Après un hiver long, pluvieux et neigeux, le printemps se fait attendre… Les eaux restent froides, nous sommes aux environs des 10 degrés, ce qui n’est pas pour déclencher un véritable appétit chez mes chères truites de la Dordogne.
La météo m’annonce pourtant une semaine avec une moyenne à 25 degrés dans la journée et j’ai un pressentiment positif : « Ça y est, elles vont sortir de leur torpeur… »
Je laisse donc passer les premiers jours de la semaine et jeudi, je suis sur l’eau avec Philippe pour une journée de guidage. Je la sens bien cette journée…
Et c’est parti pour 12 kilomètres de descente en drift boat aux leurres.
A midi, je déchante… Grosse galère, un poisson de 35 cm, et c’est tout. Philippe lui aussi déchante. Pause casse croûte pour faire un break et se remonter le moral.
On repart. Je prends l’arme du jour, la Rayz 75 ML, et change de leurre. J’opte pour un Spearhead Ryuki 70 F, col. MCC 4036. J’espère qu’il va réveiller un peu les poisons et encourage Philippe à ne rien lâcher. C’est dans ces moments que la concentration et l’abnégation joue un rôle primordial.
Après un quart d’heure à peigner un courant sans un suivi ni une touche, on attaque, en dérive, une zone morte. Philippe continue de peigner consciencieusement et je suis les éclats de son leurre sous 50 cm d’eau.
Soudain, c’est l’éclair. Phil me crie « poisson » puis « brochet » car ça pèse lourd. Moi, intérieurement, je n’ose y croire. J’ai reconnu cet éclair et surtout la queue du poisson qui se retourne sur le leurre. Je mets 30 secondes à digérer l’info puis donner mon avis : « c’est un saumon, j’en suis sûr Philippe ».
La RAYZ fait des miracles. Elle encaisse chaque coup de boutoir du poisson. Mon spearhead, pourvu que les hamecons tiennent…
Après quinze minutes de combat, je sors l’épuisette. Dernier rush, dernière peur et ça y est, nous l’avons vaincu, le roi d’argent. Lui qui a fait 400 km pour venir jusqu’à nous. Intérieurement je pleure toutes les larmes de mon corps. Je sais la chance inouïe que nous venons d’avoir. Philippe n’en croit pas ses yeux, lui qui s’était vu offrir une journée avec moi pour noël, par ses enfants, pour apprendre à pêcher aux leurres.
Une rapide séance photo et c’est peut être le plus beau moment : voir repartir ce chef d’œuvre de 80 cm, dans cette rivière exceptionnelle qu’est la Dordogne.
La journée aurait pu s’arrêter là. Nous avons néanmoins continué, il fallait descendre jusqu’à notre point d’arrivée.
Le pool suivant nous attend. Les hameçons du spearhead ont quand même souffert. Je le remplace par un Buffet mute en 50. Je sais que les truites sont sur les vairons en ce moment.
PANNNNNNNN, c’est reparti et c’est gros. Je n’y crois pas. J’ai encore la tête dans les nuages avec ce saumon, j’ai donc oublié ce qu’il s’est passé. Elle faisait 62, elle aussi est repartie comme une reine dans sa rivière.
Je vais longtemps rêver de cette journée d’exception, synonyme d’un 142 cm avec deux salmonidés exceptionnels.