Arrivé en Australie depuis 2 semaines, il est temps de vous faire un point sur ma situation ainsi que je l’ai promis à beaucoup avant de partir.
Avant tout, il me parait important de vous décrire le contexte qui m’a poussé à partir puisque c’est peut-être ce dernier qui permettra à certains d’entre vous de s’identifier à ma situation. En effet, après avoir réalisé ma première année de master en écologie à Montpellier, j’ai pris la décision de partir pour presque un an de l’autre côté de la planète pour plusieurs raisons. La première est que j’ai ressenti le besoin de profiter du fait de ne pas avoir de responsabilités pour faire ce que je préfère : voyager et pêcher ! Ayant la possibilité d’effectuer une césure entre mes deux années de master en écologie, c’est-à-dire de faire une pause d’un an en étant sûr de pouvoir reprendre mon master en septembre prochain, je n’ai pas hésité. La seconde raison, un peu moins réjouissante, est que la dégradation générale de l’environnement est telle à l’heure actuelle, que j’ai la profonde sensation (intuition) qu’en partant dans un pays comme l’Australie maintenant, je pourrais voir de mes yeux des animaux et écosystèmes qui n’existeront peut-être plus lorsque je serais bien plus vieux. Je serais accompagné de Jean, un ami novice à la pêche, que je me suis fait lors de mes études. Tout au long de mon voyage, je vais donc vous décrire l’avancer de ma compréhension de la pêche dans ce gigantesque pays et mes sensations en ce qui concerne la nature environnante.
Le voyage !
Partir en Australie signifie littéralement traverser la planète lorsque l’on est européen, ainsi, j’ai d’abord pris le bus de Saint-Etienne en direction de Paris, puis un premier vol de 12 heures direction Shenzen en Chine où je suis resté durant 17 heures. Après m’être reposé sur place, j’ai pris un deuxième vol de plus de 7 heures jusqu’au nord du continent australien pour atterrir dans la ville de Cairns, caractérisée par sa proximité avec la grande barrière de corail.
Premières semaines, premiers contacts !
Ces deux premières semaines furent enrichissantes notamment grâce à la rencontre de nombreuses personnes (et à l’obligation d’améliorer mon anglais), à la prise de mes premiers poissons en eau douce et en mer et aux premiers contacts avec la faune si particulière. J’ai vécu la première semaine dans un Air BnB puis la seconde dans une auberge de jeunnesse.
Les crocodiles
Une particularité de l’Australie est qu’il persiste de nombreux animaux potentiellement dangereux, chose à laquelle nous ne sommes plus vraiment habitué en Europe. Il est donc nécessaire de le garder à l’esprit le plus souvent possible. Cela est notamment le cas lorsque je vais à la pêche puisque cela implique de se tenir proche de l’eau voir même parfois de rentrer dans celle-ci. L’Australie abrite une espèce de crocodile dite « de mer » (Crocodylus porosus), le Crocodile marin ou Crocodile à double crêtes, responsable chaque années de plusieurs attaques et tenant toute la population loin de l’eau. Les requins sont également très présents.
Cette particularité complique la pêche lorsque l’on est obligé, comme moi, de pratiquer du bord. Certains spots comme les estuaires sont très plats et le fait de pouvoir rentrer dans l’eau me permettrait de les prospecter bien plus efficacement mais c’est un risque qui ne peut être pris raisonnablement. Je suis donc contraint, en eau douce comme en mer, à devoir pêcher dans un contexte qui peut être un petit peu stressant. Un ami a très bien résumé la situation « les plus plages les plus frustrantes du monde sont en Australie ».
Mon matériel
Je suis parti avec des cannes travel car cela m’évite les frais de hors format à l’aéroport mais aussi car je compte acheter un 4X4 et que la place sera limitée. J’ai donc choisi 4 modèles Tenryu :
– Une SP 73M travel pour effectuer toutes les pêches light en mer et en eau douce.
– Une Super Mix 240 travel qui me permet grâce à son longueur et sa puissance de lancer très loin une large gamme de leurres (10-60g) et de tout type (topwater, casting jig, poisson nageur)
– Une Diablo travel 70lb, très puissante, j’espère qu’elle me permettra de contrôler les poissons les plus imposants lorsque l’occasion se présentera. Je compte également essayer de pêcher avec à l’appât sur les plages la nuit.
– Une BC 73XH Travel pour utiliser les leurres que je préfère, les swimbaits ! Sa polyvalence (28-112g) permet d’utiliser de nombreux autres leurres plus légers. Je destine cette canne à la prise du célèbre Murray cod, espèce endémique que je rêve d’attraper depuis plusieurs années mais aussi à la traque du barramundi en eau douce.
J’ai également pris avec moi quatre boites de leurres offrant, de mon point de vue, un éventail plus que suffisant de possibilités pour répondre à toutes situations.
Première Semaine : de l’eau douce !
La pêche cette semaine se limita à une courte session non concluante en canal et une journée plus enrichissante en rivière (Barron river) que je vais décrire ci-dessous.
Parti tôt le matin en bus en direction de l’intérieur des terres, nous rejoignons la rivière après 50 minutes de route et 15 minutes de marche. L’eau est relativement claire et le niveau est globalement bas, bien qu’il reste de nombreuses grandes poches suffisamment profondes pour concentrer la vie.
Les premières heures furent calmes, passant plus de temps à admirer les gigantesques arbres et les nombreux cacatoes. Nous avons ensuite croisé des gens qui semblaient nourrir des poissons avec du pain. Poussé par notre curiosité, nous avons tenté notre chance en équipant la 73m d’un hamecon simple enrobé dans une boulette de pain. Le résultat fut rapide : trois espèces au compteur en 10 minutes et premiers poissons pour Jean !
Il fut ensuite le temps de repasser aux choses sérieuses, à savoir, la recherche des barramundi aux leurres. Après deux heures non concluantes, nous mangeons sur un rocher à l’ombre d’un arbre. Durant le repas, j’ai repère une grosse branche noyée semblant bloquée sous un rocher. Je tente donc de faire passer un longbill minnow (duo realis jerkbait) proche de la branche. En fin de lancer, mon leurre frotte le bois et j’effectue machinalement une pause en observant mon leurre. Juste à ce moment-là, un énorme barramundi sort de sous la branche et se précipite sur mon leurre avant de se stopper. Il est très grand, probablement métré je suis presque apeuré de prendre la touche ! Puis dans une nonchalance déconcertante, il fait demi-tour et s’en va… Quel premier contact, un vrai monstre !
Remis de nos émotions (car Jean l’a aperçu également), nous reprenons notre prospection en marchant dans la jungle puis nous arrivons dans une zone comprenant de nombreux blocs de roches immergées. Je fais passer mon jerkbait entre ceux-ci et tente de m’approcher des parois. Après avoir pris une belle touche je sors un poisson étonnamment petit pour sa force. Il s’agit d’un mangrove Jack, un poisson à la dentition impressionnante que j’avais déjà eu la chance de capturer (en plus petit) en Guadeloupe. Je décide donc de poursuivre la prospection de cette façon puisque cela m’a déjà permis de déclencher deux poissons… Une petite centaine de mètres de berge plus loin, il est possible pour nous de nous approcher d’un tas de bois noyé en pêchant sur un tronc d’arbre cassé. Même technique, je m’approche le plus possible des obstacles et même sanction, je pique mon premier barramundi, il fait environ 60 cm mais je le perds pendant le combat, frustrant ! Je referais de la même façon 4 mangrove jack mais plus un seul barramundi ne se montrera …
Deuxième semaine : La mer de Corail du pacifique Sud !
Nous avons pêché plusieurs fois cette semaine-là, notamment de courtes sessions dans le port de Cairns, qui nous ont permis de comprendre l’influence de la marée sur l’activité des poissons. Les touches ne furent pas très nombreuses malgré de belles chasses un peu loin pour être atteintes.
Un peu dans le flou sur comment aborder la situation, nous allons dans un magasin de pêche pour prendre quelques conseils. Le vendeur nous explique que les barramundi se prennent sur des animations lentes car l’eau est trouble et qu’ils ont du mal à localiser le leurre avec le bruit ambiant de la mer.
Je décide donc de partir essayer cela le lendemain matin dans un estuaire. Le calendrier des marées indiquant une haute mer à 9h. Avec le bus, je peux être sur place à 7h30 ce qui me laisse 1h30 avant que le niveau ne rebaisse. Je pratique à la limite ocean-rivière sur une zone très plate et peu profonde faite de sable et de boues.
J’opte pour un jerkbait flottant à bavette très courte (Zip Baits system minnow 123F) que je vais récupérer lentement comme je le fais pour pêcher les sandres dans les courants. J’obtiens ainsi une présentation discrète en sub-surface. Après une dizaine de lancés, je prends une violente secousse alors que mon leurre se trouve juste derrière une vague venant s’écraser sur le bord, c’est un barramundi !
Complétement euphorique je le bride, le tire sur le sable (pas question de rentrer dans l’eau à un moment pareil, souvenez-vous des crocodiles !) et m’en saisis, quelle joie !
Je crois que je n’ai jamais eu autant de satisfaction à la pêche qu’en capturant une espèce exotique pour laquelle j’ai traversé la planète… La même joie que lors de mon premier tarpon ou snakehead (voir les articles sur mes voyages en Guadeloupe et en Thailande) !
En continuant de pêcher de cette façon, je prendrais deux autres espèces mythiques en Australie, le queenfish et le flathead.
Une belle matinée qui conclut bien cette période d’adaptation.
Troisième semaine : Barramundi d’eau douce Round 2
Cette troisième semaine fut marquée par l’achat d’un 4×4 nous permettant d’être bien plus libres dans nos déplacements. Ainsi, dès l’acquisition, nous sommes retournés sur la Barron river avec cette fois-ci un peu plus de résultats : des jungle perch au cranckbait et au jerkbait, quelques barramundi ratés au vatalion et enfin un joli pris au leurre de surface !
Après un combat solide ponctuée de belles chandelles, c’est la libération ! Difficile à piquer et à sortir lorsque l’on pratique du bord à cause des nombreux obstacles environnant mais aussi de leur tendance à écraser les triples …
Ainsi nous partons de Cairns en cette fin de 3ème semaine, le trajet d’environ 20 heures sera ponctué d’arrêts durant lesquels nous dormirons dans le 4×4 et peut être aussi dans des auberges de jeunesse, c’est là tout le charme de ce voyage … On ne sait jamais trop comment il va se dérouler !
Je vous laisse en image avec une photo de tortue Caouanne (Carreta carrera) que j’ai pu observer lors d’une session au nord de Cairns et espère avoir beaucoup de choses à vous raconter dans la deuxième partie de ce récit ! Je poste régulièrement des photos d’ambiances, de paysages et autres animaux sur instagram, n’hésitez pas à me suivre : tom_couchoud_ultimatefishing .
Tom.