Après quelques jours très sympas en eau douce, notre voyage en Espagne se poursuit et nous conduit en Cantabrie pour la partie salée du programme. Joseba et Pete, les locaux de l’étape vont nous guider sur leur terrain avec pour objectif principal de nous faire prendre « un denton cantabrico ». La pêche du denti (dentex dentex) est surtout pratiquée en Méditerranée où ce poisson est présent avec des belles densités. Du côté atlantique, il est beaucoup moins connu et sa répartition est beaucoup plus limité, avec des densités inférieures. Pourtant sur certaines zones comme la mer de Cantabrie, ce poisson est bien installé et ses populations semblent même augmenter d’année en année. Le site fishbase (cf image ci-dessous) marque bien une densité intéressante du Pays Basque aux Asturies.
Depuis quelques années Pete et Joseba se sont spécialisé dans la pêche de ce poisson aux leurres. Ils sont partis de zero car très peu de pêcheurs le recherchent de cette façon, la plupart lui préférant la pêche au vif. C’est le début de saison et les gars n’ont pris qu’un poisson chacun avant notre arrivée, la pêche s’annonce assez difficile mais nous avons 3 jours sur l’eau et donc de vraies chances de prendre notre premier denti.
Passons rapidement sur le premier jour, des conditions dantesques avec un vent trop fort pour pêcher correctement et des conditions de mer très inconfortables. Retour au port anticipé et discussions passionnées sur le mode de vie de ce poisson et la façon de le pêcher.
Second jour, la mer est magnifique, pas un souple de vent. On sort en compagnie de Juan Jo qui connait le secteur comme sa poche et fait tout son possible pour nous placer dans les meilleures conditions. Les gars nous expliquent la technique qu’ils ont développé pour le denti, une sorte de mélange étonnant entre une pêche en traction et une pêche à la volée. L’idée c’est de disposer d’un maximum de phases de descente du leurre mais d’avoir une animation assez dynamique pour éviter les touches de tous les petits poissons de roche qui se jettent sur les leurres trop lents. Du coup on pêche vite avec des animations assez décollées.
Au niveau des leurres, on écoute avec attention les conseils de Pete, Juan Jo et Joseba qui s’accordent tous les 3 sur la supérioté du one up shad. Les tailles 5 et 6 sont les plus intéressantes et les couleurs à base de orange ont leur préférence.
Beaucoup de girelles et de serans peuplent les plateaux rocheux sur lesquels nous pêchons et attaquent nos leurres dès qu’on s’approche du fond sans apporter de vitesse dans les maniements. On comprends vite pourquoi les tailles 5 et 6 et les couleurs orange sont conseillées, ça correspond tout simplement à la nourriture des dentis.
Nous ciblons essentiellement des zones assez accidentées avec des fonds compris entre 15 et 35 m et utilisons des plombées de 20 à 40 g (la tête rolling est parfaite). Bars, vieilles et autres rascasses viennent régulièrement croquer nos leurres mais les dentis se font désirer.
Juan Jo fait le tour de ses spots les uns après les autres avant enfin de nous annoncer des échos qui ressemblent à des dentis. Joseba prend une belle touche mais rate son ferrage, quelques secondes plus tard c’est pour moi, la touche est assez discrète et se passe en plusieurs fois… toc, toc, toc. Les gars m’ont conseillé de rendre la main pour laisser le denti prendre le leurre complètement en gueule, je m’exécute et baisse la canne avant d’envoyer un gros ferrage en décalé. C’est pendu et le premier rush ne laisse pas de doute, je tiens mon premier denti. Le combat est vraiment costaud et nos hôtes prennent un peu peur quand ils voient que j’ai troqué ma bull dog pour ma SP 73 M et une « petite » tresse en 1.2. Mais ça passe, il y a du fond et j’ai piqué le poisson assez loin au dessus du fond. Je prends mon temps pour gérer le combat avant de mettre au sec le premier denti de la journée.
On repasse sur la zone sans succès à deux reprises. Le courant de marée est en train de faiblir et il nous reste peu de temps propice, Juan Jo mise sur une zone assez proche qui présente un profil similaire à celle sur laquelle j’ai pris mon poisson. Ici aussi il trouve quelques échos intéressant. C’est une nouvelle fois Joseba qui va prendre la première touche, cette fois son ferrage est parfait et le frein déroule, le combat est superbe et après quelques minutes, le denti arrive à bord.
Le One Up Orange nous a permis de prendre ces 2 poissons… mais je peux vous assurer que mentalement ça n’a pas été facile pour nous de pêcher avec du orange dans une eau transparente. Parfois il faut savoir oublier ce qu’on connait sur sa zone et sur ses pêches de prédilection pour écouter les conseils, aussi surprenants soient-ils, des spécialistes locaux.
Le troisième et dernier jour de pêche du denti ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices, le vent souffle fort et la pêche va être bien plus difficile que la veille. Nous avons pris 2 bateaux, je suis avec Pete et nous ciblons le même type de zones que celles qui nous ont rapporté les poissons la veille. Joseba, Kevin et Benoit ont pris le parti d’une pêche moins profonde en se rapprochant du bord pour profiter de la protection d’une pointe qui casse légèrement le clapot. Nos 2 frenchies commencent en finesse au slug sur 10 g avec la 73 m comme s’ils pêchaient le bar. Ils lancent en anticipant la dérive rapide du bateau ce qui implique un contrôle très difficile de la tension de la ligne et une perte de sensibilité. Benoit et Kevin connaissent cette approche par cœur et savent qu’il faut trouver le point où l’on sent presque le leurre sans pour autant avoir la ligne tendue. Il faut simplement avoir une bannière suffisamment droite pour qu’elle se tende et apporte l’information quand un poisson prend le leurre en gueule. Et ça ne se fait pas attendre.
Pete et moi aurons beau animer nos shads orange sur des zones prometteuses, aucune touche ne viendra récompenser nos efforts. Il faut admettre que ce jour là la pêche au slug (x-layer et one up slug) était supérieure… nous rejoignons les gars à la côte mais la fête est finie… nous prendrons seulement quelques petits bars avant de rentrer.
Ce petit aperçu de la pêche du denti aux leurres nous a vraiment plu. L’intérêt en terme de réflexion sur les postes comme les techniques de pêche est évident et ce poisson est un combattant particulièrement puissant, c’est sûr on y reviendra.
Dernière partie de pêche avant notre retour en France, nous embarquons avec Basarte dans l’espoir de croiser quelques thons rouges au large. Pour ce poisson aussi c’est le tout début de saison, quelques uns ont été pris ou vus ces derniers jours mais nous sommes loin d’être en pleine saison. Mais Basarte connait bien la musique et les points gps, Alors que nous venons de mettre une canne en traîne en se déplaçant vers la zone de pêche, c’est le premier départ et c’est moi qui m’y colle. Il me faut quelques minutes pour me familiariser à ce matériel que je n’utilise jamais et à la façon de se battre de ce poisson lui aussi inconnu. Je parviens petit à petit à prendre mes marques et à gagner du terrain sur ce poisson qui se décrochera à son arrivée au bateau et que Basarte estime à 20/25 kg, un petit !
Quelques dizaines de minutes plus tard nous apercevons un premier thon qui saute dans le sillage du bateau puis assez vite nous repérons des oiseaux. Un banc de petits thons est en train d’exploser une boule d’anchois. On passe en mode pêche au lancer et on suit les chasses. Nous commençons avec des leurres trop gros et les thons ne s’y intéressent pas. Benoit sera le premier à en toucher un au Bezel puis Kevin réussira à son tour à ferrer son tuna à l’aide d’un press bait 85. Les petits thons disparaissent comme ils étaient apparus mais nous laisseront de superbes images en tête.
Ce petit thon a fait un passage express sur le bateau pour la photo avant de rejoindre son élément. Notons qu’en France la législation est plus contraignante et que dans le cadre des autorisations de pêche en no-kill il est interdit de monter le poisson à bord. Pour ceux qui voudraient s’informer sur la législation complète, voici le dernier doc en date : mise à jour du 5 juillet 2015 de l’arrêté du 11 février
Un grand merci à Fernando, Alex, Juan Jo, Basarte, Pete et Joseba pour leur accueil, leur sympathie et leur bonne humeur.
On prépare une petite vidéo du trip en Espagne, elle sera en ligne dans quelques semaines, pour ne pas la manquer, abonnez-vous dès maintenant à notre chaîne youtube.
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