Après une nuit au sommeil agité par l’excitation que provoque l’espoir d’une belle pêche de barramundi, mon réveil sonne, il est 5 heure du matin. Comme si j’avais attendu ce moment toute la nuit, je bondis rapidement hors de ma tente pour me préparer un petit déjeuner à base de céréales. La lune est toujours présente et éclaire un lac qui semble bouillonner d’activité !
J’ai pris le soin de préparer toutes mes affaires la veille, je n’ai donc qu’à sauter dans mon kayak pour partir l’explorer. J’ai repéré sur Google maps une jolie baie peu profonde bordée d’herbier, c’est donc dans celle-ci que je vais commencer la découverte de ce barrage : Kinchant Dam.
Comme toujours avec les barramundis, il ne faut pas finasser, tresse en Pe 3 et bas de ligne en 100 lb pour éviter les casses (cqfd session 1). Au bout de cette ligne, j’ai monté mon Megabass Grenade, qui a semblé si prometteur sur ces zones peu profondes lors de la session au lac Peter Faust. Le jour se lève progressivement et je catapulte sans relâche mon leurre au ras des nénuphars en prenant soin de faire plusieurs passages à chaque spot prometteur, mais après 3 heures de pêche, rien ne se passe…
Sans sondeur, je prends 10 minutes à sonder avec une tête plombée pour essayer de comprendre si la zone est totalement plate ou si je peux trouver une fosse ou un chenal. Sur une des bordures, la disposition des tapis de nénuphars laisse penser qu’il y a peut être bien ici le lit d’une ancienne petit rivière. Je laisse couler ma tête plombée, effectivement, il y a environ 3-4 mètres de fond contre 1 mètre partout ailleurs dans la baie. Je m’écarte donc du spot et remonte mon Grenade. Je m’applique à le catapulter en plein milieu de cette zone plus profonde, puis, je le récupère très lentement afin de laisser un long sillon en surface… A la vue de mon leurre se dodelinant le dos en dehors de l’eau entre ces deux tapis de nénuphars, tout mes sens sont en éveil et je n’arrête pas de penser : « là, je suis dangereux ! ».
Il aura fallu moins de dix lancés avant qu’une énorme vague se lève derrière mon leurre laissant apparaître une mâchoire aspirant mon leurre dans un bruit si singulier ! Serein et presque averti en avance, je garde mon sans froid, laisse le poisson se retourner et déclenche mon ferrage !
Comme d’habitude, s’en suit un démarrage d’une grande violence puis quelques chandelles, je reste calme, la moitié de la canne dans l’eau pour empêcher le poisson de sauter et finis par le saisir par l’ouïe ! C’est un magnifique spécimen «probablement un autre métré » me dis-je…
Je sais à quel point ils peuvent être durs à capturer alors je considère cette journée comme déjà réussie. Le reste de la matinée donnera raison à cette pensée puisque je ne reprendrais pas une seule attaque.
Je rentre donc à mon campement et alors que je finis de manger, un bateau accoste a une centaine de mètres de moi. Je décide donc d’aller discuter 5 minutes, ça ne fait jamais de mal de socialiser un peu. C’est un pêcheur d’une quarantaine d’années nommé John. Le courant passe bien et il me propose de sortir en bateau avec lui, il aurait trouvé une arrivée d’eau sur le haut du lac où il a pris trois petits barramundis ce matin.
Je le laisse donc manger et c’est parti, ça fait du bien de remonter dans un bateau après plusieurs mois !
Nous arrivons sur le spot en question, il s’agit d’une dérivation de rivière qui s’est mise à couler en raison des orages des derniers jours. L’eau qui arrive est donc un peu plus fraîche et plus claire. On commence à peigner cette unique veine d’eau aux leurres de surface mais après une heure, rien ne se passe.
J’explique donc à John que, en France, je pêche les « zander » au jerkbait en animant tout doucement et que cela m’a réussi sur les barramundis d’estuaire. Il se pourrait donc que ce soit intéressant d’essayer ici ! Alors que j’essaie de lui montrer comment j’anime, je prends une super touche ! Je ferre malheureusement dans le vide… John me regarde avec un air dubitatif, pas vraiment sûr de ce qu’essaie de lui raconter le jeune frenchi.
Nous décidons donc de poser le bateau et de prospecter du bord, pour être au plus proche du courant en étant aussi plus discrets. Je continue ma manœuvre pendant que John surveille les quelques barramundis que l’on voit parfois se promener dans les zones les moins profondes. J’utilise un Megabass flap slap LBO que je promène tout doucement dans le courant en prenant le soin d’effectuer des pauses. Je suis rapidement sanctionné et le combat s’engage, bien que j’avais pris la precaution de changer mes triples, je sais que ces derniers restent relativement petits alors j’ouvre un peu le frein de mon moulinet et travaille ce beau poisson tout en douceur. Après peut être une minute de combat je finis par me saisir d’un beau poisson d’environ 90 centimètres parfaitement piqué dans le coin de la bouche !
L’arrivé de la nuit semble accélérer le déplacement des poissons et le temps de faire quelques photos a suffi aux poissons pour changer leur position. En effet, nous commençons à voir vraiment beaucoup de barramundis chasser dans très peu d’eau et proche du bord. John essaie de les faire monter au stickbait, sans succès. Je prends mon mal en patience et décide de ne pas monter tout de suite un leurre de surface. J’opte pour un jerkbait à bavette plus courte et flottant, le vision 95 de megabass. Comme avec mon flap slap, je fais en sorte de le faire bouger très lentement à la limite du courant. Un, deux, trois lancés et nouvelle sanction ! Ils sont en pleine forme et utilisent le courant, comme précédemment, je n’applique pas trop de force, gère le combat en douceur puis rentre dans l’eau me saisir d’un nouveau géant !
John chausse rapidement un jerkbait et le résultat ne se fait pas attendre non plus !
Les touches et les poissons s’enchaînent, on a même l’opportunité de réaliser un doublé au crépuscule !
La nuit arrive et il est temps, à mes yeux, de monter un leurre de surface pour parachever ce coup du soir avec la cerise sur le gateau, une explosion en surface !
Confiant en mon grenade, il me parait opportun de le mettre en première ligne ! Choix validé en 5 lancés avec un nouveau monstre !
Je suis sur un nuage et je n’imagine pas pouvoir rêver d’une meilleure session et pourtant, alors que j’essaie de me remettre de la violence de la touche du dernier poisson, une énorme masse noire vient se positionner à quelques mètres devant moi. Mon leurre est au large, je dois changer l’angle pour qu’il passe devant le nez du poisson. Je m’accroupis et fais quelques pas sur ma droite. Le leurre rentre dans le champ de vision du prédateur, une pause, je redémarre rapidement pour faire plonger mon leurre et d’un puissant coup de caudale ce gros barramundi propulse son énorme gueule vers mon leurre que je vois disparaitre. Je ferre cette bête presque directement dans mes pieds, j’utilise toute la puissance de ma canne pour ne lui laisser aucune chance de partir dans le courant car il est tellement imposant que j’ai peur de ne pouvoir l’arrêter si il se met à dévaler le courant… Grosse tension, la canne est pliée en deux et mon pouce sur la bobine met mon matériel au bord de la rupture ! En moins de dix seconde je retourne le poisson et me jette sur lui en plongeant la moitié de ma main sur la mâchoire inférieure, juste entre les deux gros triples en 3/0. Ca y est je le tiens fermement et le tire dans l’herbe, quelle incroyable séquence ! Je sais d’ores et déjà que celui ci est d’un tout autre calibre, il est assurément métré !
Le Grenade est rangé à l’horizontale entre les deux mâchoires, c’est décidément un coup de ligne parfait !
La toise annonce un poisson de 101 centimètres !
C’est ensuite au tour de John d’atteler un joli poisson en surface et il rajoute un autre 90+ ! A peine a-t-il fini de décrocher sa prise que c’est a mon tour de partir pour un nouveau rodéo ! Le luxe de faire un autre doublé de barramundi proche du mètre…
On relâche nos gros loups puis John me regarde et me lance un « What else ? ». On rit aux éclats, dire que nous nous connaissons seulement depuis quelques heures ! Il me confie qu’il pêche le barramundi depuis plus de 10 ans et qu’il n’a jamais vécu pareille session… Les poissons sont toujours actifs et nous enchaînons des poissons moyens, je ferais au travers un joli Sooly grunter, l’autre carnassier du lac !
La pêche reste bonne mais nous décidons de nous en arrêter là, comblés ! Nous reviendrons tôt demain matin !
Levé à 4h30, je quitte ma tente, avale quelques céréales et rejoins John pour un embarquement immédiat! C’est tout naturellement que nous nous dirigeons vers le même spot que la veille. John ouvre rapidement le bal avec un superbe poisson pris au stickbait.
Je le suis rapidement avec un autre petit barra’ puis ce fut ensuite le calme plat… Mais quel spectacle de voir le jour se lever sur un lac si calme ! A 9h30, John décide d’arrêter pour se reposer en prévision de la session nocturne, nous rentrons donc au camp. N’étant pas rassasié, je met mon kayak à l’eau et décide de retourner explorer la petite baie du premier matin. Je monte un magdraft et le promène autour des nénuphars. Je prends rapidement une ou deux touches que je rate, je switch donc d’une récupération linéaire à un stop and go.
ACCELERATION, PAUSE … ACCELERATION, PAUSE … BOOM !
Je me fais bloquer net au redémarrage puis le barramundi s’envole dans les airs, c’est parti !
Je m’arrêterais après ce poisson, il commence à faire très chaud, j’ai besoin de manger, dormir et re-préparer mon matériel pour le soir.
Il est maintenant 17h et c’est l’heure de retrouver John pour un nouveau coup du soir. Durant la pause, un violent orage a éclaté me forçant à me recroqueviller dans ma tente, l’occasion de faire une sieste au frais ! Bref, nous arrivons sur le spot, l’orage a teinté l’eau et le débit est un peu plus puissant que la vieille. J’ouvre le bal en peignant la veine d’eau avec un shad de 7 pouces, je ferai ainsi quelques petits poissons.
Ce fut ensuite assez calme durant quelques heures jusqu’à la nuit …
Alors que le crépuscule s’installe, nous apercevons quelques dorsales dans un remous de l’autre côté du courant. La zone est lointaine et peu profonde, je fouille alors dans mes boites pour trouver quelque chose qui pourrait se lancer loin et pêcher doucement dans très peu d’eau. Je choisis un gros jerkminnow à courte bavette (Duo realis Fangbait 120SR) et l’envoie directement dans la zone où l’on a aperçu les poissons et le festival commence, je prendrais une touche tous les deux lancés pendant une demie heure !
Je finirais même par prendre un Catfish local !
La soirée se termine ainsi, plus dure que la veille mais avec quelques beaux poissons quand même et une super entente avec mon nouvel ami, je pourrais changer de lac sereinement dès demain soir !
Nous prévoyons quand même une courte session le lendemain matin. Elle sera globalement assez dure, je prendrais le seul poisson de la matinée avec un magdraft 8 » French pearl.
C’est ensuite l’heure des adieux, ce fut une rencontre improbable mais tellement fun ! Il est désormais temps de reprendre ma route seul, du moins c’est ce que je pensais jusqu’à ce qu’une famille d’australiens vienne s’installer pour camper près de mon camping ! Ils mettent un bateau à l’eau et sont d’une grande gentillesse, c’est donc naturellement que je rembarque en début d’après-midi à bord d’un autre bateau, quelle chance !
Mon nouvel ami se nomme Jarent, il est constructeur de bateau de pêche en aluminum avec son père et son frère et… il connait bien les barramundis et les adore !
Nous avons le même âge, la même passion et mon anglais nous permet d’échanger convenablement c’est donc avec beaucoup de plaisir que j’accepte de passer la soirée avec leur famille. Après un repas autour du feux où la bonne humeur était de rigueur, ils me proposent de partir avec eux le lendemain pour la ville portuaire où ils travaillent : Mackay !
J’accepte volontiers et me voila embarqué dans une nouvelle aventure, j’ai hâte de découvrir cette ville et le boulot de « ma nouvelle famille adoptive » ! Je vous donne rendez vous dans quelques temps pour la suite de l’aventure et vous remercie encore pour tous vos encouragements !