Fibre de carbone, fibre de verre, CNT… des mots que l’on entend tous régulièrement pour parler de la compositions de nos cannes à pêche. Savez-vous cependant ce que ces différents composants induisent sur l’action de celles-ci ? Dans cet article, nous allons nous intéresser à ce sujet, en prenant comme base de discussion la gamme et le savoir-faire de Tenryu.
Point historique sur la fabrication des cannes Tenryu
Tenryu est une marque profondément ancrée dans l’artisanat japonais. La marque conçoit et fabrique à la main ainsi ses cannes à pêche depuis 1961 dans la ville d’Iida en province de Nagano. Pour l’anecdote, le nom « Tenryu » vient de la rivière portant le même nom et qui coule dans la ville d’IIda. « Ryu » signifie également « Dragon » en japonais, nom provenant de la forme et de la puissance de ce fleuve, d’où le logo de la marque.
Tenryu est l’un des tout dernier fabricant de blanks de cannes à pêche au Japon et il produit encore lui-même ses propres « nappes de carbone ». Nous reviendrons un peu plus tard sur cette technologie mais ce qu’il est important de comprendre ici , c’est que la marque nipponne est capable de développer des actions de cannes très spécifiques en fonction de cahiers des charges parfois très strictes. Dans cet article, je ne souhaite pas m’attarder d’avantage sur toutes les qualités des cannes Tenryu. Vous les connaissez sans aucun doute et je vous renvois donc vers cet article très complet de notre président Yannick Cordier pour en prendre la pleine mesure : Pourquoi Tenryu ? Entrons donc désormais dans la partie technique qui nous intéresse ici.
Carbone et verre : le composite parfait ?
Historiquement, la fibre de verre a succédée au bambou et a permis une première vraie avancée technologique dans le domaine. La fibre de verre est produite par filage ou soufflage de verre fondu et est couramment utilisée dans le renforcement de produits à base de plastique et que l’on tous peut trouver sur le marché : rubans, tissus… C’est un matériau très souple pouvant supporter de très importantes flexions et bien moins cassant que la fibre de carbone entre autre. La fibre de verre permet donc d’obtenir de grandes flexions dans nos cannes. Bien que d’autres paramètres interviennent, nous pourrions ainsi résumer les choses en disant que plus une canne est riche en fibres de verre, plus elle aura une action à tendance « parabolique ». Pourquoi alors ne pas se contenter de canne en fibre de verre ? L’un des inconvénients majeurs de la fibre de verre est son poids, mais aussi son manque de résonance (transmission des sensations, sensations du fond, des touches, des mouvements des poissons…) comparativement à d’autres matériaux.
La venue du carbone a de nouveau révolutionné toute l’industrie : un matériaux très cher à développer mais très technique, résistant et très léger, sans parler de sa grande capacité à transmettre les informations. Ce sont des atouts indéniables pour nos cannes à pêche ! La fibre de carbone en elle-même est obtenue en filant un prépolymère qui est traité à haute température afin d’éliminer tout ce qui n’est pas carbone pur. Ce tissage forme des nappes de carbone qui sont enduites de résine thermodurcissable et enroulées autour d’un mandrin pour former un blank de canne « classique ». Tenryu est ainsi l’un des derniers fabricants de cannes au Japon à tisser et produire artisanalement son carbone.
D’un côté, nous avons donc une matière très souple et très solide, et de l’autre une matière très tactile et très légère : le mariage parfait ! Tenryu associe donc ces deux matériaux dans la plupart de ses blanks, ce qui forme un matériau dit « composite » (un mélange de plusieurs matériaux pour en exploiter les meilleures propriétés techniques et mécaniques). C’est grâce à cette expertise de la fibre et ce savoir-faire que la manufacture nippone donne à ses cannes une douceur et une résilience aussi emblématique.
La technologie Magna-Flex
La technologie Magna-Flex est une technologie chez Tenryu issue de leur maitrise de la fibre de verre et de la fibre de carbone. Elle permet de mélanger deux fibres avec des comportements complètement différents, sans qu’il n’y ait de rupture entre les différentes fibres.
Comme schématisé ci-dessous, ils sont capables de produire des cannes en fibre de carbone et dont le blank se termine en fibre de verre sans point de rupture entre les différentes fibres et donc sans point de fragilité. La même canne est ainsi roulée avec une matière qui va évoluer au fur et à mesure. Cela permet d’avoir des actions de cannes complètement uniques et très spécifiques à Tenryu.
Qu’est-ce que cela apporte en action de pêche ? Premièrement, comme évoqué, il n’y a pas de rupture dans la continuité des fibres donc il y a très peu de perte de transmission des informations. Par conséquent, cela aboutit à des cannes bien plus « tactiles ». Cette transition de matériaux permet également d’éviter de manchonner un scion plein (Solide Tip) dans un scion tubulaire, ce type d’assemble est très exigent à l’usage et très fragile en cas d’angle un peu trop fermé en action de pêche. Cela donne donc des cannes bien plus solides et durables. Cette technologie permet aussi une répartition plus efficace des matériaux ce qui offre à la canne des qualités mécaniques et une légèreté qu’il n’était pas possible d’atteindre auparavant, le tout avec une rondeur et une puissance déconcertante !
Ils sont également capables de le faire avec différents types de carbones, avec un carbone très dur sur l’arrière de la canne et un carbone très souple en pointe comme la canne Benthic. On peut également citer les Red Flip pour pêcher au Tenya avec ce scion très souple et ensuite du nerf pour le ferrage ou inversement, certaines Rayz avec une pointe précise et rapide pour les poissons nageurs mais une grande rondeur ensuite afin d’éviter les décroches pendant les sauts.
La nappe de Nishijin
Le Nishijin (non du quartier textile de Kyoto) à l’origine n’a rien à voir avec le monde de la pêche. Il s’agit d’un motif que l’on retrouve dans les tissus de soie japonais (motifs emblématiques sur les accessoires portés par les Samurais, ceintures, ornements de casques etc…) et qui se perpétue depuis plus de 1000 ans. Cela fait partie intégrante de la culture de pays. Tenryu tissant eux même les nappes de carbone, ils sont décidés d’inclure ce motif dans le tissage après plus d’une dizaine d’années de développement. Cela représente en effet une prouesse technologique car la fibre de carbone ne se comporte pas du tout comme la fibre textile et ils voulaient aussi que ce tissage ait des apports mécaniques sur le comportement des cannes.
Tenryu voulait que leurs cannes aient une signature japonaise propre et ancrée dans la tradition. Au-delà du simple aspect visuel et esthétique, les nappes de Nishijin ont un vrai intérêt technique en permettant de renforcer certaines parties de la canne et en apportant plus de puissance. Ce tissage apporte de la solidité dans les emmanchements de cannes ou de la puissance dans le quart inférieur qu’est le talon de la canne. On retrouve notamment cette technologie sur les cannes de la série Lunakia, les Brigad Flip ou encore sur la BC 73H PIKE SPECIAL.
Le CNT
La dernière avancée technologique est assez récente et se base sur la nanotechnologie (une technologie à toute petite échelle). Le CNT est un nanotube de carbone, c’est à dire un tube de carbone particulièrement fin, qui est injecté dans la résine au moment de la fabrication des cannes. Concrètement, cela permet de mettre beaucoup moins de résine dans la fabrication des blanks des cannes et donc de proposer des cannes beaucoup plus légères mais également beaucoup plus rapides et tactiles. Grace à l’inclusion des nanotubes, il est possible de diminuer la quantité de résine ce qui permet d’augmenter la transmission des informations, des sensations et de donner plus de puissance à la canne, avec une finesse de cannes déroutantes. Ce qui est particulièrement intéressant lorsque l’on veut pêcher fin et léger tout en gardant suffisamment de puissance pour brider un joli poisson.
On peut par exemple retrouver ces technologies chez Tenryu sur toute la série des Fast Finess, Lunakia, Rayz ou encore Brigade Flip. Ce sont presque systématiquement des cannes dédiées à des pêches légères et qui sont donc particulièrement en adéquation avec leur cahier des charges.
Pourquoi le rouge ?
Depuis les années 2000, Ultimate Fishing établit une relation forte avec Tenryu et de nos jours, lorsque l’on pense à une canne Tenryu, on pense avant tout à une canne « rouge ». Cette couleur est rattachée à des modèles de cannes exclusivement développés et pensés par l’équipe d’Ultimate Fishing pour correspondre à nos pêches européennes.
D’ailleurs, ce rouge est un vernis pigmenté appliqué à chaud en un unique geste à la main en passant le blank au travers d’un diaphragme. Cette fine couche apporte une puissante rondeur à la canne et permet la dissipation de l’énergie dans le vernis en cas d’impacts.
Les cannes Tenryu représentent donc un vrai échange entre une entreprise ancrée dans la pure tradition japonaise et une équipe de pêcheurs passionnés ayant à cœur de proposer du matériel très technique, travaillé et réfléchi. De ce mariage des cultures et des techniques sont nées des cannes aux actions très particulières. Depuis plus de 20 ans aujourd’hui, chacune des cannes Tenryu a été développée pour un programme particulier et une action spécifique. On pourra cependant noter que nous nous rendons parfois compte que certains modèles se comportent particulièrement bien dans des domaines où l’on ne s’y attendait pas. On pourra par exemple évoquer la nouvelle AKURU BC 82ML qui était annoncée comme une canne idéale pour pêcher au leurre souple en linéaire, mais qui se révèle également particulièrement efficace sur des pêches aux crankbait et aux lipless.
2 comments
Top ! Très instructif. Bravo Matéo pour l’écriture.
Merci Paul Henri pour ton retour et à Kevin le Lan pour sa relecture 😉