Difficile de trouver cours d’eau plus occidental que celui que j’ai choisi pour cette ouverture de la pêche de la truite 2014 que j’ai faite en compagnie de mon pote Benoit Ducroux, sorti de sa belle île pour venir fouler les prairies continentales ce week-end. Debout 6 h après une courte nuit, because apéro qui dure longtemps avec tous les copains truiteux la veille… Malgré quelques hésitations pour retrouver la route et quelques minutes de retard sur l’heure légale d’ouverture, nous sommes les premiers sur le poste. J’ai choisi un cours d’eau de petit gabarit où j’espère ne pas être trop dérangé par la concurrence… en réalité nous pêcherons seuls pendant un peu plus d’une heure avant de voir arriver l’envahisseur. Il en arrive de partout, certains sont sur nos pas et accélèrent pour nous doubler, d’autres garent leur véhicule plus haut… mais le comble c’est ceux qui nous arrivent d’en face en descendant le ruisseau aux eaux limpides, faisant fuir les rares truites qui étaient dehors.
A propos de truites, on en a pris 2 sur cette première portion avant d’y être dérangés ; 2 truites de taille classique pour nos petits cours d’eau granitiques où la croissance des poissons est particulièrement lente.
Bon, la kermesse de l’ouverture et la proximité avec des pêcheurs qui n’ont aucune discrétion dans leur approche, c’est pas trop notre truc… retour à la voiture et changement de plan. On va aller cibler les têtes du bassin versant et les petits tributaires où la majorité des pratiquants de l’ouverture n’imaginent même pas qu’il peut y avoir du poisson.
Je jette mon dévolu sur une zone de carexs que je n’ai pas pêchée depuis que je suis tout gamin mais où je pense qu’on va pouvoir pratiquer en toute tranquillité. Pari gagnant, on est les seuls sur le parcours et on va pouvoir finir notre matinée ici. Ce que j’aime avec ces petits ruisseaux bordés de carexs c’est que ces plantes créent non seulement un couvert végétal intéressant, gage d’apport nutritif important, mais aussi que leur implantation racinaire force le cours d’eau à effectuer des courbes, creusant ainsi de belles sous-berges capables d’abriter nos chères truites.
Par contre il s’agit de zones assez difficiles à pêcher car le milieu est très encombré et qu’on a rarement une fenêtre de plus d’un mètre pour pêcher, la pêche aux poissons nageurs y est presque impossible… le roi des carexs c’est le vairon manié qu’on va aussi bien pouvoir animer sur un plat ou poser sous une berge creuse. Bref, on range nos poissons nageurs et on passe en mode « viande »… sortez les godilles !
Très vite les prises s’enchaînent, pendant un moment chaque trou nous réserve sa touche, ça y est nos mains sentent le mucus ! Il s’agit principalement de petits poissons, mais quelles robes superbes !
Ben, qui n’a pas souvent l’occasion de pêcher ce type de milieu et de voir autant de truites, a le sourire jusqu’aux oreilles, il en oublierait presque que c’est l’heure du casse-croûte. Moi non !
Allez je lui laisse un dernier trou et on y va !
Passage éclair à la boulangerie et à la charcuterie… on a du pain tout frais et deux grosses tranches de pâté, on devrait avoir le droit de rentrer chez Julien et de nous joindre aux copains pour la traditionnelle collation d’ouverture. Ça débriefe dur, Ju, Lélé, Seb et Fabian sont eux aussi contents d’avoir retrouvé leurs ruisseaux et ont plutôt bien pêché… tout le monde a la banane, c’est parfait. Le pâté, les sardines et les maquereaux prennent cher ! Un café salvateur et on repart pour un tour !
C’est toujours difficile de trouver un bon parcours le samedi après midi. Presque tout a déjà été fait le matin… Cette année je joue la prise de risque en allant chercher un tout petit tributaire presque impraticable. Ça fait des années que je me dis qu’il faudrait que j’essaye ce secteur mais j’ai toujours abandonné devant l’encombrement des rives et la difficulté à y évoluer… C’est le genre de ruisseau où il faut passer 10 minutes à se battre avec un roncier pour trouver un linéaire où on peut poser 3 lancers. C’est l’archétype du poste où tu attrapes une grosse suée, où tu laisses la moitié de ton matos dans les arbres, où tu te fais griffer de toute part par les ronces et où souvent tu ne prends rien parce que finalement il n’y a pas beaucoup de zones pêchables et peut être pas assez d’eau pour tenir des truites ? Bref, ça sent le plan foireux mais par contre c’est aussi l’assurance d’être les premiers à passer et c’est ça que je cherche.
Coup de fil de mon pote Erwan qui cherche une idée pour l’après midi, il adhère finalement la mienne et nous rejoint. On sera donc 3. Les ronces et les truites n’ont qu’à bien se tenir ! Erwan et Ben prennent assez vite les premières touches validant la présence de truites. Quelques ronciers plus loin je sors la première au fruit d’un passage de mon vairon sous une berge parfaitement creuse… il y aurait eu un panneau « lancer ici ! » que ça n’aurait pas été plus évident !
Au passage, on monte un petit peu en taille : 29 cm, ça commence à être pas mal du tout pour nos ruisseaux. Et finalement, il n’est pas si mal notre petit ruisseau, certes il y a des parties un petit peu galère à passer mais il y a quand même un peu de linéaire pêchable et quelques postes assez marqués avec des beaux trous. Erwan et Ben prennent des poissons à leur tour… et on commence à rêver à une grosse truite car il y a vraiment des zones qui puent la présence de ce type de poisson. En plus c’est varié, on passe de la prairie, au sous bois et au marais en à peine 100 m. Certains endroits sont sublimes, d’autant plus que la lumière s’est invitée pour une des premières fois de l’année… ça fait du bien aux yeux !
On arrive finalement à la fin du parcours, le ruisseau se sépare ensuite en 3 branches, trop petites pour tenir encore des truites. Nos ultimes espoirs résident dans les 3 où 4 derniers trous bien marqués dans une portion un peu plus plate et moins courante, et c’est moi qui vais avoir la chance d’y prendre la touche attendue, cette fois c’est plus lourd… la truite était sous un amas de bois qui couvre le ruisseau et je vais mettre un petit moment avant de la sortir de là. Elle est magnifique, pour le coup c’est vraiment un très beau poisson pour notre secteur et pour un cours d’eau aussi petit.
Habituellement je ne mesure pas mes poissons, je n’ai d’ailleurs pas de mètre dans mon matériel de pêche… Erwan si, avant de rejoindre son élément dame fario passe donc rapidement sur la toise : 41 cm, ça doit faire presque 10 ans que je n’en ai pas pris une de cette taille dans nos petits ruisseaux. Erwan et Ben sont presque aussi heureux que moi, c’est vraiment sympa de pouvoir partager ces plaisirs simples avec des amis. Ça sera le dernier poisson de cette journée d’ouverture qui se clôture donc de la meilleure des façons. Je crois qu’on va continuer de cibler les petits ruisseaux pendant quelques jours en attendant que la foule se disperse sur les parcours plus larges et que le débit baisse encore un petit peu, ça sera alors l’occasion de ressortir les poissons nageurs qui trépignent déjà d’impatience.
En attendant, ce soir rendez-vous avec tous les potes pour un gueuleton chez Seb : patates à l’eau / pâté hénaff ! Une fois de plus ça va parler poisson et manger cochon, bienvenue en Pays Bigouden !