A l’heure où je vous écris ces lignes, je suis dans ma tente, cela fait maintenant deux semaines que je vis dans celle-ci. Ce soir il fait un petit peu plus frais, un léger vent rentre par les fenêtres et je suis bercé par le bruit des grillons et grenouilles, tout est si calme ! Je pourrais facilement sombrer dans un profond sommeil seulement voilà, à quelques mètres de ma tente j’entends de temps à autres d’énormes mâchoires se refermer, proches des nénuphars du lac à côté du quel je campe, dans d’énormes « SPROUSH » ! Il s’agit bien évidement de chasses de barramundis et à en juger au bruit que cela fait, il s’agit probablement de beaux sujets ! Je suis comme un enfant la veille de noël, vivement demain…
Mais si j’ai pris mon ordinateur avec moi ce soir, c’est pour vous raconter ce que j’ai fait lors de ce dernier mois. Je vous avais laissé (ndlr : cf article Australia Pt.2) après l’achat de mon kayak et mon départ vers Mareeba, un village fermier dans lequel je suis resté trois semaines pour travailler 6 jours sur 7 dans une ferme de citrons. J’ai donc eu peu de temps de pêche et ma vie fût rythmée par mes nuits dans la tente et la cueillette quotidienne de 8 heures sous un soleil de plomb.
Durant cette période je n’ai pu m’accorder que quelques sorties au lac Tinaroo qui furent soldées par un cuisant échec à chaque fois, seul ce poisson archer de rivière m’aura accordé quelques sensations, je ne m’attarderais donc pas plus sur cette partie.
Est ensuite venu le temps du retour à Cairns et à de nouvelles sorties en mer, quel bol d’oxygène après ces semaines de travail ! J’aurais l’occasion de faire deux sorties autour d’un îlot où j’aurais pris un tas d’espèces différentes allant du poisson de roche aux petits pélagiques sur chasse. J’ai donc alterné entre leurres de surface, jerkbait et casting jig.
J’avais beau adorer cette ville, il était temps de pour moi de laisser mes amis et de débuter mon voyage vers le sud avec comme objectif final le murray cod. Bien sur, je n’avais pas oublié les barramundi, j’avais donc programmé de faire des stops de plusieurs jours sur différents lacs.
Le premier d’entre eux se situe à plus de 4 heures de Cairns et se nomme le barrage Peter Faust. Après avoir écouté les nouveaux épisodes du fishing club sur la route, je suis arrivé plein de motivation au bord du lac avec enfin la liberté de pouvoir m’accorder plusieurs jours de pêche ou de « ponçage » comme on le dit chez nous ! Cependant, je gardais en tête mon échec à Tinaroo et préférais ne pas me réjouir trop tôt. J’ai donc essayé de faire le tour du lac en 4X4 par les chemins (chose finalement impossible) avant de finalement comprendre qu’il n’y avait qu’un seul lieu de camping autorisé : dans le bas du lac, très loin des forêts immergées.
J’étais un peu déçu car toute les photos et vidéos de prises que j’avais pu voir avait été faites dans ces forêts d’arbres morts. Peu importe, j’étais bien motivé et le fait d’arriver au bord d’un lac plein et garni d’herbiers me rappelait mes pêches de brochets et me mettait en confiance ! J’ai donc mis mon kayak à l’eau pour les dernières heures de la journée et suis parti en prospection. J’ai rapidement aperçu une forme étrange dépassant juste au dessus des herbiers, j’ai d’abord pensé à un crocodile puis en regardant mieux, j’ai compris que c’était une énorme dorsale ! J’ai alors tenté un lancé et le poisson a fuit en laissant un remous derrière lui…
J’avais monté un gros leurre de subsurface pour essayer de passer dans la fine couche d’eau libre entre la surface et les herbiers. Rapidement, j’obtains un suivi mais ce sera finalement la seule chose qui se passera durant cette heure et demi de pêche. J’ai alors pris la décision d’aller me coucher très tôt pour me lever à 4h, soit 1h50 avant le lever du soleil. En forme et résolu à en découdre avec ces grands barramundis, je me retrouvais sur l’eau dans cette grande zone peu profonde alors que la lune laissait sa place au soleil. J’aperçu rapidement d’autres caudales, mais ne trouvais pas le moyen de les déclencher et l’absence de touches me faisait douter, j’étais déjà en place depuis plusieurs heures mais ne trouvais pas de solutions ! A ce moment là, je remarquais quelque chose, de plus en plus de barramundis qui jusque là se tenaient dans la végétation, la tête vers le bas et la caudale vers le haut, commençaient maintenant à se déplacer lentement et à plat ! Je pouvais voir la caudale plus la dorsale. En essayant d’intercepter leur trajectoire avec un mon gros leurre (Megabass Grenade), je finis par prendre une violente touche !
Malheureusement le poisson m’arracha l’anneau brisé, quelle violence ! J’aurais pu être déçu mais au contraire, cette touche ravivait l’espoir, et après avoir changé mes anneaux brisés j’ai recommencé ma prospection pendant 30 minutes en vain. J’ai donc pensé à être réactif, ils bougeaient et n’étaient désormais plus visibles dans les herbiers, j’ai donc tenté de partir les chercher à la limite des herbiers et de la pleine eau. Après quelques lancés au magdraft, je pris une violente attaque que je n’ai pu concrétiser. Elle fut suivit de deux autres, ils étaient actifs mais je ne trouvais pas le leurre adéquat ! Je cherchais donc dans ma boite de quoi passer à un ou deux mètres sous la surface sur des lancers courts. Mon Megabass Big M 4.0 semblait tout indiqué, surtout qu’il est de la même couleur que le Grenade sur lequel j’avais pris cette touche si violente ! J’avais à peine fait 10 lancés que je me retrouvais de nouveau attelé à un poisson surpuissant qui tractait mon kayak avant de finir par s’envoler dans une superbe chandelle devant moi en se décrochant. Je restais scotché devant cette puissance et l’épaisseur de ce poisson, celui-là mesurait plus du mètre à coup sûr ! Puis rien ne se passa jusqu’à 13 heures et je décidais donc de rentrer manger et faire une sieste. J’étais étrangement satisfait et confiant alors que j’avais raté 5 opportunités d’enfin prendre un barramundi géant… De retour sur l’eau à 16 heures, je recommençais les même stratégies que le matin, sans succès, je n’ai pas pris une touche de l’après midi. Après les événements du matin, impossible d’admettre de partir sans prendre un de ces gros barramundis.
J’ai donc recommencé le même programme le lendemain matin, à la différence que j’ai essayé de traverser le lac pour être proche d’arbres noyés sur le coup des 9 heures, en vain, ce sera une journée sans la moindre touche, le moral en avait prit un coup mais j’acceptais avec courage le défi mental qui se présentait. Si il le fallait, j’allais rester une semaine seul au bord de ce lac, mais il était hors de question d’échouer à nouveau.
Je me levais ainsi pour la troisième fois au bord de ce barrage, avec cette fois-ci un peu plus de pression car j’avais réalisé que mes ressources en eau allait me forcer à quitter les lieux dans la journée, c’était ma dernière opportunité et la pensée de partir sur un échec me nouait la gorge. J’étais cependant intimemant persuadé que comme toujours, la ténacité finirait par payer. Ma stratégie était simple : passer ma matinée à pêcher les herbiers jusqu’à 9 heure, puis m’éloigner légèrement en pleine eau jusqu’à midi. Comme les autres jours, les barramundis se tenaient en position verticale (la queue en l’air) dans la végétation aquatique. Lorsqu’il fut 8h30, ils commencèrent comme d’habitude à se déplacer un peu, je tentais à ce moment là de faire nager à jerkbait à longue bavette (megabass vision R+3) dans les herbiers pour les surprendre sur des lancés courts. Je pris une touche ainsi et perdu un poisson qui attaqua au kayak.
Le temps passait, il était déjà 9h30 et l’activité semblait à son comble. J’ai alors essayé de faire passer un gros leurre souple (Gan Craft Bariki shad) non plombé sur un montage anti-herbe juste sous la surface. Alors que le doute s’installait de plus en plus, ma canne me transmit une violente secousse ! A peine ai-je eu le temps de ferrer que le poisson me prenait plusieurs mètres de tresse et s’envolait sur deux chandelles consécutives, il était énorme, probablement plus de 110 centimètres. Il finit par plonger dans un obstacle au milieu des herbiers et brisa la tresse. Pas question de s’énerver et de perdre son sang froid, il fallait être réactif et refaire au plus vite la ligne tant que les poissons bougeaient. J’ai alors pensé à augmenter la longueur de mon bas de ligne en fluorocarbone pour éviter les frottements de la tresse sur les obstacles. Au moment de choisir mon leurre, je repensais à ce que m’avait dit ce bon vieux Nicolas Guichon : « Pour prendre les poissons d’un pays, tu dois dans un premier temps utiliser les leurres conçus dans ce pays ». J’avais donc choisi de monter un jerkbait Scorpion de la marque Australienne Halco (ndlr : le scorpion est l’équivalent du leurre que nous connaissons en France sous le nom de Sorcerer).
Il était maintenant 10 heures et l’activité semblait s’être stoppée et je n’avais jamais pris une touche à cet horaire là les jours précédents. Je ne lâchais pas et jerkais mon leurre à la limite des herbiers lorsqu’une énorme gueule vint smasher mon leurre. Le poisson était piqué et commença à me prendre du fil. Gardant en tête les précédents échecs, je mis la pointe de ma canne dans l’eau sans trop mettre la pression sur l’animal mais juste suffisament afin de l’empêcher de sauter et de se secouer en l’air trop longtemps. Après un long et angoissant combat, je finis par glisser ma main dans l’ouïe… Quelle joie ! Je lui passais une fine corde dans l’ouverture branchiale en prenant soin de ne pas le blesser et filais au bord pour faire une ou deux photos et le mesurer.
Il était colossal, 109 centimètres pour probablement une quinzaine de kilos ! C’est le poisson dont je rêvais et qui avait occupé toutes mes pensées depuis trois jours !
Il reparti avec une grande nonchalance et je restais assis quelques minutes sur le bord en plein soleil, envahit d’une joie immense que seule la pêche peut me procurer… En cet instant, je me disais juste : « c’est dommage que mes frères ne soient pas là pour partager cette euphorie ! »
Il était alors l’heure de quitter ce bel et paisible endroit pour partir me restaurer et sociabiliser après cette longue solitude dans un camping de la magnifique ville côtière de Airlie Beach. La pêche a beau être sensationnelle, à un moment, la solitude devient pesante.
Je ne m’attarderais pas sur ces quelques jours à Airlie durant lesquels je n’ai que très peu pêché mais où j’ai eu l’opportunité de prendre mes premiers requins aux leurres en kayak en cherchant les carangues GT !
Après vous avoir raconté ce beau souvenir qu’est la capture de mon premier barramundi métré, il est temps de revenir au présent et donc, dans ma tente. Il est maintenant presque 11 heure, et les bruits de chasses sur le lac se sont stoppé. Je dois aller me coucher pour me lever tôt et qui sait, peut-être prendre un autre géant dans les jours qui viennent !
Je tenais à vous remercier pour tous les messages d’encouragement que vous m’envoyez, ça semble anodin, mais c’est tellement plus facile quand on se sent suivi et soutenu !
En espérant que la prochaine partie soit riche en prises et en anecdotes à vous raconter, à bientôt !
Tom.