.
Lien pour prendre son permis : https://www.sportvisserijnederland.nl/vispas/vispas-francais/
Lien vers l’application Visplanner : https://www.visplanner.nl/
Le matériel:
La prospection étant rapide, le matériel casting est le plus adapté.
Malgré la faible largeur des polders, j’ai un faible pour des cannes qui pourraient surprendre par leur longueur.
Le vent fort présent en ce plat pays, les fauchages tardifs occasionnant pas mal de végétation sur la berge, et l’obligation de discrétion face à des brochets souvent en bordure sont les facteurs qui expliquent celà.
Pour ne pas m’encombrer (on marche plusieurs kilomètres par jour) je me limite à emporter deux cannes qui répondent à des situations différentes :
L’Injection BC 81 H (2m46 pour une puissance de 20-80 gr) permet ainsi de propulser contre le vent Spark shad 7, Mag draft et Vatalion 115F, particulièrement en hiver. Cette période oblige souvent à une pêche lente et est propice à l’utilisation de swimbaits souples jusque 20 cm. Sa réserve de puissance permettra de maîtriser le combat face aux gros poissons souvent rencontrés au cours du mois de février. Une tresse YGK Upgrade X8 en PE2 équipe cette canne.
Pour les amateurs de Megabass, la F7-711X, avec son talon court mais une longueur de 2m42, est aussi une excellente canne pour cette configuration. Si la majorité des lancers se font sous la canne ou en skipping sous les ponts (omniprésents pour que les riverains rejoignent habitations et prairies), il faudra cependant être capable de chercher la distance et la précision pour pêcher les polders perpendiculaires.
Diffficile quand on parle de brochets de ne pas utiliser des leurres à palettes.
Aussi, une canne plus faible en puissance est un complément nécessaire. J’utilise personnellement La Megabass F5-68X, mais la TENRYU Heretic 67B MHH me fait de plus en plus de l’oeil, d’autant qu’un One up shad 6 pouces monté en weightless permet de tirer son épingle du jeu dans certaine situations…
Pour la tresse, je reste, comme toujours en casting, sur la YGK Upgrade X8, en PE 1.2 ou 1.5.
Leurres, conditions et saisons :
L’ouverture le dernier samedi de mai est évidemment un moment privilégié, les poissons n’ayant pas vu l’ombre d’un leurre depuis plusieurs mois. Le classique Megabass I jack et son système bruiteur RAB rend alors les poissons totalement dingues. Idem pour le Vatalion 115F qui fait partie des références. Privilégiez les coloris Mat tiger, perch et GG Kin buna pour le Vatalion. L’eau est bien souvent tourbée et trouble en polder et ces 3 coloris sont parmis les plus efficaces dans ces conditions.
La profondeur étant très faible, c’est le moment où jamais d’utiliser vos leurres de surface.
Si le vent se lève, pas d’hésitation : sortez vos spinnerbaits, particulièrement en fin de journées ensoleillées. Même si je garde un petit faible pour le défunt DUO Cambiospin et son armature souple, le Megabass V9 V KEEL fait entièrement le travail. Caractéristique commune à ces 2 modèles : un hameçon longue tige pour limiter les loupés.
Le chatterbait WILD HEADER est une dernière valeur sure, particulièrement si il est monté avec un bon trailer :
- Une « craw » évidemment, car les écrevisses pullulent dans ces canaux. Il n’est d’ailleurs pas rare de voir des nasses, posées par les riverains de manière tout à fait légale.
J’ai un petit faible pour la Vagabond Air bait Hawg, qu’il ne faut cependant pas enfiler jusqu’au bout de la hampe de votre hameçon. Le but d’un trailer est de dépasser sans se « noyer » dans la jupe de votre chatter.
- Un X layer curly, qu’on ne présente plus. Pour avoir testé différents type de trailer, le doute n’est plus possible. Voilà LE trailer qui fait la différence sur le brochet…et pas que !
Le dernier conseil que je donnerais est simple : pêchez au plus proche des obstacles, prenez des risques. Si l’espace n’est pas vaste, vous vous rendrez vite compte que ça se joue souvent à 20 cm.
L’été est clairement la saison à éviter : lentilles, eau chaude, végétation…
La meilleure période débutera avec les premiers jours d’octobre, quand les eaux se rafraîchissent.
Décembre et janvier sont bien souvent plus compliqués, et février peut réserver de bonnes surprises.
N’hésitez alors pas à monter en taille de leurres, tout en gardant en tête que vous pêcherez dans des profondeurs bien souvent inférieures à 1m50… si les coloris Mat tiger et Perch restent des valeurs sures, le coloris Ablette est lui aussi excellent par temps lumineux. Spark shad 7 pouces, Mag Draft et Mag slowl seront de précieux alliés pour des prospections lentes en linéaire.
Comme à l’ouverture, n’oubliez jamais quelques spinnerbaits, ainsi quelques souples plus «traditionnels », tel un One up 6 pouces en coloris Baby bass par exemple…
Il m’est aussi arrivé à cette période de rencontrer des brochets actifs mais uniquement sur de « petits » leurres. Ces derniers chassent en effet dans des bancs de petits poissons fourrage. Il ne faut pas alors hésiter à sortir un One up shad 4 pouces (coloris sombre), ou bien même un petit spinner de type One Up Spin. Attention cependant, car si ce dernier prend des brochets, son armature n’est pas réellement conçue pour…
Dernier petits conseils : OSEZ pêcher, peu importe la profondeur ou la largeur des polders. Il m’est arrivé à de nombreuses reprises de prendre un brochet dans des zones où les riverains n’auraient jamais soupçonné la présence de poissons. Evitez cependant les eaux totalement brunes, souvent peu prolifiques.
Attention enfin aux cyclistes, omniprésents dans ce plat pays où le vélo est un sport national.
A bientôt, en Hollande ou ailleurs,
Rémi