C’est devenu une habitude, tous les ans, entre février et mars? nous partons Martine et moi tenir le camp d’Acunda. C’est l’occasion pour Eric et Carole de prendre quelques vacances méritées et pour nous de retrouver les Bijagos ! Pour la petite histoire, nous avons été les premiers en 1988 à débarquer sur ces îles alors inconnues pour y installer un camp de pêche. Durant 9 ans, j’ai sillonné toutes ces eaux et mis en valeur des spots fabuleux. Il n’y avait personne à cette époque et la pêche « au lancer » était tout simplement fabuleuse. Carangues et tarpons faisaient partie de notre quotidien, du bord ou en bateau, mais toujours avec une canne à lancer ! C’est ainsi que le popper a fait son apparition en France.
Depuis tout a bien changé. Beaucoup plus de monde et forcément moins de poissons. Mais il y a 8 ans, par le biais d’un ami commun, nous avons découvert la petite île d’Acunda ainsi qu’Eric et tout son staff. Une super amitié est née et après de multiples voyages comme guide de pêche, nous participons maintenant au bon fonctionnement du camp. Une belle histoire de confiance.
Acunda est le seul camp situé à la frontière de l’océan, avec des solutions de pêche qui sortent de l’ordinaire. C’est un domaine de superbes poissons accompagné d’une densité qui me surprend éternellement ! Il y a là 5 bateaux skippés par d’excellents marins qui connaissent toutes les subtilités de la zone. Nous connaissons le staff depuis de nombreuses années et travailler avec eux reste un plaisir dans notre parcours.
L’année dernière je n’avais pas noté une seule mauvaise journée de pêche et pour cette nouvelle saison la constatation sera identique ! Sur 50 jours de pêche, c’est quand même pas mal ! Bien sûr, parfois un bateau passe à travers mais sur l’ensemble des embarcations le résultat est très intéressant. Avec quotidiennement des anecdotes sur les gros poissons, cobias et diabars. « Diabar » est le nom sénégalais des grosses carpes rouges, celles qui nous font tant de misère ! Le nombre de casse sur cette espèce est absolument incroyable ! Mais quand sur le bateau un poisson de 20 kg ou plus est mis au sec, c’est une explosion de joie générale ! De magnifiques moments… Pour les cobias ils sont plus faciles à maitriser puisqu’ils ne profitent pas des obstacles mais le plaisir est tout aussi intense. C’est mon espèce préférée et je me complique la tâche en les recherchant au leurre. Tout au long de notre séjour, j’ai noté quelques anecdotes et analysé des techniques assez efficaces…
Le rôle de la canne, du moulinet et de la tresse
Mon équipement favori, au leurre ou au vif pour le cobia et le diabar c’est ma Tenryu Quatro Grand Traveler. Une canne donnée à 80 lb mais que j’utilise en 60 lb. J’ai un petit moulinet type 8000 garni de tresse YGK Castman PE 4 ce qui correspond à un 60 lb annoncé. Une tresse assez fine qui me permet de contrer les courants forts. L’importance d’être toujours en direct avec son bas de ligne. Il faut pêcher précis et ressentir chaque ondulation du leurre ou du vif. Le bas de ligne est un shock leader YGK en 130 lb. Ce qui change après c’est le réglage du frein ! Pour le cobia je reste tranquille, surtout que les gros sujets font de longs démarrages rapides. Mais pour le diabar, sur des leurres coulants ou au vif, j’utilise toutes les qualités de cet assemblage. Le frein est serré ou plutôt bloqué à 8 kg. Je pêche avec le scion proche de la surface et en cas de touche je ne cherche surtout pas à relever la canne. Impossible. Mes pompages sont ultra courts, rapides et répétés. Pour maintenir la gueule du poisson vers le haut. Car si le diabar se positionne la gueule en bas, attention au démarrage et à la casse qui va suivre ! Car avec une telle tension, maitriser sa canne peut s’avérer compliqué ! Evidemment j’incite les pêcheurs que j’accompagne à pêcher ainsi, uniquement si la qualité du matos le permet. Disons, pour éviter un festival de cannes cassées… Mais ça reste une technique bien excitante ! Après, si la carpe rouge est très lourde et les roches trop proches, comme tout le monde j’ai droit à une sanction immédiate ! Pendant ce février/mars, nous avons pris plusieurs dizaines de beaux diabars…
Cap sur les cobias !
La pêche du cobia au leurre c’est bien évidemment possible mais les résultats sont très irréguliers. Surtout avec le comparatif pêche au vif. Prendre déjà plusieurs cobias au vif pour comprendre leurs multiples réactions est souhaitable. Seulement après, une prospection des postes au leurre est intéressante. Lorsque 3 pêcheurs partagent le bateau, je préfère qu’un seul se risque sur les leurres. Nous avons ainsi un comparatif précis. Ne pas s’obstiner. Mais c’est vrai, en surface ou au ras du fond, il nous arrive de plier plusieurs fois les cannes sur des cobias ferrés sur un leurre. Je préfère un stick coulant comme le Slidog 125 ou 150 pour la surface avec la possibilité de le laisser couler légèrement. Ce stick de chez Halco possède une nage incroyable, quel que soit le type de récupération. De plus, il est d’une solidité à toute épreuve. Je le conseille sur toutes les destinations, même en eau douce ! L’autre solution est un leurre plus lourd pour le fond, tel que le Halco Max 130. Un leurre ultra efficace dans des eaux relativement troubles. Ce sont mes bases. Pêcher le cobia en surface est souvent lié à un instant visuel et précis. Il ne faut pas perdre une seconde ! Mais la plupart du temps, c’est à proximité du fond que nous les recherchons. Un bon sondeur permet de repérer quelques échos suspects. La priorité reste un excellent marin et des dérives vraiment pointues. Les maniements relativement lents sont plus efficaces. C’est un poisson qui sait observer le leurre avant de mordre. Le bas de ligne doit donc être discret mais suffisamment costaud pour pouvoir maitriser le poisson au bateau. Car la presque totalité des cobias sont relâchés, un comportement logique à mes yeux. Un gros cobia est capable de sortir énormément de tresse du moulinet. Sur un long départ non loin de la surface. Pour cela ne pas serrer son frein trop fort, les poissons de 30 kg et + sont fréquents ! Sans compter que parfois c’est un poisson nerveux d’une autre espèce qui attaque, comme un gros barracuda !
Festival de carangues à tous les étages !
Si les carangues viennent toujours chasser en surface, comme au bon vieux temps, pour en capturer beaucoup et régulièrement mieux vaut savoir prospecter toutes les couches d’eau. Du fond jusqu’à la surface. Il arrive qu’un bateau relâche plus de 50 carangues de toutes tailles sans en faire une seule à l’aide d’un leurre de surface. Au fil des ans, le comportement de ce poisson a bien évolué. Peut-être un instinct de protection face aux filets et aux pêcheurs ? Toujours est-il qu’il y en a encore beaucoup, c’est juste à nous de nous adapter. En surface j’utilise le Roosta Halco 135 et le Feed Popper 135 & 150. Des valeurs sûres ! Parfois sur un poste plus profond je tente un Roosta 195 avec pour seul but la prise d’une très grosse Hippos. Côté stick c’est encore le Slidog 125 que je préfère, avec une récupération plutôt rapide ou même très rapide. Ensuite, entre deux eaux, le BKS 150 se révèle merveilleusement efficace…
Mais pour débloquer une situation compliquée, lorsque le sondeur nous indique une boule de carangues proche du fond, rien ne vaut un casting jig ! Car il est fréquent que ces poissons ne montent pas vers la surface. Il faut donc aller les provoquer là où nous les avons repérées. Lorsque le courant est engagé, il est intéressant de pêcher avec une canne plus légère comme la Diablo Travel 50 et une tresse plus fine. Le jig descend plus vite et nous l’animons avec beaucoup de ressentis. Un jig un peu planant est franchement efficace. Après c’est la profondeur et le courant qui vont nous indiquer le poids idéal. Il n’y a donc pas une vérité absolue. La gamme Sea Falcon offre bien des solutions. Avec cette technique, il est vrai que nous avons à faire à des poissons de moyennes tailles. Mais techniquement parlant, c’est ludique et amusant !
J’aurais pu parler de multiples anecdotes qui tournent autour des grosses prises. Mais il ne faut pas oublier la technique. C’était mon rôle à Acunda, j’en ai fait profiter ceux qui écoutent !