Depuis quelques temps on commence à voir émerger sur les rayons des magasins quelques leurres dit « UV bright ». J’ai voulu me pencher sur la question dans le but de trouver une éventuelle piste pour attraper un peu plus de poissons ou déclencher des touches au moment où cela semble mort.
On connaissait déjà les leurres avec des matières « phosphos », c’est à dire ceux que l’on rechargeait avec une lampe et qui se mettaient à briller comme par magie. L’inconvénient direct dû à cette technique était facile à identifier : son efficacité sur le long terme. En effet une fois excitée par cette énergie lumineuse, la matière de notre leurre allait rendre cette lumière sous un aspect encore plus fort mais sur une durée relativement courte, nous obligeant donc à « recharger sans arrêt » notre leurre. Il paraissait alors primordial de trouver quelque chose de différent si nous voulions avancer dans ce domaine.
Késako ?
En premier lieu il faut savoir que les Ultra Violets éclairent le monde et les objets nous entourant de la même manière que les radiations du visible humain, mais que nous ne les voyons pas. De plus ces objets éclairés par les UV disparaissent à leur tour dès que les longueurs d’ondes du visible humain disparaissent. Ainsi on ne peut finalement apercevoir que les effets de ces UV : c’est le cas des matières qui absorbent les UV à hautes énergies et qui réémettent des radiations de longueurs d’onde encore plus grandes que notre œil peut apercevoir (elles apparaissent maintenant dans le spectre du visible humain). C’est ici le phénomène de luminescence : soit une réémission brève appelée fluorescence soit prolongée, la phosphorescence…. tient tient cela vous rappelle quelque chose ?… Les matières et les objets qui réfléchissent les UV et émettent donc à leur tour des UV ne peuvent pas être vus par l’œil humain si dans leur environnement il n’y a plus d’autres radiations visibles par l’œil humain. Un animal pourra en revanche, s’il possède des récepteurs à UV, voir ces objets (et donc nos leurres… 😀 ).
Pour qui ?
Un autre point très important est de savoir si les poissons que l’on recherche sont sensibles aux Ultra Violet. A la suite d’études, des laboratoires ont permis de déterminer une grande diversité en ce qui concerne l’aptitude de chaque espèce à être sensible à la perception des U.V.
Pour les espèces qui nous concernent, nous apprenons que les juvéniles de truite fario perçoivent les UV et s’en servent pour assurer leur nutrition mais perdent (malheureusement pour nous !!) cette aptitude à l’âge adulte. Pour la Perche, la vision des UV a été démontrée et attestée. Pour le brochet, il semblerait que celui-ci ne soit tout simplement pas équipé de récepteurs. Enfin l’espèce pour laquelle j’ai personnellement le plus œuvré, le sandre, rien n’est à l’heure actuelle établi et fiable malgré plusieurs travaux entrepris dont les résultats sont restés finalement assez flous. Faisant partie de la même famille que les perches (Percidés), tout laisse à penser que les sandres ne sont peut être pas indifférents aux UV. En effet nous savions déjà que leurs grands yeux globuleux qui leurs permettent de percevoir en conditions difficiles, sont très sensibles à la lumière…
Tête « UV » bleu/violacé, à peine perceptible…
Quand ?
Nous savons maintenant que si notre poisson possède des récepteurs à UV, il pourra repérer notre leurre même en absence de radiations visibles par l’homme. C’est donc le cas dans les milieux obscurs pour nous comme dans les milieux aquatiques à partir d’une certaine profondeur. Les espèces de poissons sensibles aux UV qui pénètrent encore dans ces profondeurs, pourront voir nos leurres qui réfléchissent ou réémettent ces UV !
Ainsi la pêche en eau profonde semble être la première application de l’utilisation des leurres UV bright. D’ailleurs les pêcheurs en mer l’ont déjà compris depuis longtemps avec l’utilisation de jigs métalliques. Les japonnais ont également eu de très bon résultats sur les céphalopodes (espèces très sensibles aux UV) avec l’utilisation de turlutes UV. Pour l’eau douce la pêche du sandre et des perches dans des profondeurs supérieures à 8 mètres semble être une bonne application. Personnellement lors de mes nombreuses sorties j’ai eu de très bons résultats dans des profondeurs allant de 10 à 22 mètres.
Un autre facteur peut être également déterminant dans l’utilisation de leurres UV : celui de la couleur du fond. Pratiquant régulièrement 2 lacs de barrage avec des teintes d’eau différentes, je me suis rapidement rendu compte que les résultats en faibles profondeurs (entre 5 et 10 mètres) n’étaient pas égaux. En effet, sur le lac avec un substrat très sombre, faisant ressortir une eau très sombre (apparence noire) mais claire (peu chargée en matière en suspension), les touches engendrées avec de l’UV étaient plus nombreuses que sur le lac de barrage ayant un sol granitique clair.
Enfin une application encore plus marquante concerne l’utilisation en fonction de la couverture nuageuse. Par temps couvert ou très couvert, n’oublions pas que même si les rayons du soleil visibles ne passent pas au travers des nuages, les rayons UV eux passeront ! Ces jours là, les couleurs (une grande partie des longueurs d’ondes) pénètrent encore moins profondément dans l’eau que durant les jours ensoleillés : les leurres UV pourront donc apporter un plus à votre pêche !!
A noter également que pendant ces jours ensoleillés, fortement éclairés, la vision des UV par les poissons (en espérant que le sandre en fasse partit !!) modifie leur perception des couleurs par rapport à la notre. Les UV peuvent donc accentuer dans certains cas certains coloris.
Un autre aspect que l’on peut également mettre en avant, c’est que si l’on utilise un leurre volumineux avec un fort pouvoir UV, celui ci peut être perçu par un banc de poisson fourrage (certains cyprinidés sont dotés de récepteurs) comme un prédateur et donc par voie de conséquence il pourra être considéré non plus comme une proie mais un éventuel concurrent prédateur. Ainsi même si les brochets ne sont pas équipés de récepteurs UV, l’utilisation de ces derniers pourrait se justifier comme un facteur « accentuant » d’ agressivité.
Comment ?
Les fabricants commencent à mettre à disposition quelques leurres UV bright, la plus part du temps sur des leurres durs. Malheureusement ce ne sont jamais les bons, jamais ceux auxquels ont voue une confiance aveugle. De même si comme moi vous pensez que parfois la pêche peut se jouer sur un détail, il apparaît bon de pouvoir modifier ses leurres comme on l’entend et où on l’entend !
Depuis quelques temps déjà on retrouve dans les rayons de magasins un « vernis » UV, conditionné en petite bouteille avec un pratique bouchon/pinceau. Chez la marque JMC il sert habituellement aux moucheurs pour confectionner les nymphes à corégones (un poisson qui se pêche en profondeur… tient tient on y revient…!! ). Chez Ultimate Fishing vous allez retrouver sous la référence « vernis UV », le même type de flacon de la marque AWABI HONPO qui lui est utilisé sur les turlutes au Japon pour la pêche des seiches et calamars. Celui ci est légèrement différent car il en existe 2 sortes : le premier va ressortir bleu/violacé sous l’effet de la lumière noire et l’autre aura une couleur verte.
Facile à se procurer, facile à utiliser avec le petit pinceau, ce type de vernis sèche également très très vite. Quelques secondes seulement suffisent au séchage avant de l’envoyer à l’eau !
Où ?
Mes premier tests je les ai effectués sur des parties ciblées du leurre. La première chose à laquelle j’ai naturellement pensé c’était à la tête plombée. Un petit coup de pinceau et j’avais déguisé certaines de mes têtes plombées sans que mes amis remarquent quoique se soit ! 😉 Pour que les tests apportent des résultats probants , j’ai alterné sans arrêt tête UV et tête classique. Les têtes peintes se sont bien démarquées et cela était encore plus vrai lorsque les facteurs se multipliaient :
eau sombre + temps couverts + pêche en eau profonde = têtes UV supérieures !
Une fois ce test réalisé positif, j’ai laissé court à mon imagination pour peaufiner les détails de mes leurres. Des choses simples qui auront dans des conditions précises leur importance ! Mais à ce moment mon déguisement ne se portait que sur des choses « métalliques » : plombs, palettes, hélices.
Sur les hélices des Okashira Megabass ou des Egg Spin Ultimate Fishing.
La palette argent du bas a été passé au vernis bleu, la blanche du bas au vert. Les deux du haut sont restées nues.
Ça donne a réfléchir ???
Ni vu ni connu, c’est quasi indécelable… 😉
Aimant régulièrement pêcher les percidés à l’aplomb et aux leurres durs, je me suis lancé dans un atelier peinture… J’ai recouvert la totalité de certains lipless avec le vernis UV, et vérifier encore une fois l’efficacité de ce détail.
Les pêcheurs de brochets y trouveront aussi leur compte. Il est relativement facile de créer des formes (par exemple zébrures) sur des leurres durs de grande taille type big bait, ou simplement de créer un point, une tache sur votre leurre.
Sur les leurres souples cela marche aussi ! Une fois appliqué, le vernis laisse un fin voile à la surface du leurre souple.
Photo à la lumière blanche, sans vernis. Photo à la lumière noire, sans vernis.
Sur une couleur verte fluo (psychadelic par exemple) l’éclat lumineux est renforcé, alors que le salt and pepper apparaît maintenant vert.
Voilà de quoi vous permettre de réfléchir un peu à votre tour ; pour moi j’ai vu que cela pouvait, au même titre que les attractants, jouer un rôle certains jours dans des conditions précises. Mais les tests à faire et possibilités semblent être encore nombreuses… si toutefois on s’attache à croire que les espèces que l’on traque y sont sensible (le sandre par exemple….).
Alors, à vos pinceaux, Prêts ? Craftez !