On parle généralement de grande rivière pour les cours d’eau dépassant 20 à 30 m de large. Certaines de ces grandes rivières françaises sont très réputées pour la pêche de la truite et on y trouve des poissons de très belle taille qui participent à la richesse et à la diversité halieutique incroyable de notre territoire. Dans certains cas, ces grandes rivières ont vu leurs populations de truites décliner ces dernières années, souvent en raison de polutions malheureusement peu combattues par les pouvoirs publics. Nous profitons de cet article pour vous dire à quel point l’engagement de chaque pêcheur passionné est nécessaire pour lutter contre ces abus qui menacent la richesse de nos rivières. Cela étant dit, sachez qu’il reste encore beaucoup de cours d’eau français qui abritent des truites de très belle taille et que la pratique de la pêche aux leurres est particulièrement indiquée pour les faire mordre.
Dans la plupart des cas, ces grandes rivières sont nourries par des cours d’eau de montagne et gagnent en largeur à la fois qu’elles perdent en débit en s’installant dans de larges vallées. Les grosses truites apprécient particulièrement ces milieux où la nourriture est présente en abondance et où les postes sont extrêmement variés. Ces poissons sont très mobiles et occupent des postes différents selon les moments de la journée et selon leur activité alimentaire. Le défi pour le pêcheur de truite en grande rivière est de réussir à comprendre rapidement quels types de postes sont les plus propices durant sa partie de pêche et de pouvoir s’adapter à l’activité des poissons pour se concentrer sur les zones productives. La diversité (débit, hauteur d’eau…) des postes impose au pêcheur en grande rivière de maîtriser plusieurs techniques de pêche et l’oblige à disposer du matériel adapté à chacun de ces postes.
Parfois il faudra pêcher la veine d’eau centrale en coupant les lignes d’eau, parfois l’activité se concentrera sur les courants secondaires peu profonds en bordures, dans certains cas il faudra aussi savoir peigner les fosses profondes ou les fins de radiers. Chacune de ces approches implique des angles et distances de lancer variés mais aussi l’utilisation de types de leurres différents.
Selon les années et les cours d’eau, les conditions de pêche le jour de l’ouverture peuvent être diamétralement opposées. Un cours d’eau pourra recevoir une eau froide et haute issue de la fonte des neiges alors qu’un autre pourra avoir chauffé à la faveur de quelques belles journées. Encore une fois c’est la capacité du pêcheur à s’adapter aux conditions du moment et à l’activité des truites qui lui permettra d’obtenir de bons résultats.
Les conseils du staff :
Stéphane Poinçot
Habitant au cœur des Alpes, l’ouverture de la truite est un moment particulier. Les grandes rivières, comme l’Ain ou l’Isère, répondent parfaitement aux types de pêche que j’affectionne. Equipé de ma Tenryu Injection SP 73 M et surtout de mes Vision 95, j’arpente les berges et prospecte principalement les grands plats. Les truites à cette période sont souvent calées, c’est pour cette raison qu’une animation lente avec des pauses régulières assez longues, est de rigueur. La longueur de ma canne me permet de prospecter des postes assez éloignés, ce qui assure également une discrétion maximum. Ma couleur préférée pour l’ouverture est le Al Smelt, nos fameuses zébrées en raffolent…..
Florian Lozine
Habitant à la frontière entre le département de l’Ain et celui du Jura, j’ai à disposition de grandes rivières classées en première catégorie (basse et haute rivière d’Ain, Bienne…) où les grosses truites sont présentes en grand nombre par rapport à la moyenne nationale.
Pour les zones rapides (radiers) j’utilise principalement des jerkbaits de taille assez conséquentes, mes préférés sont le Vision 95 et le Spearhead Ryuki 80 S. Je pêche plein amont quand le débit est plutôt faible et quand il est plus fort je jette un quart amont en essayant de traverser la rivière, la touche se produit généralement quand le leurre change de direction (environ 1/4 aval). Pour l’animation, c’est plutôt simple : récupération linéaire avec quelques petits coups de scion qui déclenchent souvent l’attaque.
Pour les zones calmes (contre-courants, fosses …) j’utilise des leurres qui sont souvent oubliés pour la pêche de la truites. Pour prospecter assez rapidement j utilise des crankbaits et lipless, mes deux préférés seront le B-Switcher 2.0 et le Realis Vibration G fix 68 à ramener en linéaire en laissant le leurre frapper le fond (bottom tapping), les grosses truites en raffolent. Pour insister sur ces postes calmes avec des caches bien précises (gros rocher, fosse, vorgine, arbres) je vais plutôt pêcher avec un one up shad en 4 ou 5 pouces plombé entre 5 et 15 gr selon le débit. Il faut jeter très précisément pour passer au plus prés de la cache , l’animation sera alors de type vairon manié en passant à ras le fond.
Nicolas Guichon
Dans la région où je vis, nous avons la chance d’avoir de très grosses truites en quantité. En effet, les rivières comme l’Ain, l’Isére, le Guier, la Bienne ont toutes fait couler beaucoup d’encre. Les photos et anecdotes de gros sujets sur ces spots sont monnaie courante : ici une truite de 50 cm est juste maillée dans la bouche d’un acharné de salmonidés !
Toutes ces rivières ont des particularités physico-chimiques propres (couleur de l’eau, substrat….) mais au final je leur ai trouvé un point commun… la couleur d’un leurre qui les fait craquer ! C’est réellement bizarre, je l’admet, mais je pensais qu’une vraie grosse truite digne de ce nom et qui plus est sauvage, méfiante aurait une réelle tendance à craquer sur un leurre de couleur « naturelle », « vaironné », parfois « ghost »… et bien pas forcément ! Que cela soit en grande rivière ou lac de barrage je vais systématiquement utiliser un jerk de bonne taille : 95, 110 voir 130 mm. Ma préférence va naturellement au célèbre Vision de Megabass qui pourra même nous permettre d’évoluer un poil plus profond avec les versions « +1 ». Et le coloris me direz-vous ? Et bien pour les connaisseurs cela ne sera pas une surprise : dos chartreux ventre blanc/nacré (ndlr : coloris French TLC pour le vision de megabass) ! Pour moi c’est LE coloris qui n’a rien de naturel et qui fais craquer les grosses truites de l’Est de la France…. A bon entendeur …!
Julien Derozier
Pour l’ouverture je n’ai qu’un objectif, prendre une grosse fario ! Je profite de ces longs mois de calme pour tenter une belle prise. Pour réussir, je ne pêche que les grandes rivières, dans les parties les plus courantes. C’est une pêche basée sur l’expérience. Pour aller droit au but, je ne vais pas peigner ce cours d’eau pendant des heures. Absolument pas. Je sélectionne 3 ou 4 postes que je connais et qui abritent régulièrement des gros poissons. Il faut être au bon endroit, à la bonne heure et avec le bon matos ! La bonne heure c’est tôt le matin et tard le soir. Sauf si le niveau de la rivière est élevé et que sa couleur est teintée. Dans ce cas, la bonne heure dure longtemps ! Rivière haute ce sont les dessous de berge qui m’intéressent et rivière basse ce sont les roches ou queues de gravière que je préfère. 6 ou 7 lancers précis suffisent. Si la bête recherchée ne vient pas, je passe au poste suivant. En douceur, sans bruit ! Le matériel est important. Je pêche avec ma Tenryu Technically, une canne sensible pour travailler idéalement un leurre à bavette et suffisamment puissante pour capturer une fario de 3 kg ou plus. Côté moulinet c’est un Shimano Twin Power 2500. La qualité du frein et la souplesse de la mécanique, des qualités rares, indispensables ! Je pêche avec une tresse de 10/100 et un bas de ligne en Nylon 25/100. Le nœud de raccord doit être top, évidemment ! Mon choix de leurre est particulier, cela dépend des postes. En tête le X 80 de Megabass, mon leurre fétiche à grosses truites (ndlr : ce leurre n’est malheureusement plus à la gamme mais vous pourrez peut être encore en trouver chez vos détaillants, on en attend une nouvelle version – x 80 heavy weight – dans les prochaines semaines) ! Chaque année j’en prends une dizaine avec celui-là… Le X 70 lorsque l’eau est basse. Sa nage me fait toujours craquer ! Le Spearhead Ryuki 80 S me permet d’aller chercher une touche dans des postes inaccessibles niveau distance ! Une bombe et en plus c’est efficace. Le Moab 85 est une valeur sûre, dans le courant comme en eau calme. Voilà, pas plus de leurre, dans mon optique « grosses truites ». Depuis des années, sur cette semaine d’ouverture, quand je suis là, je prends une ou deux farios de 65 à 80 cm. Un grand bonheur !