Il y a des leurres que nous emmenons dans nos voyages pour faire face à des situations précises. Des leurres ponctuels, performants, sur lesquels nous pouvons compter. Il y a d’autres leurres, plus rares, qui permettent de pêcher longuement, à la recherche d’une touche ou d’un poisson. Ces leurres sont taillés pour la prospection. Et enfin, il y a un ou deux leurres obligatoires. Ils viennent automatiquement prendre place dans nos bagages car sans eux nous serions presque démunis ! Des leurres capables de tout, qui sauveront des pêches mal engagées ou qui prendront l’imprenable. Aussi valable en eau douce qu’en mer, que les poissons fassent 1 kg ou plus de 100 kg. Il existe un poisson nageur qui a cette dimension. Il a pris en quelques années une telle importance qu’il est logiquement présent dans toutes les listes de matériel, pour partir aux 4 coins du monde. Ce leurre est un Tackle House et qu’il soit BKS ou BKF ne change rien à la donne : ne pas en avoir serait pêcher avec un handicap bien inutile !
Avant de les lancer dans un tour du monde, j’ai testé le BKS d’abord puis le BKF 140, chez moi, en eau douce. 10 ans sont passés et ils font toujours partie de mes préférences pour les gros brochets. Sur des rivières moyennement profondes, ce leurre a le don de déclencher une quantité d’attaques incroyable. Parfois je me dis que les brochets sont pris de folie ! Evidemment je cherche les gros sujets et chaque saison je prends plusieurs dizaines de beaux poissons. Avec annuellement une paire ou deux de « + de 10 kg ». L’animation reste lente mais très rythmée, pour mettre en évidence la nage particulière de ce poisson nageur. Si le fond est plus important, je laisse pendant plusieurs secondes mon BKS couler avant de commencer la récupération. Lorsque des zones peu profondes semblent inaccessibles du bord, le BKF est sans équivalent. Il part à plus de 50 m et je peux le travailler à volonté. Un banc d’herbe barre la trajectoire, pas de problème, un stop à peine prolongé évite l’embûche puisque ce leurre remonte à la surface. Et de cette façon, des gros becs j’en prends beaucoup ! Avec un grand nombre de touches visuelles. Même au cœur des villages, des zones pourtant très pêchées mais mal exploitées depuis la rive.
Dans des lieux tenus secrets, j’ai pris également une ou deux grosses truites. Des farios sauvages, de 3 à 4 kg. Le BKS et le BKF sont des provocateurs dans l’âme ! Tout ça se passe en France, dans les eaux du domaine public…
En Norvège, j’ai montré que le BKS 90 pouvait prendre un beau saumon atlantique ! Dans une rivière surpuissante, ce leurre m’a surpris. Je pensais qu’il ne ferait pas l’affaire mais le saumon ne s’est pas trompé ! Sur une nouvelle destination, j’aime commencer à pêcher avec un leurre de totale confiance. Après j’affine si le besoin s’en fait sentir. A retenir les bienfaits des différentes tailles de la gamme BKS…
Au Kazakhstan, le problème reste le manque d’eau et la prolifération des herbiers. Mais lorsqu’un petit chenal laisse suffisamment d’eau libre, mon BKF vert a terriblement bien marché.
Sans bouger de place j’ai pris jusqu’à 12 brochets au ras de la surface. Pas de monstre mais beaucoup de plaisir. La force de ce leurre : sa précision pour profiter sans accroc de chaque petite coulée. A noter les quelques grosses perches, de plus du kilo, qui se sont faites piéger par ce BKF.
Par contre pour les aspes, je me contenterai d’une prise bien modeste, pas grave !
Souvenirs émus et tristes de ce voyage en Suède, depuis mon ami Mika nous a quitté, il avait adoré cette virée dans la Baltique. Les brochets étaient dingues de nos BKS et BKF. Tous les jours nous faisions monter 10 à 20 superbes poissons. Pas besoin de racler le fond, la qualité de nos leurres faisait le reste…
En Russie, dans une partie de la Sibérie très difficile d’accès, le BKS 140 prendra un taïmen d’un mètre et pas mal de brochets et de truites. Pour moi ce leurre était nouveau et déjà j’en apercevais tout le formidable potentiel.
En Asie, j’ai taquiné le golden masheer avec le BKS 75. Même si j’ai par la suite préféré d’autres leurres, je n’oublie pas qu’un de ces splendides poissons s’est fait avoir par une présentation très travaillée, tout en lenteur, dans un courant violent, entre l’Inde et le Népal. Car là bas, il faut un leurre qui tienne parfaitement dans les turbulences des torrents.
En Malaisie, j’ai pris mes premiers snakehead avec un BKF et BKS 140. Les performances de ces leurres se sont parfaitement exprimées. Rapidité, précision, résistance et surtout la possibilité de les travailler très rapidement dés qu’ils touchent l’eau. Ils ne décrochent pas de leur trajectoire.
Deux leurres qui forcent le respect !
Aux Lakeshadweep j’ai pris diverses variétés de mérous et de lutjans avec le BKS 140. La pêche constamment en marche avant ne m’a pas permis d’approfondir mes tests. Par contre, ce que je retiens : lorsque j’ai voulu une espèce précise comme le mérou, il ne m’a pas fallu beaucoup de lancers avec un BKS pour en prendre un !
En Amérique Centrale, entre le Panama et le Costa Rica, j’ai pris pas mal de gallos avec les BKS.
Quelques carangues pacifiques, quelques pargos et même une petite sériole ! J’avais à l’époque vite remarqué la formidable aptitude de ce leurre à ne jamais s’emmêler dans le bas de ligne, même sur les lancers très appuyés. Mine de rien, un sacré avantage !
Et que dire de mes virées brésiliennes où j’ai pris toutes les plus belles espèces de ce continent.
Peacok bass, dorado, aïmara, poisson chien, aruana, divers silures et le fabuleux païche. Je ne sais plus lesquelles ont été prises avec Tackle House mais, sans le moindre doute, il y en a eu pas mal !
Le BKS a été le compagnon de mes longues marches cap verdiennes. Dans un univers volcanique et en bravant d’immenses déferlantes, j’ai pêché sans relâche de curieuses carangues, des badèches et quelques sérioles avec ce leurre.
Mais c’est en Afrique que ce leurre m’a le plus impressionné ! Et le pays qui illustre le mieux cette réussite c’est le Gabon. Le Gabon d’aujourd’hui, celui qui demande de la technique dans la pêche, dans le travail des leurres, pour prendre ces monstres de poissons qui sont toujours très nombreux. Pour le tarpon, j’en ai fait un de mes tous meilleurs leurres. Et pas seulement le BKS puisque le BKF a quelques séries d’attaques impressionnantes à son actif.
Malgré le vent de face, le BKS arrive souvent à bonne distance. Et comme je le dis, un Tackle House qui passe lentement sous le nez d’un gros tarpon et c’est la touche assurée ! J’ai pris des dizaines de gros tarpons du bord, des poissons de 50 à plus de 100 kg, grâce aux qualités de ce leurre.
D’ailleurs j’en ai toujours un dans ma boite, avec des hameçons neufs, pour les belles occasions. Ces occasions s’appellent « tarpons » et chaque fois que j’ai été au Gabon j’ai pu capturer de la plus belle des manières ces grands poissons argentés. Pour les grosses carpes rouges je dois reconnaître que les mâchoires redoutables ont tendances à exploser mes leurres !
Mais quand une carpe de 25 à 40 kg est en chasse et qu’elle refuse tout, vient le moment de choisir un BKS. Et si je le ramène tout percé, c’est que l’attaque a bien eu lieu ! Mais c’est pour les capitaines que ce leurre se surpasse. Impossible de chiffrer le nombre de poisson de plus de 30 kg que j’ai pris avec. Mes records avoisinent les 50 kg. La nuit il est prématuré de dire que rien ne mord si vous n’avez pas peigné la zone avec un BKS !
Parfois les carangues hippos chassent sur le fond. Les leurres de surface restent sans effets. Dans ce cas précis, le BKS 140 aligne touche sur touche ! Et quand on sait que chaque saison nos records s’échelonnent entre 25 et plus de 30 kg, la technique est à retenir. Pour les barras, le 175 est sans égal. Mais le problème vient des dents, gare à la touche… Nous prenons également de très grosses otolithes et même une fois un permit sur un BKS que nous avions laissé couler jusqu’au fond. Pas courant ! Autre grande qualité du BKS 140, il se lance très bien sur une canne de 15 lb comme sur une 80 lb. Et au Gabon ce détail est très important.
Lorsque je suis retourné aux Bijagos, pour des reportages, les seules belles carangues que j’ai faites en pêchant du bord, ont été prises avec des leurres à bavette. Dont le fameux BKS, mais ça il fallait s’en douter !
En Guinée Bissau, des pêcheurs découvrent seulement maintenant ce leurre Tackle House et crient au miracle ! S’ils avaient lu plus tôt mes articles…
Au cœur de l’Océan Indien, entre Madagascar et les îles extérieures des Seychelles, j’ai pris un grand nombre de poissons avec les BKS et BKF.
Un de mes meilleurs souvenirs c’est les pêches de nuit, sur une plage de Farquhar, avec la pleine lune. Un BKS 175 au bout de mon fil et la pêche à vue, à minuit, des grosses ignobilis ! Unique ! Au bout de 3 nuits, mon leurre a rendu l’âme et pas un seul autre poisson nageur n’a pu me redonner cette adrénaline.
Voilà mon historique avec ces leurres d’exceptions. J’ai forcément oublié des séquences, comme cette folie d’énormes thasards à la Baie du Courrier. Il y a eu du dégât dans les deux camps ! Ce qu’il faut retenir de tous ces souvenirs c’est qu’il faut avoir toujours sous la main une paire de BKS et BKF. Dans les océans, en rivière, sur les lacs, en montagne comme en bord de mer. Et sur les destinations lointaines, il est intéressant de commencer une prospection avec un de ces leurres. Pour voir. Tout comme je conseille de viser un poisson d’une taille hors normes avec un simple BKS. Les tarpons me l’ont appris. Ce n’est même plus un conseil, tellement c’est évident !
Notes de la rédaction :
Les BKS (coulant) existent en taille 75, 90, 115, 140, 150 et 175 alors que le BKF (flottant) n’existe qu’en taille 140
Julien Derozier, l’auteur de cet article, est guide de pêche, pour plus d’informations : http://www.julien-derozier.com/