La commission européenne a lancé une consultationpour permettre à tous les citoyens européens de s’exprimer sur la méthode de fixation des efforts et quotas de pêche. Les contributions reçues, ainsi que les résultats du séminaire sur l’état des stocks de poissons et l’économie des flottes de pêche seront pris en compte dans les propositions de la Commission européenne concernant les possibilités de pêche pour 2018.
Cette consultation est ouverte jusqu’au 15 septembre 2017.
Les stocks des principaux poissons marins que nous ciblons sont en piètre état et cela impacte notre activité de loisir. Les pêcheurs récréatifs se plaignent souvent de ne pas être entendus. Les consultations de la CE sont l’un des seuls moyens officiels de faire valoir nos avis et nos intérêt… alors plutôt que de gueuler sur les forums, sur les rochers ou sur les pontons, je pense que nous devrions saisir cette occasion qui nous est donnée de nous exprimer.
Vous trouverez ci-dessous une copie de ma contribution, je vous encourage a écrire vous aussi. Ca se passe ici : https://ec.europa.eu/info/consultations/fishing-opportunities-2018-under-common-fisheries-policy_fr
Si l’on aborde la problématique des efforts et quotas de pêche de façon globale il me paraît important de souligner l’impact qu’auront les mesures qui seront prises pour 2018 sur l’économie de la pêche de loisir.
Ma contribution ici est d’abord celle d’un pêcheur passionné mais également celle d’un employé du secteur de la pêche récréative. Avec 17 salariés et 6 millions d’euros de chiffre d’affaire, la société Ultimate Fishing pour laquelle je travaille n’est qu’un « petit » acteur du secteur mais il me paraît important de vous informer de certains points qui soulèvent chez nous et chez beaucoup d’autres entreprises d’importantes inquiétudes :
Le concept de Rendement Maximum Durable, limite à ne pas dépasser au risque de menacer une espèce, est à l’heure actuelle l’une des données les plus importantes pour fixer les quotas. Si je peux comprendre la logique de cet indicateur pour l’activité de pêche professionnelle, il m’apparaît important de souligner qu’une espèce sollicitée au RMD est bien souvent trop exploitée (tant en terme de quantité que d’impacts sur la structure de tailles et d’âges) pour présenter un plein intérêt et un plein potentiel économique pour la pêche de loisir. Ainsi le curseur de potentiel économique pour la pêche de loisir voudrait voir des stocks et une structure de taille très largement supérieurs à ceux admis par le RMD et basés sur les seuls intérêts de la pêche commerciale.
Pour certaines espèces sous plan de gestion, les règles sur les efforts de pêche et les quotas concernent les pêcheurs récréatifs comme les pêcheurs professionnels. J’ai dit plus haut à quel point le maintien des stocks à un niveau correct était important pour notre activité. Aussi je suis bien entendu tout à fait conscient que ces règles doivent s’appliquer à notre activité comme à celle des pêches commerciales. A l’heure actuelle le partage des efforts demandés aux professionnels ou aux plaisanciers semble basé sur une estimation des prélèvements de chaque catégorie. Si ce partage peut sembler logique du point de vue de la protection de la ressource, il me semble beaucoup moins à propos dès lors que l’on s’intéresse au potentiel économique. Quel est l’impact économique de la prise d’un bar de 2 kg ou d’un thon rouge de 50 kg selon qu’il soit pris par un amateur ou par un professionnel ? Si la distribution des quotas et règles d’efforts de pêche sur ces espèces était dicté par l’impact économique découlant de leur capture, alors leurs pêches seraient réservés aux pêcheurs de loisir et aux ligneurs. Sans forcément aller jusque là, il me paraîtrait logique que la notion de potentiel économique soit bien plus nettement présente dans les modalités de partage des différents quotas.
Pour conclure, il me semble qu’une simplification et une harmonisation des réglementations européennes concernant les espèces sous quota pour la pêche de loisir faciliterait leur compréhension et leur acceptation. Il est en effet très difficile de faire comprendre à un pêcheur de bars que s’il prend un bar à Brest avant le premier juillet il doit le relâcher mais que s’il l’avait pris quelques jours plus tard ou un peu plus au sud il aurait pu le garder, que quand il se rend en Méditerranée la taille légale n’est pas la même… Comment faire admettre la complexité administrative de la réglementation sur le thon rouge à un pêcheur du pays basque (qui plus est s’il pêche en no-kill) alors que son confrère espagnol qui pêche à quelques miles de là a bien moins de difficultés à pratiquer sa passion ?
L’essentiel de notre activité économique ne dépend que de quelques espèces (bar, thon rouge, lieu, cabillaud, denti, pélamide, maigre, maquereau, céphalopodes…). L’avenir de nos entreprises et de nos emplois est ainsi inféodé au bon état d’une dizaine de stocks et au droit des pêcheurs de loisir de cibler ces espèces. J’espère que vous en tiendrez compte lors de vos prises de décisions futures.
Cordialement,
Nicolas Cadiou