Depuis des années, je tiens à jour une petite « base de donnée » Excel concernant uniquement la traque du poisson qui m’a rendu fou et passionné de pêche, le sandre. Cette année, ma nouvelle localisation géographique et ma passion grandissante pour la traque des brochets m’a conduit à faire la même chose pour cette espèce tout aussi fascinante.
Ainsi, cela me permet d’avoir des statistiques simples, de compter avec précision le nombre de poissons capturés, de connaitre les tailles moyennes de capture, de faire ressortir les leurres fonctionnant régulièrement, etc…
Surtout, à termes, j’espère pouvoir étudier et réaliser quelques observations me permettant de faire ressortir des liens entre les résultats de pêche et les facteurs externes que sont la météo, le niveau de l’eau dans les lacs, les débits, mais surtout d’autres moins connus et moins quantifiables, et pourtant, ayant une influence certainement plus décisive sur l’activité des poissons, je parle bien sûr de la lune et de la pression atmosphérique.
Lorsque la météo est très régulière comme dans le sud en été, on se rend compte que ce n’est pas cette dernière qui influence l’activité des poissons… Mais qu’est-ce donc alors?
Pour l’instant, je n’ai pas assez de données pour faire ressortir des éléments précis, mais je peux déjà m’amuser à faire des bilans tel que celui annoncé dans le titre : lorsque l’on se lance dans une traque d’un poisson en particulier, et notamment des plus gros individus, c’est intéressant de savoir l’effort de pêche nécessaire pour aboutir à la capture des plus gros poissons !
Voici donc un partage de nos réflexions et expériences, ainsi qu’une bonne partie de ma saison 2017 de traque du gros brochet en grand lac d’eau claire, que sont les lacs du Verdon.
Je mets en avant volontairement le fait que ce sont des lacs d’eau claire, des lacs que l’on peut qualifier par leur localisation de lacs Alpins. Cette limpidité induit une pêche bien particulière, bien propre à ces milieux, dont la visibilité très élevée conditionne sans aucuns doutes le comportement des poissons.
Quelles sont les pêches prenantes sur ces lacs ?
Je n’aurais pas le culot de m’approprier ces approches que d’autres ont découvert et mis au jour bien avant, je pense en premier à Kevin Hernandez qui a médiatisé ces pêches en lacs alpins et donné à lui tout seul un réel engouement à de nombreux pêcheurs. En plus de passer énormément de temps sur l’eau, nous nous sommes beaucoup informé, avons lu des articles, regardé des vidéos, et suivi les conseils de nos amis pêcheurs beaucoup plus expérimentés et très doués dans la matière : JB en tête avec ces comparses champions que sont David et Fred, bien sûr, mais aussi Nico et ses mentors « gros poissons » que sont les frères Jacob, les collègues drômois et toutes les personnes que nous avons croisées, avec qui nous avons échangé, appris.
Aujourd’hui, cela fait 3 ans que nous avons découvert et que nous pratiquons ces pêches printanières et estivales, nous y avons passé un certain nombre d’heures, et avec ce bilan de presque fin de saison il est clair que deux approches permettent de prendre des brochets très régulièrement : La pêche en traction et la pêche en cranking.
L’animation ou la traction :
Bien connue et assez intuitive, cette approche consiste à peigner en bateau la berge, les plateaux et les cassants en animant de manière saccadée, ou dent de scie un leurre souple type shad, grub, shad palette ou leurre dur comme les lipless ou swimbaits coulants, le long ou au-dessus de ces postes généralement bien fréquentés et appréciés par les brochets.
Pour ma part, j’aime prospecter brutalement et de manière très agressive en utilisant des shad à palette maison, plombés entre 20 et 40 g pour des leurres de 15 à 20 cm. Cette approche permet de déclencher des attaques « réflexes », ou l’on surprend le poisson en ne lui laissant pas le choix : soit il prend tout de suite soit cette potentielle proie lui échappe.
Bien que celui qui m’a initié à cette technique, ce bon vieux JB, ait attrapé de cette manière tous ses plus grands brochets, je n’ai pas encore réussi à déclencher de telle façon un beau poisson cette année. Par contre, c’est l’approche qui m’a permis de prendre un grand nombre de poissons, beaucoup de petits entre 45 et 60 cm, et un nombre non négligeable de poissons maillés (16 exactement) entre 60 et 76 cm.
Lorsque l’on cherche des touches sans vouloir sélectionner, la pêche en animation permet souvent de déclencher un bon nombre d’attaques, sans pour autant se priver de la capture d’un beau poisson.
N’est-ce pas JB? 🙂
Mon matériel pour cette approche : canne casting de 2.21 m, 28-112 g pour la puissance, (tenryu BC73XH), moulinet casting de taille 200, tresse de 45 lbs (YGK Super jigman pe 2.5) un bas de ligne de 6 m en fluorocarbone de 37/100 terminé par une pointe de gros fluorocarbone en 70/100 (YGK FC absorber)
Le cranking linéaire:
Le cranking consiste à ramener un shad ou gros swimbait de manière très linéaire, en ciblant les couches d’eau que l’on désire pêcher, celle où l’on observe au sondeur des échos de poissons-proies, ou bien carrément les brochets lorsque l’on a de belles détections.
Le but est de faire évoluer notre leurre de manière régulière afin qu’il émette une trace vibratoire et visuelle facilement repérable de loin. Nous cherchons ici des poissons en chasse, enclins à parcourir une bonne distance pour venir happer notre leurre en pleine eau.
Les réglages : lestage et vitesse
En lestant plus ou moins notre leurre et en jouant sur la vitesse de récupération, on règle la profondeur de pêche désirée en observant « les réponses » des poissons, et la hauteur où se passent les attaques. Pour faire simple, il faut chercher dans les couches suivantes : près du fond, à mi-eau ou proche de la surface.
Pour donner un exemple de réglages que j’applique avec le magdraft 8’’ :
Profondeur de pêche désirée : 0-5 m -> pas de lestage
Profondeur de pêche désirée : 5-10 m -> lestage de 5 à 15 g
Profondeur de pêche désirée : 10-15 m -> lestage de 15 à 25 g
Ceci est bien évidemment un exemple de réglage exhaustif, qui permet d’avoir un ordre d’idée.
Mon premier joli coup de ligne en cranking de cette saison : une truite lacustre de presque 70 cm ayant fondu à toute vitesse sur un shad de 18 cm ramené rapidement 5-6 m sous la surface, au-dessus de 20 m d’eau.
Nous n’avons pas identifié de règles en fonction de telle ou telle condition, mais une chose est sûr, c’est qu’il faut pêcher assez gros pour attirer l’attention des brochets, hein Nico ? 😉
Au début, tout le monde montait des shads sur des têtes plombées, en y ajoutant un triple sous le ventre, avec le fameux système à rotation 360°. Puis est venu l’heure des shads pré-montés, catégorie dans laquelle est venu s’inscrire notre leurre à brochet favori : le Magdraft !
Un seul bémol initial de ce leurre, le poids fixe.
Avec l’arrivée de son cousin le Magslowl, Tom a très vite trouvé la solution à ce qui nous manquait sur ces leurre : la possibilité de le lester de manière interchangeable et sans abîmer le leurre (vous trouverez plus de détails sur son article).
Ainsi, équipé de diverses grammage de plombs d’arlesey, il est possible de changer rapidement et de chercher le bon ensemble poids-vitesse qui déclenchera le plus de touche.
Tant que les eaux ont été froides, il a été difficile de faire bouger les poissons sur du « cranking », ils ne venaient le chercher que sur de très petites périodes d’activité. Puis plus l’eau c’est réchauffée, plus le cranking est devenu efficace, et plus les jolis poissons ont montré le bout de leurs chicots !
Les jolis poissons certes, mais pas que ! C’est incroyable le nombre de brochet entre 45 et 65 venus se pendre sur mon magdraft 10’’ et mon magslowl 9’’, alors que je pensais les éviter. A croire que des proies de 25 cm sont des proies courantes chez les brochets.
Des petits, des moyens…. et un géant!
C’est de cette manière que j’ai leurré mon plus grand brochet à ce jour, un poisson de 121 cm, qui est venu littéralement gober mon Magdraft 10’’ à moins de 10 m du bateau, sur 11 m de fond, à moins de 4 mètres sous la surface… Un moment inoubliable partagé avec ma chérie !
Il y a eu ce poisson d’exception, mais aussi d’autres, sur des coups de lignes tout aussi plaisants !
Une petite session en compagnie de Benjamin, qui à pu découvrir ces pêches de brochet en eau claire et voir en direct l’attaque de ce 80 + :
Et en solo, je n’ai pas réussi à faire de belles photos, mais j’ai pris un pied fou sur de nombreux poissons, notamment 3 poissons entre 85 et 90, ayant tous succombé au magdraft, tantôt 8 pouces, tantôt 10 pouces.
Mon matériel pour cette approche: canne casting de 2.40 m, 80-200 g pour la puissance, (tenryu BC80 XXH), moulinet casting de taille 300, tresse de 55 lbs (YGK Ultra Castman pe 3) un bas de ligne de 80 cm en fluorocarbone de 90/100 (YGK Ultra absorber)
53 brochets, 24 maillés à 60 cm avec une moyenne de 71.5 cm, pour 1 vrai gros brochet. Le muskie aux 1000 lancés du Québec est une fille-facile à comparer des gros brochets du Verdon ! 😉
A bientôt !
Charlie