Retour à Djibouti après quelques années d’absence. C’est mon douzième voyage sur ces terres brulées par le soleil. Et sans hésitation, c’est la formule bivouac pêche qui reste mon unique priorité. Grosse intendance et organisation méticuleuse dans ce pays où les chaleurs extrêmes se vivent au quotidien. Notre but ? La pêche au leurre et la recherche des ignobilis de belles tailles !
Après un voyage sans faute qui nous fait passer des fraicheurs françaises à la lourde chaleur djiboutienne, par le biais d’avions, de 4×4 et de bateaux, nous nous installons dans notre camp, notre base vie. C’est du rustique, du fonctionnel ! Je retrouve Hamed, un marin avec qui j’ai pêché il y a près de 20 ans… Pas le temps de se reposer, nous montons chacun une solide 80/100 lb, quelques gros poppers lourdement armés et nous partons lancer pour cette fin d’après midi. 2 bateaux, 3 pêcheurs par embarcation et c’est parti.
Ce premier coup de pêche sera motivant avec déjà quelques belles ignos. Nous retrouvons ces attaques incroyables où la surface semble exploser ! 8 poissons relâchés dont la moitié dépasse les 1,20m. Parfait, nos bras ont bien travaillé ! Ce sont aussi 2 casses assez incompréhensibles, affaire à suivre…
J’ai avec moi 5 pêcheurs. Dont Bouly qui en est à son 9 ième voyage à Djibouti et Gérard à son 7 ième ! Les autres sont néophytes en ces lieux. Pour Gérard c’est amusant, il n’était pas du tout prévu. 5 jours avant de partir un désistement cause maladie me déséquilibre le groupe. J’appelle in extremis mon fidèle GG dans le style : prépare tes bagages, dans 5 jours tu viens avec moi à Djib ! Fidèle de chez fidèle, il est arrivé avec son maroilles et ses 1m de saucisson coincé entre deux cannes dans son tube ! Côté bivouac, nous ne manquerons de rien, deux sacs de glace tous les jours, de l’eau en vrac et un cuistot qui nous concoctera des plats midis et soirs. Sans jamais un seul grain de sable malgré une cuisine au ras du sol ! Bravo ! Et un Ali toujours prêt à rendre service. Certains dorment dans la grande tente en toile ajourée, d’autres comme moi vont passer la nuit plus loin, au calme. Un chacal vient me voir toutes les nuits, nous apercevrons également quelques gazelles du désert, ainsi que de nombreux rapaces.
Pour la pêche les horaires sont assez élastiques, tous les jours je vois avec Hamed les meilleurs créneaux pour ferrer quelques beaux poissons. Tout se fait à l’instinct, au feeling. Le poisson le plus recherché reste l’ignobilis. Nous en prendrons pas mal, plus de 70. Pas de petites, les poissons de 1,20m à 1,30m seront majoritaires. La plus grosse sera prise par Mathieu 1,32m, très large, ce qui fait un bon et honnête 33 kg. Nous allons croiser des périodes de recherche, où il faut s’accrocher mais ne jamais baisser les bras. Tous les jours nous aurons droit à une folie en surface, avec des attaques à répétition, des combats acharnés et une constante recherche d’équilibre dans les bateaux ! Aucune bagarre n’est anodine… Parfois l’attaque survient vers le bateau, la position est forcément inconfortable à cause de nos freins bien serrés. Et l’angle très fermé de la canne. Sur ces petits bateaux, 10 à 12 kg de frein à la sortie du moulinet demande des efforts évidents ! Nous évitons les triplés en sachant qu’un doublé c’est déjà pas mal à gérer dans les vagues. C’est toujours fort en émotion de passer d’une heure ou deux de bredouille à une activité intense ! Les poissons sont là, les attaques spectaculaires accompagnés de cris et de superlatifs !
Amusant de voir que le popper Halco Roosta 195, une sorte de vétéran, sera le leurre du séjour ! Les requins feront une coupe franche dans notre stock qui finira…à sec ! Et pour les moments plus difficiles, le stick Halco Slidog 150 sera une incroyable solution. J’adore ce leurre et je vais souvent plier ma canne avec l’un d’eux. Parfois en récupération ultra rapide, parfois plus lentement.
Les hameçons simples auront un bon rendement mais les triples, notamment Decoy seront supérieurs. Parfois au milieu de rien, en pleine eau, le bruit de nos pops fait monter une bande d’ignos agressives, que du bonheur !
Nous prendrons également une centaine d’autres poissons d’espèces variées. Des barras de belles tailles, un seul thasard, des carpes rouges, des mérous, des carangues jaunes et quelques beaux requins dont Gérard s’est fait une spécialité !
Dans ces cas là c’est en laisse, le moteur au ralenti et direction la plage la plus proche. Pour enlever le leurre en toute sécurité. Essentiellement des requins pointes noires, d’un peu moins de 2m. Le seul voilier touché n’a pas été pris.
Côté cannes les Travels seront à la fête. Notamment la Furrary 130 et la 80 que nous pouvons considérer comme une canne plus légère !
La Grand Traveler Quatro est également intéressante dans le même registre. Il est important d’avoir deux cannes sous la main. Les actions sont rapides, pas question de perdre du temps. La plus forte avec un popper et l’autre avec un stick coulant, ça été ma formule. Pour les tresse, la YGK en 113 lb pour la canne la plus puissante. Cela apporte une certaine sécurité. Lorsque les ignos attaquent en groupe, le risque qu’une tresse en pleine tension touche un autre poisson est réel, cela peut se traduire par une casse inattendue. Bouly a cassé une dizaine de fois, de quoi mettre sérieusement en doute la qualité de sa tresse. Malgré les conseils il n’a pas changé sa ligne, une erreur. Il arrive, pour toutes les marques, qu’une bobine soit défectueuse. Il ne faut pas s’entêter, dés la deuxième casse mieux vaut changer de tresse. Pour ne pas pêcher avec la crainte. Il sera temps plus tard de voir si la résistance du fil est en cause.
A noter les plongées répétées pour admirer des fonds absolument magnifiques. Des poissons de toutes les formes et les couleurs. Un domaine où les plus petits sont souvent les plus beaux… Avec quelques tortues spectatrices. Je crois que Fabrice passera plus de temps dans l’eau que les pieds sur terre ! Parfois la nuit une grande murène vient pratiquement s’échouer devant nous en suivant les effluves d’un poisson ou deux gardés pour la cuisine.
Ce type de séjour est le plus souvent agrémenté d’une superbe ambiance sur les bateaux et surtout au camp. Un moment bien réel, ultra convivial que nous avons tous apprécié ! 3 jeunes, 3 anciens, ça déménage !