Avec Sabine, ma moitié, nous avons voyagé au cœur de l’Amérique du sud, en Bolivie, un pays partagé entre Altiplano et Amazonie. Durant presque un mois, nous avons voyagé en mode « sac à dos » dans la partie nord du pays, à la recherche d’aventures, de rencontres, et surtout pour découvrir ce que certains appellent « l’enfer vert »:
Bien évidemment, la pêche fait partie du voyage, mais avec l’approche suivante : se débrouiller tout seul pour trouver les poissons, sans guide ni séjour organisé, en sacrifiant volontairement la sécurité de réussite et le confort pour privilégier l’aventure et les surprises ! Le graal, connaître l’immense satisfaction de capturer au moins un tucunare !
Plus connu en occident et en Amérique du nord sous le nom de peacock bass, ce poisson amazonien est un prédateur rapide et opportuniste, un carnassier redoutable qui s’inscrit parmi les espèces d’eau douce les plus sportives et spectaculaires à pêcher aux leurres, notamment en surface.
Une fois acclimaté aux 38°C quotidiens, nous commençons à chercher des plans pêche, mais autour de Trinidad les eaux sont trop basses et trop turbides, rendant la pêche aux leurres impossible, non pas à cause de la turbidité mais plutôt par le manque d’eau qui a fait migrer les poissons. Nous découvrons néanmoins la méthode de pêche locale c’est à dire un hameçon et un bout de viande, rien de plus simple, ce qui nous permet de prendre nos premiers poissons amazoniens.
Petit à petit, nous glanons des informations quant au peacock, et elles ne sont pas bonnes. En effet, à ce moment de l’année, nous sommes au plus sec de la saison sèche, et la plupart des poissons ont migré vers l’aval pour rester dans la masse d’eau… Selon les locaux, trouver du tucunare en ce moment est un véritable défi ! Sans perdre notre motivation, nous décidons de nous fier à notre travail de recherche réalisé en France ; nous poursuivrons coûte que coûte notre route jusqu’à Bella Vista !
D’aventures en aventures, nous arrivons sur les rives du merveilleux et typique « Pueblo » de Bella vista, en compagnie de nos futurs hôtes Alexandre et Maïna, rencontrés sur la route. D’une gentillesse et d’une humanité incroyable, nous nous sommes entendus merveilleusement bien au point de passer une semaine en leur compagnie, trois jours d’aventures dans la jungle chez eux et trois jours de camps au bord de la rivière San Martín. Ça sent bon la pêche !
L’attente du départ est plutôt longue, mes doigts me démangent, mais je me pose des questions quant à la population piscicole réelle, les poissons sont ici sous le statut de ressources alimentaires et sont perpétuellement traqués par tous les moyens, notamment au filet, à la « tarafa », un épervier local, et même à la dynamite !!
Le jour J est là, nous récupérons le « Peacock Bass boat », une simple pirogue, je monte enfin les cannes et sors les boites de leurres, nous y sommes ! Pour ce voyage « backpacker », où la place est plus que précieuse, il me fallait deux boites résistantes me permettant d’optimiser au maximum le volume, les Multi Case HD sont parfaites pour cela!
Concernant les leurres, je me suis basé sur les vidéos que j’ai pu voir ainsi que sur les conseils des Nico de la maison (Messieurs Guichon et Cadiou), ainsi, j’ai beaucoup misé sur des leurres de surface de grosses tailles : Feed Popper 100 et 135, Roosta Popper 160 et 135, ainsi que l’un de mes stickbaits favoris, le pencil Realis 110. J’ai aussi emporté quelques jerkbaits, notamment le BKS en plusieurs tailles.
Durant le trajet aller, je commence enfin de pêcher, Sabine peu rassurée par la stabilité de la pirogue, et surtout par la présence d’alligators, anacondas et autres raies de l’autre côté du miroir, préfère attendre. J’envoie pour la première fois mon arsenal de surface, et dès les premiers passages, mes leurres subissent leurs premières violentes attaques, que je loupe d’abord, puis le coup de mains vient et mes premiers poissons montent sur la pirogue, d’abord des trairas, puis des piranhas :
Alexandre connait assez peu le coin, mais suffisamment pour savoir que se trouve en amont une berge avec une morphologie différente : en effet, sur 50 m, la rive droite est jonchée de grosses pierres, poste unique sur la distance parcourue ! La tension monte, c’est le premier endroit qui sort du lot… On décharge les affaires de campement, et c’est parti! J’attaque directement au feedpop 135, histoire d’attirer tout de suite l’attention: Le suspense est de courte durée, à peine 15 minutes de prospection méticuleuse entre les cailloux et soudain mon popper que j’animais rapidement disparaît dans un gros remous, impossible de louper cette attaque ! Au premier contact j’aperçois le poisson, c’est un peacock ! Le combat est bref mais hyper puissant, et après quelques gros rush à la pirogue, je saisi enfin mon premier tucunare, inoubliable !
Estimé à environ 3 kg pour 60 cm, il est encore loin des poissons record brésiliens, mais c’est déjà un très bel individu de tucunare, surtout dans cette région, un beau mâle comme on peut le voir avec sa grosse bosse frontale.
Premier passage terminé, je suggère une pause d’une heure afin de laisser reposer la zone, on avale un excellent repas local préparé sur le feu à base de riz, j’enfile le tee shirt Ultimate et c’est reparti ! Cette fois je passe au stick, plus facile à faire glisser entre les pierres. Je m’applique, mon leurre se faufile entre deux roches, je fais un micro pause, accèlère, et violente attaque à la sortie du goulet ! Posté le long des cailloux, ce poisson me livre un combat titanesque et me gratifie de plusieurs chandelles, avant de rendre enfin les armes. Et de deux !
Je m’acharne pour débusquer le troisième, en vain. Avant que la nuit tombe nous rejoignons notre camp, je ne réalise pas encore mais je sais déjà que cette journée va rester gravée dans ma mémoire, j’ai mis tant d’énergie pour aboutir à cela ! Tant de journées à chercher, tant de frustration, et tout ceci récompensé par la magie de la pêche en moins de 3h… Wahou !
Le lendemain à l’aube, c’est avec Sabine que nous retentons notre chance, mais pas le moindre peacock, seuls les piranhas répondent en masses, ce qui n’est pas déplaisant, en effet un piranhas offre autant de sensations à l’attaque et au combat qu’un pike de 60 !
La suite de cette expédition ne nous offrira pas d’autre peacock, mais de nombreux piranhas et surtout une heure de folie dans une reculée jonchée de bois mort ou nous ferons une vingtaine de trairas au stick, des attaques spectaculaires, des combats musclés pour les extraire des branches où il faut parfois aller les chercher en marchant dans l’eau à plus de 30 degrés… Bref, des moments de pêche complètement fous et irréalistes !
La dernière nuit nous essuyons un orage titanesque qui nous empêchera de tenter la capture du fameux Surubi, tant pis je me vengerais le lendemain lors de la descente de la rivière sur une multitude de fishs, encore des piranhas, des traira, mais pas d’autre peacock.
De retour au « port », nous attirons la curiosité des enfants avec nos cannes, ils nous demandent ce que c’est et à quoi ça sert, je sors donc le numérique pour leurs montrer les photos, ils connaissent déjà tous les poissons c’est impressionnant !
Après ce moment d’échange vient le moment des au revoir, nous quittons la région des peacocks avec le sentiment d’avoir vécu une aventure marquante et on ne peut plus dépaysante, une chose est sûre, nous reviendrons en Amazonie !
A bientôt !
Charlie