Au début du mois, la fraicheur et quelques pluies régulières me font terminer en beauté ma saison « morilles » ! De quoi en faire profiter largement les copains de passage tout au long de l’année.
Il est temps maintenant de retourner au bord de l’eau. Comme je me suis régalé sur les gros brochets la semaine d’ouverture, j’axe mes pêches à venir sur les truites ou plutôt la recherche d’une fario XXL ! Mon matériel de base est ultra simple, canne Tenryu Technically (ndlr : un modèle arrêté chez Tenryu mais dont les heureux possesseurs mesurent toujours les qualités) d’un seul brin et tresse YGK G-Soul en 20 lb. Bas de ligne Nylon transparent en 30/100, un émerillon et la plupart du temps un Ryuki 70. Un ensemble solide mais plein de finesse ! Ce qui compte beaucoup pour moi, c’est de pouvoir à chaque instant lancer loin, très loin et avec une grande précision. J’ai également besoin de puissance raisonnable, pour contrer des grosses truites combatives. Evidemment j’ai de multiples leurres dans ma veste mais cette formule reste ma base pour un mois de mai. Pourquoi une telle confiance sur le Ryuki 70 ? Sa petite taille, la distance de lancer et ses différentes manières de nager, en profondeur ou en surface. Les triples du leurre sont changés pour une taille au-dessus afin de pouvoir faire face à l’un de ces gros poissons qui rôdent sur les spots où je pratique.
La surprise va venir des grosses truites ! Normalement en cette saison, elles se gavent de larves et s’intéressent moins aux leurres à bavette qu’en tout début de saison. Mais l’eau plus froide qu’à l’ordinaire les pousse sur des activités immodérées. Pendant 8 jours je vais me régaler sur le coup du matin et du soir. Pas un seul revers. Et le Ryuki 70 tient son rang de numéro un ! Incroyable comme il faut être précis dans ses choix. Car le poisson nageur doit correspondre à ce que les truites veulent mais aussi correspondre à notre propre façon de pêcher. Parmi ces truites il y en a 4 qui sortent du lot. Des vraies XXL ! Je n’en garde qu’une dodue car accompagnée d’un lit conséquent de morilles, c’est une merveille ! Souvenir d’une belle action : sur un lancer amont, plein courant, j’encaisse plusieurs tapes. Impossible de ralentir. Lorsque le leurre arrive dans mes pieds j’ai droit à une explosion, l’eau gicle fort ! Elle rate mon Ryuki ! Impressionnante, digne d’une belle carangue ! J’ai entrevu une très large fario… Je relance et relance, sans succès. Je vais pêcher plus bas et 20 minutes après je reviens avec cette image obsessionnelle en tête. Je change de leurre, je reste sur un Ryuki 70 mais je passe de la coloration sombre à une teinte ultra claire. Premier lancer, c’est au bout ! Timing parfait. Immédiatement elle roule en surface, c’est vraiment très gros ! Je n’ai jamais d’épuisette, je dévale la rivière pour accéder à un endroit où je peux rentrer dans l’eau. Le combat est plein d’émotion ! Premier passage, je la touche mais elle repart. Normal, j’ai l’habitude. Au deuxième passage je la bloque au bord et je la mets au sec. Elle est large comme ce n’est pas possible ! Le lendemain j’en relâche une nettement plus lourde qui se rate sur l’attaque et se pique par la nageoire dorsale ! Je dois dévaler pas loin de 400 m de courant violent, contourner tant bien que mal un nombre incalculable d’arbustes avant de pouvoir m’en saisir ! Encore un monstre…
Le 9 mai, je laisse mes rivières et lacs presque à regret, nous décollons pour le Panama rejoindre l’archipel de Las Perlas, le fief de Charles Henri Canto. Encore des histoires de gros poissons ! Pour moi c’est une découverte, pour J.Marc mon collègue de pêche c’est une habitude, c’est son 8 ou 9ième passage ici. J’ai bourlingué et pêché un peu partout au Panama mais le produit de Charles Henri est très différent du reste. Ici tout est mis en œuvre pour la capture d’un poisson trophée au leurre. Il ne faut pas venir ici dans l’espoir de cartonner, les attaques de gros poissons sont très espacées mais elles sont franches et brutales ! En fait c’est la pêche que j’aime, celle que je pratique le plus souvent. L’accueil et la prestation sont magnifiques et Guy, le skipper qui va nous emmener durant ces 9 jours fera tout son possible, à chaque instant, pour qu’on plie sérieusement nos cannes !
Le deuxième jour, après une journée sans grandes actions, Guy nous emmène en fin d’après-midi sur un de ses spots favoris. J.Marc est au stick coulant et moi au gros popper. Dans la même seconde nous voilà attelé à un sérieux coq sur mon popper et à une grosse carpe rouge sur le stick ! Amusant, je visais une carpe. Plusieurs carangues se disputaient mon leurre et c’est ce coq sorti de nulle part qui a fait le ménage et qui s’est fait piéger ! Au final, nous relâchons une carpe de 26/28 kg et un coq qui doit friser les 25 kg ! Un doublé inhabituel, plutôt rare qui nous transforme cette journée !
Mon plus gros coq je vais le prendre en milieu de séjour. Encore une fois en toute fin de journée. C’est J.Marc qui ramène derrière son leurre de surface un troupeau de coqs bien nerveux. Sur mon lancer suivant, avec une animation ultra rapide, c’est le plus gros de la bande qui englouti mon flapper, sous mes yeux ! Encore une séquence forte en émotions… La bagarre sera longue sur ma Diablo. Je le combats canne basse mais malgré l’effort il saute plusieurs fois. Impressionnant. Après de nombreux aller/retour le long du bateau, Guy arrive à l’attraper avec sa Boga. Mais notre sympathique skipper a bien du mal à le soulever ! C’est un monstre de l’espèce. Après une rapide séquence photo nous relâchons la bête. Un peu de réanimation et le revoilà parti dans ses eaux. Incroyable ! La justesse du matériel y est pour beaucoup…
Je rêvais d’une belle sériole au popper et c’est sur une dérive au large que j’ai une superbe attaque. Enorme remous bruyant, et malgré un frein serré très fort, la tresse chante dans le moulinet. Ma Furarry encaisse à merveille. Gros combat de boxe pour cette sériole toute tacheté. Encore un poisson hors norme dans les eaux de Las Perlas.
Côté cape rouge un magnifique poisson d’une vingtaine de kilo englouti mon Feed popper. Les rochers sont omniprésents, frein serré à la limite de cette tresse qui semble bien fine… Encore une belle surprise. La plus grosse je vais la perdre bêtement, au stick coulant. La touche est brutale, je la tiens bien et sur un démarrage la tresse de 113 lb explose au niveau du moulinet… je peste sans vraiment comprendre. Oui le frein est serré très fort mais pas au point de casser. C’est Guy qui trouve la faille. Mon galet est bloqué, le métal a chauffé dur et a désintégré la tresse… Quelques minutes plus tard c’est J.Marc qui plie sa canne à l’extrême. Il vient de ferrer un poisson d’apparence modeste non loin du fond et d’un seul coup c’est un démarrage fulgurant. C’est signé : requin ! Sur sa tresse de 100 lb et son frein à plus de 12 kg ce sont près de 200m qui sortent d’un coup. Le pêcheur a beaucoup d’expérience mais plus les minutes passent et plus les douleurs apparaissent. 20 minutes après je prends le relai. Ce n’est jamais un cadeau que de récupérer un tel poisson en plein combat. Immédiatement je suis confronté à la puissance du requin et à ses passages répétés sous le bateau. Guy nous soulage chaque fois avec le moteur mais c’est à la force qu’il va falloir remonter ce monstre ! Sur une canne de traine, comme celles que j’utilisais il y a bien longtemps, un tel requin serait sur le point de se rendre. Mais sur une canne à lancer, même aussi solide que les notres, c’est une histoire bien différente ! Il y a 30 ans, avec J.Marc j’avais pris un tigre de plus de 600 kg en stand up, sur un bateau minuscule, aux Bijagos. Là c’est plus physique et pas moins compliqué… On s’échange plusieurs fois le rôle de pêcheur. Lorsque le requin arrive non loin de nous, cri de stupeur de notre skipper, la bête est vraiment énorme ! J’en profite pour quelques photos.
Nous l’amenons au bas de ligne, c’est un monstre requin bouledogue. Par rapport au bateau, c’est un poisson d’environ 3,50 mètres pour un probable 350 kg, son ventre est disproportionné… Sur une canne à lancer, même à deux pêcheurs, c’est impressionnant. Enfin j’arrive à prendre les 1,20m de Nylon du bas de ligne, une longueur qui parait bien courte tellement sa gueule semble proche de ma main… Il repart en nageant lentement, de beaux instants. Le problème c’est que 15 minutes après on récidive avec un 200 kg irascible ! Sur le même schéma tactique, nous le remontons plus rapidement. Photos, relâche. Il est temps de changer de spot, de toute manière on est claqués total !
Il y aura tout au long de ces 9 jours beaucoup de carangues, des orphies démesurées et quelques autres coqs
Je clôture ce magnifique séjour par un superbe doublé de coq dans les dernières minutes de pêche. Toujours sur un flapper manié ultra rapidement. Fin du séjour, remerciements sincères à Charles Henri, Sara, Guy et J.Marc … et à Ultimate !
Côté matos j’ai pêché avec deux cannes. La Tenryu Furrary 130 Travel équipée de tresse YGK Castman en 113 lb et une Tenryu Diablo 70 armée de tresse YGK Castman en 62 lb. Bas de ligne Nylon Shock Leader YGK. Le grand avantage de ces cannes est de lancer très loin. Pour le coq cela s’est avéré déterminant. Surtout que le skipper nous place chaque fois avec le vent dans le dos. Pour les leurres le Feed popper 135 et le Feed Popper 150 restent des immenses références pour la Diablo, le stick Halco Slidog est également excellent, en récupération lente ou rapide. Côté rapiditié, le nouveau Flapsturie est prometteur. Popper Roosta, stick Asturie, stick coulant Perito plus quelques autres. Triples Decoy et VMC, anneaux brisés Decoy.
Eau douce ou océan, lorsque nous pêchons les gros poissons l’inquiétude ne doit jamais venir de l’équipement lorsque le poisson tant espéré est enfin au bout du fil. Il n’est pas nécessaire d’avoir des tonnes de matos mais plutôt sélectionner ce qu’il se fait de meilleur ! C’est mon point de vue.
Retour à la maison, ce joli mois de mai se termine…
Un résumé de pêche c’est comme une vidéo, on met principalement les bons moments, les plus beaux coups de ligne. Ne pas oublier les heures d’attente, des moments où la fatigue musculaire est insistante ! Personnellement le moral est toujours en haut. Que cela soit pour les grosses truites ou au Panama, rien n’est gagné, jamais baisser les bras, y croire réellement jusqu’au dernier lancer. Cela n’empêche qu’il y a beaucoup plus d’heures vides que de quart d’heure pleins ! Ne pas l’oublier…