Depuis peu, j’ai eu l’occasion de découvrir le pêche sportive. Drôle de sport, jusque là inconnu au bataillon et qui était pour moi, qui n’avait jamais eu de canne à pêche entre les mains, synonyme de chasse : la même chose mais avec des poissons quoi… Et d’ailleurs quand je parle autour de moi du métier de François et de sa passion pour la pêche, il semblerait que c’est ce que pense tout le monde.
La pêche, c’est quoi ? C’est dans un premier temps, une chaise pliante, une bonne mousse (ou de la vieille Kro d’ailleurs), une canne en bois, un flotteur blanc-jaune au milieu d’un lac ou d’un étang, un vieux avec une moustache jaunie par la nicotine, parfois (si notre pêcheur est prudent) un gilet de sauvetage camouflage (ou orange fluo en période de chasse), et surtout une bonne grosse glacière ! Avec tout plein de poissons qui flottent ou gesticulent mollement, en attendant de passer sur le barbecue le soir même – pour les plus chanceux – ou bien d’être congelés pour les repas familiaux à venir. Voilà à quoi se résumait ma vision de la pêche avant de rencontrer : UN GUIDE DE PECHE !
En bonne curieuse que je suis, j’ai fait fi de mes préjugés envers ces barbares, et observé attentivement ce nouvel univers qui s’offrait à moi. Après avoir posé plein de questions sur le métier de guide de pêche à François, j’avais envie d’en savoir plus et, scepticisme mal placé, je voulais la preuve qu’il ne me racontait pas de bêtises !
Ma première plongée dans l’univers halieutique, s’est faite à l’occasion du visionnage d’un petit film sur la pêche réalisé par François et décrivant au mieux une journée de Guidage en Espagne. « Cadeau ! » m’a-t-il dit en sortant le DVD de son sac – et qui depuis n’a plus quitté le lecteur de cd de mon ordinateur – . A voir le soleil, le bateau, l’eau, la nature, le silence et surtout d’apprendre que tous les guides et pêcheurs relâchent ces pauvres poissons qui furent pour quelques minutes des partenaires de jeux, je me suis dit que finalement la pêche sportive, ça, s’était un concept qui me plaisait bien ! Et puis les personnes qui pratiquent ce sport ne ressemblaient finalement pas au gros moustachu transpirant que je m’étais imaginé ! Peut-être bien qu’après tout j’avais bien envie d’essayer de m’y coller moi aussi…
Après le virtuel, place à la pratique, j’avais pu me rendre compte de ce à quoi ressemblait véritablement une canne à pêche lors du salon de la pêche en mer de Nantes, et surtout de la complexité de la manœuvre – Whaou, mais c’est quoi ce stock de cannes rouges là ? Ah, ok, on ne peut pas tout pêcher avec la même canne ? Ah et on n’est pas obligés de mettre des poissons mi-morts mi-vivants au bout pour en choper des plus gros ? Ce sont des leurres, très bien ! – mais c’est en Espagne que mon âme de pécheresse a pris son envol.
J’avais tout un tas d’interrogations sur la manière de s’y prendre – et on va pécher quoi comme poisson ? Et t’es sûr que ça ne leur fait pas trop mal ? Mais pourquoi je ne peux pas pêcher avec un leurre rose et jaune, allez, je le trouve trop mignon avec ces petits yeux globuleux !? Trop gros ? Ah ok ! Et celui avec les paillettes ? Trop petit ? Ok donc je suis vraiment obligée de pêcher mon premier poisson avec un leurre tout mâchouillé ? C’est cette taille et il fait le bon mouvement pour pêcher le Black Bass, bon alors banco donne-le moi ce leurre tout moche ! – bref ce n’était pas gagné, et en plus j’avais peur de m’ennuyer. Tout un après-midi sur un bateau à scruter le fond de l’eau, je ne savais pas si c’était fait pour moi ces histoires finalement. A tout hasard j’ai pris mon bouquin avec moi comme ça au pire ce serait séance bronzette !
Le livre n’est jamais sorti du sac ! La pêche c’est grisant. Une sorte de traque super excitante. Repérer le poisson, s’approcher sans bruit, mettre le bon leurre au bout de la ligne, apprendre à lancer sans oublier d’enlever la sécurité sur le « pick-up » sinon on a l’air d’une gourde avec le fil qui ne se déroule pas et le leurre qui pendouille au bout, et ramener tranquillement le-dit fil en essayant d’animer le leurre de sorte d’appâter le poisson. Carrément pas facile ! Mais ma patience et moi on a décidé de faire amie-amie pour l’après-midi. Et quelques heures plus tard sur les conseils de mon guide attitré j’ai réussi à sortir de l’eau un joli poisson ! Quelle fierté et surtout comme c’est gratifiant ! Suite à cette première sortie j’avais compris pourquoi cela pouvait être une passion pour certains.
J’en étais sortie en ayant l’impression d’être au niveau 1 dans « Tomb Raider » et qu’il fallait absolument que je découvre les autres niveaux du jeu et que je les gagne !
J’ai du attendre un bon moment avant de retoucher une canne à pêche et cette fois-ci ce fut pour apprendre à « pêchouiller » en mer. Beaucoup plus technique, je me suis d’abord essayée à enfiler une tête plombée sur un leurre souple, le « one-up » je crois, un peu de traviole mais pas si mal pour une première fois ! Ensuite, leçon de nœud pour l’accrocher au bout du fil et direction le bord de l’eau pour « pêcher du bord » (ça ne s’invente pas !) Entre les rochers, les algues, les bouées et le vent, ma canne m’a joué plusieurs mauvais tours ! – Mais si je te jure j’ai fait une touche, ouhouh j’ai pris un gros poi…une grosse touffe d’algue… oh non je suis encore accrochée dans un rocher – Bref après avoir cassé moults fils et perdu de nombreux leurres au fond de l’océan j’ai tout de même réussi à sentir plusieurs touches et à sortir un tacaud de l’eau toute seule comme une grande ! Beaucoup plus aléatoire, cette pêche m’a fait ressentir d’autres sensations, imaginer la vie sous l’eau sans la voir. François a aussi pu sortir quelques poissons de l’eau et me montrer que si l’on n’est pas attentif, ceux-ci ont vite fait de décrocher ou de se planquer dans les rochers, le leurre encore dans la gueule…
Puis est venu le moment de prendre le large en compagnie de Yannick, le dirigeant d’Ultimate Fishing, qui nous a fait l’honneur de nous faire monter à bord de son bateau semi rigide floqué aux couleurs de la marque ! Beaucoup plus de sensations que sur les lacs espagnol, se laisser bercer par la houle, et regarder où sont situés les poissons grâce à l’écho-sondeur supersonic ! Un paysage environnant sublime, les côtes de Belle-Ile en mer sont magnifiques, des bars et des calamars qui n’attendaient que nous, prédisant un excellent après-midi. J’ai malheureusement découvert à mes dépends que la houle n’était pas mon amie et ai du poser ma canne, pendant que les autres s’amusaient à pêcher des seiches, visiblement c’était drôle, moi j’ai préféré me concentrer sur l’horizon, c’était plus sûr !
Finalement entre de bonnes tranches de rigolade et quelques frustrations, la pêche ça fait surtout rêver !
Article écrit par Chloé, la copine de François.