Après avoir patienté pendant 3 longs mois et attendu avec hâte le retour du printemps et avec lui celui des bars sur nos côtes bretonnes, j’ai enfin pu retourner traquer mon poisson de prédilection. Depuis un peu plus de 10 ans j’ai pris l’habitude de partager pas mal de parties de pêche et d’informations avec mes amis Erwann et Boris qui ont la même passion que moi pour la pêche depuis le bord et la recherche des gros bars. Comme chaque année, dès le premier avril, nous sommes retourné fouler le sable, la vase et les rochers avec beaucoup d’espoirs, de détermination et de nouvelles idées.
Tous les ans c’est la même chose, il faut faire le tour des nombreux spots que nous connaissons, trouver ceux que les poissons ont investi et en délaisser (pour le moment) d’autres où ils ne semblent pas encore présents. D’une année sur l’autre cela change et nous ne sommes pas trop de 3 pour en faire l’inventaire. En général en début de saison on est souvent plus proche de la rando que de la pêche… on tourne en moyenne à 10 km de marche par sortie de pêche.
Une fois repérées quelques zones où le poisson est présent, il faut aussi identifier les moments de marée où les bars sont actifs et essayer de dégager des tendances (qui ne durent jamais très longtemps, on le sait) ainsi que tenter de cerner au mieux leur activité alimentaire. Enfin, il est toujours bon de reprendre confiance en quelques leurres qui semblent un petit peu au dessus du lot.
Je vous propose ci-dessous, en vrac comme ça vient, un petit bilan de ces premières semaines de la saison ainsi que des premiers enseignements que nous avons pu (ou peut être cru) en tirer.
full fluoro ou tresse ?
Cela fait plusieurs années que je me promettais de tenter l’expérience du corps de ligne en fluorocarbone plutôt que de l’association tresse + bas de ligne fluorocarbone. J’étais convaincu que dans des conditions calmes, des eaux claires et dans le but de cibler des gros poissons (sur le papier les plus difficiles à prendre) le choix d’un montage en fluoro complet pouvait m’apporter un avantage en terme de discrétion, tant sur le plan visuel que vibratoire. Je me suis donc résolu cet hiver à monter deux des 3 ensembles que j’utilise en full fluoro :
- Canne Tenryu Injection SP 77 ML + moulinet Megabass Lin 258 HM monté en fluoro Tenryu MI 207 F 6 lb soit 0.203 mm
- Canne Tenryu Tenryu Injection SP 73 M + moulinet Megabass Lin 258 HM monté en fluoro Gan Craft 10 lb soit 0.261 mm
- Canne Tenryu Injection SP 76 MH + moulinet Megabass Gaus 30 X monté en tresse YGK G Soul Real Sports WX8 PE 1 (16 lb)
Après quelques semaines d’utilisation je peux déjà vous faire un premier retour sur l’expérimentation du full fluoro pour la pêche du bar depuis le bord :
- Le fluorocarbone est plus dense que les tresses qu’on utilise pour ce type de pêche, il descend plus vite dans la couche d’eau et permet de pêcher très proprement dans les faibles profondeurs quand on se trouve au niveau de l’eau et qu’on arrive à « noyer » toute la bannière. Pour des pêches lentes à gratter c’est vraiment intéressant. Par contre quand on se trouve un petit peu en hauteur ou que l’on pêche un peu profond le poids du fluoro et en particulier celui de la bannière hors de l’eau fait perdre en contrôle par rapport à de la tresse.
- Dans le vent ou dans le courant il a tendance à créer un « ventre » plus prononcé que celui d’une tresse (à résistance égale) et rend ainsi plus difficile la conduite du leurre quand on veut faire passer celui-ci à un endroit précis ou le laisser dériver de façon naturelle.
- Il ne permet pas de lancer aussi loin et aussi précisément qu’avec de la tresse (pour le cas du diamètre 0.261 mm que j’ai utilisé) et rend particulièrement difficile l’emploi de leurres légers (< 7 g).
- Dans des conditions calmes avec des courants faibles, peu de vent et une forte luminosité il m’a permis de déclencher des touches que je ne suis pas sûr que j’aurai eu avec de la tresse.
Je dois avouer que j’ai eu un peu de mal à m’habituer au corps de ligne en fluoro et que c’est assez difficile d’accepter de perdre en distance, précision et confort de pêche pour seulement miser sur le fait que la discrétion permettra peut-être de déclencher quelques touches supplémentaires.
Lors d’une des premières sorties où j’ai utilisé le fluoro, j’ai perdu un très gros poisson, décroché au beau milieu du combat sans raison particulière alors que je pensais que c’était gagné. J’ai, probablement à tord, mis ça sur le compte de la plus grande élasticité du fluorocarbone et me suis juré de mener le combat suivant avec plus d’autorité. Quelques jours après, je piquais à nouveau un très gros poisson et décidais de ne rien lui laisser… il a fini par me casser dans mes pieds… dur dur de changer ses habitudes.
Au final j’ai viré le gros fluoro d’un de mes moulinets pour y remettre de la tresse en PE 0.8 comme j’en ai l’habitude et je dois bien avouer que je suis content de retrouver mes marques. Je garde cependant mon moulin monté en fluoro 0.203 mm pour les journées difficiles, sans courant, sans vent et avec beaucoup de lumière, je le ressortirais dans ces conditions et sur les spots dégagés où je reste persuadé que ça pourra faire la différence. On en reparle au bilan de fin de saison 😉
C’est pas encore la folie dans les zones de courant
S’il y a un type de zone qui nous attire Boris, Erwan et moi, c’est bien les zones où le courant accélère (pointes rocheuses, passes et ruptures de pentes). Ce type de poste que nous avons l’habitude de pêcher autour de la mi-marée (montante ou descendante selon l’orientation du poste) nous a rapporté beaucoup de gros bars ces dernières années et nous avons naturellement été y jeter nos leurres ces dernières semaines.
Et bien ça a été assez décevant, quelques touches et quelques poissons pris mais les bars ne semblent pas avoir encore investi ces zones. Soit ils n’y font que passer, soit ils ne s’y alimentent pas comme on l’espère… ou peut être qu’ils y sont et qu’ils bouffent mais qu’on est complètement passé à côté d’un truc pour les faire mordre.
Les quelques poissons qu’on a touché sur ces zones ont majoritairement été pris alors que le courant commençait à se former ou alors lorsque celui-ci tombait en intensité. On y voit moins de nourriture (sprats, athérine, lançons…) que les années précédentes à la même saison mais quand même chaque semaine un petit peu plus de vie… ça pourrait démarrer d’un moment à l’autre. En tout cas nous on est prêts !
A fond dans les crevettes
Par contre il y a des crevettes partout sur les bordures dans peu d’eau et les bars s’en gavent en ramassant quelques crabes et gobies au passage. On a trouvé pas mal de poissons en repérant des crevettes qui sautaient à leur approche ou en entendant une belle aspiration sous les goémons, jusqu’à présent c’est vraiment sur cette zone très peu profonde, à moins d’un mètre du bord que nous avons trouvé le plus de poissons actifs.
Les secteurs à faible déclivité où il y a une alternance de petits cailloux, de goémons, de vase ou de tâches de sable ont été clairement les meilleurs en ce début de saison. Pas grand chose à se mettre sous la dent par contre sur les postes très rocheux avec de gros reliefs ou à forte déclivité.
Des créneaux d’activité assez courts
On a passé pas mal de temps dans le désert pour voir éclater de l’activité et enchaîner quelques touches sur des créneaux très courts de quelques dizaines de minutes, souvent à l’occasion des renverses de marée et du premier courant qui s’installe.
C’est souvent le cas en début de saison mais je trouve que c’est vraiment très marqué cette année, il faut prendre son mal en patience et accepter ces heures parfois longues sans activité pour finir parfois par se retrouver au bon endroit au bon moment pendant une demi-heure.
Une belle taille moyenne
Que ce soit Boris, Erwann ou moi, on se désintéresse tous les 3 du nombre de touches et de prises pour nous focaliser de façon quasi-exclusive à la traque des gros poissons, on sélectionne nos zones, nos techniques et nos approches dans cette optique. Cette année nous n’avons pas encore pris le véritable monstre dont nous rêvons mais on doit quand même souligner que la taille moyenne des prises est plutôt sympa.
Il n’empêche que d’habitude on prend quand même quelques petits poissons au travers et qu’on en observe assez régulièrement. Cette année on ne sait pas pourquoi mais les poissons de 40 à 55 cm ne sont clairement pas sur les zones que nous pêchons. On voit des chasses de poissons de taille moyenne loin du bord et on entend quelques copains qui nous disent qu’ils en prennent pas mal en côte rocheuse mais dans nos zones de goémons et nos crevettes ils sont aux abonnés absents.
Quelques leurres qui ont sorti leur épingle du jeu
- Le Hazedong de Megabass nous a rapporté pas mal de poissons en pêchant doucement à gratter « à l’aveugle » sur des zones habituelles de tenue de poissons ou en pêchant à vue sur les bordures en ciblant les poissons en déplacement. On l’a surtout utilisé sur des zones dégagées (poches de sable ou vasières) assez doucement avec des pauses marquées. Dans l’idéal il faut trouver des trouées où on peut l’animer au moins sur 1 m sur le fond sans devoir franchir un obstacle. Pour faire encore mieux, on l’utilisera surtout sur les postes où on se trouve au niveau de l’eau ou presque, ce leurre est vraiment très efficace quand il rase le fond. Dès qu’on a un peu trop d’angle dans la bannière car on pêche à courte distance canne haute ou qu’on se trouve en surplomb, le leurre à tendance à trop se décoller du fond et perd en efficacité.
On utilise la taille 4 » avec les têtes decoy VJ36 en hameçon 1/0 (le 2/0 passe aussi mais donne une nage un peu moins sexy) 3,5 ou 5 g. Pour la taille 5 » on utilise la VJ36 en hameçon 2/0 en 3.5, 5 ou 7 g.
En ce qui concerne les coloris, un petit faible pour les 3 suivants : cinnanon solid / ghost shad solid / avocado blue pearl
- Les imitations d’écrevisse et en particulier la Megabass Bottle Shrimp. On les utilise principalement lorsqu’on n’a pas assez de dégagement pour bien utiliser le hazedong. L’intérêt principal de ces écrevisses c’est qu’elles pêchent bien à la descente et qu’on peut les animer presque sur place ou en grattant touuuut doucement. C’est le type de leurre idéal pour pêcher les trouées de goémons, on les utilise beaucoup lorsque le niveau d’eau est haut et que la plupart des goémons sont submergés. C’est aussi un très bon leurre lorsqu’on surplombe le poste, l’angle dans la ligne ne pose pas de problème d’animation.
On utilise principalement la Bottle Shrimp 3 » avec une VJ36 en hameçon 1/0 et la Bottle Shrimp 4 » avec une VJ36 en hameçon 2/0 ou avec un worm 144 en taille 3/0. Pour les coloris on les aime tous mais avec une petite préférence pour le cinnanon purple flake et le Numa Ebi
- Le X-Layer Curly 5 » de Megabass. C’est surtout un leurre qu’on utilise dans les courants ou dans les rochers et comme vous l’avez lu plus haut pour le moment ce ne sont pas les spots qui nous ont apporté les meilleurs résultats cette année mais le Curly est tout de même le leurre qui nous a procuré le plus de touches dans ces conditions et on a tellement confiance en lui depuis deux ans qu’il est impossible de ne pas en parler ici. On l’utilise en lançant en travers du courant ou légèrement en aval. On le laisse au maximum vivre dans le courant en conduisant la bannière canne haute et en le récupérant à faible ou moyenne vitesse lorsqu’il touche le fond. L’idée c’est de le laisser au plus proche du fond quitte à reprendre souvent le contact en cas de doute. On l’associe aux tête plombées VJ36 (encore et toujours) en taille 4/0 en 10 ou 14 g selon les conditions.
Pour ce qui est des coloris : Sparkle Berry, Ayu et Alabama Shad ont nos faveurs.
- Le Dark Sleeper de Megabass, avec une préférence pour la taille 3 » (77 mm) en 10 ou 14 g. C’est le leurre passe partout qui est capable de pêcher aussi bien dans 40 cm d’eau calme qu’en profondeur dans le courant. Il passe dans les algues si besoin et se lance très bien. Il peut pêcher vite ou tout doucement, au fond ou entre deux eaux. C’est un peu le joker qu’on sort quand les autres classiques ne font pas la différence ou lorsque l’on veut peigner rapidement un secteur. C’est aussi celui qui présente le meilleur rapport taille/densité et qui permet de pêcher proprement par vent de travers tout en restant sur un petit profil de proie.
Nos choix de coloris : Gobie / Clear Chart / Mutsugorou mais on aime bien les autres aussi, c’est dur de n’en donner que 3.
Voila pour notre petit bilan de début de saison, retenez qu’à la pêche rien n’est écrit et que tout cela bouge très vite. Peut être qu’à 100 km au nord ou au sud vous aurez noté exactement l’inverse et probablement que même sur nos propres secteurs de pêche tout cela sera complètement différent le mois prochain. Comme chaque année il va falloir évoluer avec la saison et l’humeur des poissons. On vous souhaite à tous une très bonne saison 2019 !
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