La pêche aux leurres me passionne mais il y a un poisson qui me fascine par dessus tout et qui me rend complètement fou c’est l’ASPE. Pourquoi ? Une pêche ultra dynamique, prospective, des touches qui sont de véritables coups de fusil, des poissons pouvant dépasser les 80 cm et le tout en plein courant !!! Bref tous les ingrédients pour satisfaire un pêcheur au leurre. Même si au premier abord l’aspe semble être un poisson assez simple à leurrer, dans les faits il en est tout autre. C’est pour moi l’un des poissons les plus déroutant et déstabilisant, qui oblige à puiser aussi bien dans ses ressources techniques mais aussi et surtout psychologiques. Entre les ratés, décrochés, suivis, casses, et sans oublier les chasses sans touche, l’aspe est capable de vous rendre complètement dingue et c’est pour tous ces ingrédients que j’en suis venu à le traquer tellement c’est devenu une drogue !
Je parle bien de « traque » parce que pour moi c’en est une. L’aspe est un poisson très dynamique et très mobile, il se déplace beaucoup et le spot d’un jour n’est pas forcément celui du lendemain. Nous sommes de plus en plus nombreux à nous intéresser à la pêche de ce poisson mais parfois les débuts peuvent être difficiles. L’objectif de cet article est donc d’essayer de vous donner quelques repères et astuces (les miens) pour réussir vos sessions.
Le matériel :
Avant de partir au bord de l’eau il est important de faire un petit point rapide sur le matériel car ce poisson à des comportements très spécifiques (j’y reviendrais plus tard), il va donc falloir s’y adapter. Je ne vais pas rentrer trop dans le détail mais surtout vous décrire les caractéristiques essentielles au travers du matériel que j’utilise pour la pêche de l’aspe.
La canne :
2 critères sont primordiaux pour son choix : bonne lançeuse car parfois les aspes sont localisés sur des zones lointaines, et la polyvalence afin de pouvoir utiliser différents types de leurres. Cela fait maintenant 2 saisons que j’utilise avec bonheur la Tenryu Injection SP 73 M pour la recherche de ce poisson et elle remplit à merveille son rôle. Sa plage de puissance 5gr/28gr est idéale et correspond bien aux leurres que j’utilise et que nous verrons plus bas. L’action régular/fast est parfaite pour pouvoir lancer loin et animer différents types de leurres, le tout avec une grosse réserve de puissance. Pour le moulinet je lui ai choisi un moulinet en taille 2500 mais le critère le plus important c’est son ratio qui doit être le plus élevé possible (grosse récupération au tour de manivelle).
Bas de ligne et tresse :
La distance de lancer étant un critère très important il ne faut pas réfléchir : tresse 8 brins. J’utilise personnellement la YGK WX8 G-Soul en diamètre PE 1 ou PE 1,2 en fonction de la saisonnalité. On peut descendre sur une PE 0,8 pour lancer plus loin mais la Loire est un fleuve puissant avec de très jolis spécimens donc je préfère utiliser une tresse un peu plus résistante. Pour le bas de ligne, systématiquement en fluorocarbone et je fais varier le diamètre également en fonction de la saisonnalité et de la teinte de l’eau. J’utilise le YGK Nitlon DFC en 25/100 et jusqu’à 35/100 mais on peut monter plus costaud sur des eaux très piquées !
Les leurres :
Le choix est immense et la gamme Ultimate Fishing renferme de véritables bonbons à aspe. L’un des critère essentiel devant vous guider, c’est la capacité du leurre à tenir le courant ou les vitesses de récupération élevées sans décrocher ! Je ne vais pas me lancer sur cet article dans une description de tous les leurres que j’utilise mais simplement vous indiquer ceux qui sont des références pour moi et que vous trouverez toujours dans mes boites.
- Jerk/Minnow : Ryuki 80s et 95s – Duo Bayruf – ZipBait ZBL System Minnow 90 – Megabass Vision Oneten JR SW
- StickBait : Asturie 90/110/130 – Megabass Coayu Slide Sinker – Megabass Giant DOG X – Zenith Carol
Pour le choix des coloris, prioriser le naturel. Personnellement j’utilise beaucoup les « dos vert » « dos bleu » type « sardine » et aussi le blanc. Ceci étant quelques variantes plus flashy peuvent être certains jours la solution. Là il faut trouver le coloris qui va déclencher en fonction de la teinte de vos eaux et de la nourriture que les aspes vont chasser. En terme de sonorité, suivant mes différentes observations je trouve que les leurres silencieux sont plus réguliers. Même si souvent il faudra les agresser pour espérer déclencher une touche, les aspes s’éduquent assez vite au bruit et seront parfois réfractaires aux billes donc toujours avoir des leurres peu bruiteurs voir non bruiteurs dans votre sélection.
A noter que j’ai eu un véritable coup de coeur en ce début de saison pour le tout nouveau Duo Ryuki 95 S qui m’a apporté beaucoup de jolis poissons et qui ne me quitte plus tellement il est redoutable, je vous le conseille vivement !
Où les trouver ?
C’est la question ! C’est d’ailleurs tout ce qui fait le charme de cette traque car s’il faut les trouver pour espérer les ferrer, mais il faudra aussi trouver ce qui va les décider (animation, leurre) et parfois savoir être patient.
Géographiquement, l’aspe n’occupe pas tous les cours d’eaux de France même si l’espèce est en pleine expansion, donc la vérité d’aujourd’hui ne sera pas celle dans 5 ans ! Actuellement il est majoritairement présent dans l’Est de la France et si je me rapproche de chez moi, sur le fleuve Loire mais aussi ces affluents comme La Vienne, La Creuse, Le Cher et bien d’autres. Ceci étant je pense que sa population devrait s’étendre au fil des années et surtout s’il trouve un milieu qui lui est favorable.
Les bons spots :
Quand vous êtes sur une rivière (ou fleuve) où l’aspe est présent, il peut se trouver n’importe où sur le cours d’eau. C’est un poisson qui affectionne le courant donc on va le trouver plus particulièrement sur les zones proches de courants rapides, les zones de remous, contres courants et autres. Privilégiez donc les zones très animées avec des ouvrages (ponts, etc…) qui peuvent casser ou accélérer le courant, des radiers, épis et autres petits îlots, rochers, herbiers etc… Il est vrai que sur certains spots, les aspes sont un peu plus nombreux et présents quasi systématiquement mais la contre partie c’est que souvent ils y sont surpêchés et la pêche y est souvent très difficile (rien de mieux pour se casser les dents !). D’une manière générale les belles pêches se réalisent hors des sentiers battus.
Etre observateur :
C’est l’une des clefs pour localiser les aspes. Ce sont des chasseurs frénétiques avec des chasses impressionnantes et facilement reconnaissables. Je vous invite donc simplement à vous balader au bord de l’eau tôt le matin et en soirée (surtout en plein été) et vous finirez à coup sûr par voir des chasses d’aspes qui vont vous indiquer des secteurs à privilégier. Quand il n’y a pas d’activité, cela signifie qu’ils ne sont pas en phase alimentaire mais cela peut vite changer ! C’est là où tout votre instinct et votre capacité à « lire l’eau » va faire la différence. Pour préciser ce propos je parlerais plus d’expérience qui permettrait de repérer un spot potentiel et de sentir où pourrait se localiser le poisson, la bonne veine d’eau. Facile à dire mais c’est en passant beaucoup de temps au bord de l’eau, canne à la main que vous forgerez votre expérience et votre capacité à analyser une situation.
L’instinct mais pas que :
Si cela est important je ne vous cache pas que j’ai aussi un petit côté pragmatique et rigoureux. M’étant tellement cassé les dents dans la recherche de ce poisson que ce dernier m’a poussé à aller plus loin dans mes réflexions et mes méthodes. La pêche et encore plus la capture d’un poisson ne sera jamais 100% garantie, néanmoins pour la traque de l’aspe sur mon secteur, j’ai une petite méthode qui n’est pas fiable à coup sûr mais elle oriente beaucoup mes choix de pêche en fonction du temps dont je dispose.
La Loire et les rivières en général sont des milieux changeant notamment au niveau du débit qu’on peut rapprocher du niveau d’eau. Quand il y a un orage ou une perturbations avec de la pluie, cela va automatiquement se répercuter sur le cours d’eau d’une manière ou d’une autre soit en teintant l’eau soit en faisant monter son niveau. Comme la Loire est un fleuve puissant cela n’est pas sans incidence pour les poissons. Quand le courant est trop fort ils se mettent à l’abri sur des zones de repos ou autres et les aspes sont comme les autres, et ils vont aussi suivre leurs proies. En pratique voilà comment je procède : je tiens un petit carnet de bord dans lequel je note chaque prise d’un aspe, le lieu, le leurre, l’heure mais surtout et c’est le seul poisson pour lequel je le fais, le niveau d’eau de la Loire. J’ai pu remarquer qu’en fonction de ce niveau d’eau, les poissons n’étaient pas toujours localisés sur les mêmes secteurs ou les mêmes veines d’eau. Du coup avant de partir le traquer, je jette toujours un rapide coup d’œil sur le net pour consulter les prévisions du niveau de la Loire et je croise avec mon petit carnet afin de voir sur le niveau donné quels sont les spots qui ont été productifs. Malheureusement cela ne fonctionne pas à tous les coups et même s’il est important de se faire confiance et d’avoir confiance en son instinct, cela n’empêche pas d’essayer d’orienter au mieux ses sorties pour optimiser les résultats.
La pêche :
Maintenant que vous avez le matériel et des indices pour les localiser reste à le faire « craquer » ! Il ne suffit pas de lancer le leurre pour prendre du poisson même si c’est la base, mais ce poisson va mettre vos nerfs à rude épreuve et c’est là que moi j’y trouve tout son charme ! Vous pouvez être sur un spot avec des aspes en plein frénésie alimentaire sans prendre une touche (çà c’est dur) où à l’inverse être sur un secteur où c’est le calme plat et d’un seul coup vous aller prendre une touche et cela va déclencher l’activité des autres poissons ! Il faut sans cesse se remettre en question, changer de leurre, de coloris, de sonorité (ou absence de sonorité), changer de spot ou alors faire l’inverse, savoir s’arrêter-poser la canne, être calme et patient pour attendre le bon moment. Il m’est souvent arrivé de me trouver sur un spot avec la certitude que les aspes étaient présent sans prendre une touche, m’arrêter de pêcher ou y revenir 1h après et prendre une touche au premier lancer. Parfois vous pouvez pêcher 30 minutes sur le même secteur sans rien prendre et d’un seul coup vous allez faire 2 poissons d’affilée. Voilà la pêche de l’aspe c’est un mélange de tout çà à la fois ce qui peut être très déstabilisant et frustrant et le seul mot d’ordre que je pourrais vous dire c’est : soyez persévérant ! Ne lâchez rien la récompense viendra !
La saisonnalité :
L’aspe peut se capturer toute l’année au leurre (sauf période de fermeture pour le leurre) mais en revanche il faudra adapter la taille de vos leurres au cours de la saison afin de vous adapter au comportement de l’aspe. Pour le début et la fin de saison, là il ne faut pas hésiter sur la taille des leurres 80 mm et + en pouvant aller jusqu’à 120 mm voir plus. Personnellement sur ces périodes j’affectionne particulièrement le Duo Ryuki 95 S comme déjà évoqué, ou encore le Megabass Vision JR SW.
En milieu de saison c’est à dire principalement fin Juin et tout l’été, les aspes vont se focaliser sur des proies de petites tailles en tapant dans les bancs d’alevins frénétiquement. Cette période rendra la pêche plus difficile et il ne faudra pas hésiter à descendre en taille de leurre. J’utiliserais dans ces moments des petits leurres de surface comme le Megabass Coayu slide Sinker mais aussi du Ryuki sur des tailles de 70 S voir 80 S max histoire de sélectionner un peu la taille des poissons. Un autre moyen de les leurrer est de leur proposer un petit leurre souple de 3″ avec une petite tête plombée comme le One Up Shad. A titre personnel je reste quand même sur des leurres conséquents durant l’été avec l’espoir de séduire un joli poisson mais les touches sont plus rares donc n’hésitez pas à diminuer la taille des leurres si vous souhaitez multiplier vos chances d’attaques.
La bonne heure :
Ce qui est sympa avec l’aspe, c’est qu’il peut se leurrer à n’importe quel moment de la journée et peu importe les conditions climatiques. Il y a plusieurs pics d’activités alimentaires (visibles ou non) dans la journée et donc une situation qui peut sembler perdue peut changer d’un seul coup sans explications autres que celle de la nature et du comportement du poisson lui-même. Dans la pratique et en fonction de mon temps disponible j’essaye de multiplier les petites sessions de 1h voir 1h30 à différents moments de la journée afin de multiplier mes chances. Privilégier les coups du matin et coup du soir durant lesquels l’activité est souvent au rendez-vous, un classique me direz-vous mais toujours payant.
L’animation :
C’est à mon goût un point déterminant et là il ne faut pas faire dans la dentelle. Même si forcément il y a toujours des exceptions, d’une manière générale les animations doivent être ultra rapides et dynamiques. Ne réfléchissez pas, il faut du rythme et beaucoup de vitesse pour déclencher une attaque d’aspe. Oubliez votre manière de faire habituelle et go go go à fond les ballons d’où l’intérêt d’avoir un moulinet avec une récupération rapide comme évoqué dans la partie matériel. Dans la pratique une récupération très rapide en linéaire simple ou accompagnée de petits twitchs très rapides et vifs sur des pêches au jerk ou minnow. Pour les sticks même principe afin de leurs donner la nage en walking the dog mais le plus rapide possible. Cette vitesse est probablement le plus déroutant car il va un peu à contre sens de ce que nous avons l’habitude de pratiquer pour les autres espèces de poissons d’eau douce où souvent on essaye de ralentir, faire des pauses etc… L’aspe est un poursuiteur donc la vitesse de récupération ne sera jamais trop rapide, bien au contraire il ne faut pas lui laisser le temps de réfléchir et déclencher son attaque instinctive. Cela reste un principe général qui m’a permis de faire 80% de mes poissons mais par expérience, parfois il faut sortir des classiques pour déclencher une touche donc en l’absence de résultat, n’hésitez pas à varier un peu vos animations !
La touche violente :
L’animation étant ultra rapide, l’aspe fonce sur votre leurre à toute vitesse et là on ne parle même plus de touche mais de « cartouche« . Vous prenez une vraie décharge dans le poignet et soyez toujours prêt car parfois il vous arrache la canne des mains. Tous les pêcheurs d’aspes vous le dirons, quand on prend la « boite » que ce soit en surface ou subsurface c’est magique ! Soyez toujours prêt et vigilent surtout lors de l’approche de votre leurre sur la bordure, car ces petits malins sont souvent suiveurs et vont venir parfois jusqu’à vos pieds et attaquer au dernier moment. Petite astuce personnelle, j’ai pris l’habitude de laisser mon leurre quelques secondes (1-2) à l’arrêt dans l’eau à la fin de la récupération ou légèrement ralentir avec toujours l’espoir de voir un poisson jaillir derrière ! Quelques prises de cette manière surtout quand l’eau est un peu teintée : sensations garanties !
Le combat :
Toujours difficile de faire une généralité sur le combat d’un poisson mais dans l’ensemble l’aspe fait des rushs éclairs et quelques coups de tête mais cela se calme progressivement plus ou moins rapidement. Cela va varier en fonction de la taille, de la saison mais aussi de la configuration du spot notamment avec la puissance du courant ou autre. Il faut savoir que certains aspes dépassent les 80 cm donc en fonction des poissons que vous ciblez et des leurres utilisés, il faut adapter le matériel en conséquence. D’où mon choix d’une canne médium l’injection SP73M qui s’inscrit dans ce cadre afin d’avoir un réel plaisir de capture quelque soit la taille des poissons tout en gardant la réserve nécessaire pour combattre les beaux sujets. Pour cet été je vais tester la nouvelle Tenryu Injection 75 ML qui devrait me permettre de pouvoir pêcher avec des leurres plus petits et avec un max de plaisir !
Un dernier point, l’aspe est relativement fragile donc soyez précautionneux avec vos prises, ne les laissez pas trop hors de l’eau surtout en pleine chaleur et évitez de les poser au sol (sables-pierres etc…). C’est vos bons moments de demain que vous avez dans les mains !
Voilà vous l’aurez compris je suis complètement addict à la pêche de ce poisson très attachant, qui me comble de plaisir au bord de l’eau et me permet d’assouvir et vivre ma passion pleinement.