Aujourd’hui, tous les pêcheurs ont connaissance de l’incroyable qualité de pêche que l’on peut trouver sur le Léman, et chaque année beaucoup tentent leur chance le temps d’un week-end en ayant tous la même chose en tête : capturer un brochet géant. Il faut d’abord commencer par se dégager un créneau de plusieurs jours (et scruter les bulletins météo avec attention), calculer son itinéraire et le budget qui va avec, prévoir le matériel bien spécifique à cette traque et, une fois sur place, garder un moral d’acier et ne rien lâcher jusqu’à la potentielle libération ! Évidemment, cela est vite résumé car il ne suffit pas de jeter n’importe comment des bigbaits pendant trois jours pour avoir une réelle chance mais voilà, durant ce week-end, j’ai appris une chose qui fait la différence avec la plupart des lacs que j’ai pêché : Au Léman quand on se trouve au bon endroit, au bon moment, avec ce qu’il faut au bout de la canne, il est possible d’avoir des résultats incomparables avec tous les spots que j’ai connu jusqu’à maintenant. C’est un point qui me parait important de rappeler au début de cet article car beaucoup se demandent pourquoi ils n’ont jamais croisé un brochet métré alors qu’à d’autres cela arrive régulièrement… Le milieu où l’on pratique conditionne en grande partie la taille moyenne de nos prises !
Revenons maintenant à la session en question, avec Damien nous avions pris la décision de partir du vendredi soir au lundi après midi. Pour nous simplifier la vie, nous dormirons dans nos lits de camps directement à côté de la mise à l’eau. Arrivés samedi dans la nuit et après 1h30 de sommeil, nous mettons à l’eau tôt le matin, motivés et excités comme des enfants, nous oublions la fatigue et démarrons le moteur thermique, il est l’heure de saisir notre chance !
Nous attaquons en pêchant dans une zone peu profonde (8-9 mètres quand même) dans l’idée de prendre la température. En effet, sur ces lacs alpins, il est en général plus aisé de prendre des touches proche de la bordure mais avec une taille moyenne des poissons assez basse. Je choisis d’attaquer avec un one up shad 10″ Pike Limited coloris baby bass (60) que je ramènerais assez rapidement quelques mètres sous le surface. Si les brochets sont dehors, ils monteront le prendre ! Et après 15 minutes de pêche je me fais violemment intercepter à quelques mètres du bateau, premier poisson du week-end !
S’en suit une courte série de touches ratée pour Damien, il semblerait qu’il y avait quelques touches à prendre tôt le matin dans de faibles profondeurs mais qu’ensuite les poissons se soient rapprochés des cassures plus profondes. Nous décidons donc de changer de spot, nous cherchons une zone avec un fort cassant. Après quelques dérives nous trouvons ce que nous cherchons, le fond passe rapidement de 9 mètres à 17 mètres, des échos de poissons fourrage sur le haut de la cassure et de jolis échos de brochets juste en dessous entre 10 et 12 mètres… Damien m’explique que ce type de situation lui a déjà permis par le passé de toucher de vrais gros et qu’il serait intéressant de consacrer beaucoup de temps sur cette dérive. Il a beaucoup plus d’expérience que moi sur ce type de pêche, je l’écoute donc volontiers. Il prend rapidement deux poissons de 60-70 centimètres puis, il m’annonce un autre poisson, cette fois-ci c’est différent, le brochet sonde et lui prend plusieurs mètres de fil, d’expérience on le sait déjà, premier métré du séjour !
Après plusieurs rushs, le poisson monte et je le met rapidement à l’épuisette.
Nous reprenons notre dérive, après être passés sur plusieurs jolis échos, après avoir raté plusieurs touches chacun, je vois, dans l’angle de ma vision, la canne de Damien prendre une violente secousse… Ferrage puissant, la canne ne s’arrête plus de plier et il est obligé de jouer de son frein pendant une bonne minute car le poisson exerce une forte pression. Plein de sérénité, Damien prend son temps et monte petit à petit ce brochet. De mon côté j’attends avec impatience de voir ce qui s’annonce comme un géant, épuisette en main … Il arrive, le dos de ce pike est colossal et c’est avec un grand soulagement qu’il rentre dans l’épuisette ! Quelle joie sur le bateau !
Seulement voilà, le poisson a bien décompressé pendant le combat et malgré toute notre bonne foi niveau rapidité pour les photos et soins du poisson, la bulle d’air qu’il a sous le ventre l’empêche de repartir… Ayant déjà tenté l’expérience avec un métré du Verdon il y a quelques années, je quitte mon tee shirt et saute à l’eau. Je l’attrape par la caudale et lui met une main sous le ventre, puis, à la manière d’un plongeur, me laisse couler avec lui tête vers le bas. Arrivé à 6-7 mètres de profondeurs le poisson se met à bouger et de grosses bulles sortent de ses ouïes, il se libère ensuite de mon étreinte avec un puissant coup de queue puis se dirige vers les profondeurs, quel instant magique ! Je remonte ensuite au bateau et Damien m’annonce que ça a fonctionné puisque qu’il a vu le poisson redescendre bien plus bas sur l’échosondeur. Il semblerait donc que cette technique soit assez efficace puisqu’elle a fonctionné les deux fois où je l’ai tenté. Nous venons de vivre un moment de MALADE !
L’activité est redescendue sur la zone, un peu fatigué de notre courte nuit, il est temps de manger et de faire une petite sieste !
La fin de journée sera plus calme, plusieurs petits brochets dont un seul sortira du lot.
Il est temps de rentrer à la mise à l’eau, de manger et dormir pour être en forme pour le lendemain !
Riche de l’expérience de la veille, nous reprenons notre pêche sur les cassants, et j’essaie de propulser mon leurre dans la zone la moins profonde, car comme nous l’avions vu, les poissons semblent plus haut lors des premières heures de la matinée. J’opte pour un spark shad 7″ coloris « silver shad » plombé en 25 grammes que je ramène lentement entre deux eaux. Je lance sur le haut de la cassure, laisse descendre quelques mètres et commence à mouliner lentement jusqu’au bateau. La libération viendra dès les premiers coups de manivelle après avoir laissé couler, je prends une légère touche, j’envoie un ferrage et durant les premiers mètres récupération le poisson ne semble pas très gros, puis, progressivement, ce dernier bloque ma récupération, ma canne se met à cintrer et c’est à mon tour d’ouvrir mon frein pour gérer le poisson ! Après une tentative de chandelle, je finis par gentiment le guider jusqu’à l’épuisette tendue par Damien et c’est tout tranquillement que le troisième métré en deux jours monte au bateau !
Le reste de la journée sera calme, nous ferons au total 7 poissons entre 65 et 80 et raterons une importante quantité de touches, il semblerait que les poissons mordent autrement et nous n’arriverons pas à nous adapter.
Pour la dernière matinée, nous changeons de secteur, et tentons de pêcher encore plus lentement afin de voir si cela permet de réduire la nombre de touches manquées. Pour cela, nous utilisons des Mag Draft auxquels nous rajoutons un plomb sous la tête (voir article magdraft magslowl). Je ferais rapidement deux petits brochets avec un Mag draft 10″ Chartback tandis que Damien ratera quelques touches avec le même leurre en coloris « white back shad ».
Il décide donc de rétrograder sur la taille inférieure et choisit un coloris naturel qui lui réussi bien le « silver shad ». Choix rapidement payant puisqu’il prendra très vite plusieurs attaques !
La matinée étant terminée, il est l’heure de mettre fin à notre session lémanique. Sur ce lac tout a une dimension différente, les bateaux, les moteurs, les cannes, les leurres et… les brochets ! Tout ce « folklore » autour de la recherche des géants est particulièrement addictif et je comprends que des grands noms de la pêche y aient consacré une partie de leur vie… De mon côté, l’été se termine et je pense retourner traquer les sandres de Loire avant de commencer une nouvelle aventure dans le département de l’Hérault où je vais poursuivre mes études en biologie et qui sait, peut être essayer de traquer les gros brochets du Salagou !
A bientôt !
Tom.